2009, une année sombre pour les marchés numériques

Victime de la crise, l’économie numérique mondiale accuse une baisse historique. En valeur. Les usages, eux, explosent. Retour sur une décennie numérique à l’occasion du DigiWorld Yearbook de l’Idate.

A l’occasion de la publication de la 10e édition du DigiWorld Yearbook, sous-titrée Les enjeux du monde numérique, l’Idate revient sur les évolutions qui font désormais de notre époque une ère numérique par essence. Une ère dont l’Internet mobile et le très haut débit constituent les principaux piliers.

Depuis dix ans déjà, « la révolution silencieuse » est en marche. De 1999 à 2009, le monde a basculé (bascule toujours!) vers le tout numérique. Le nombre d’abonnés haut débit est passé de quasiment 0 à 480 millions de personnes dans le monde, le nombre de foyers qui ont accès à la TV numérique est passé de 5% à 44% et le nombre de clients mobiles a littéralement explosé. Ils étaient 477 millions en 1999, ils sont 4,5 milliards aujourd’hui. Quant aux réseaux sociaux, Facebook, pour ne citer que le premier d’entre eux, compte 400 millions de membres. Plus que le nombre d’internautes il y a une décennie. L’année dernière, le marché des TIC (technologies de l’information et de la communication) représentait 6,6% du PIB mondial.

Une révolution silencieuse

Cette révolution « silencieuse » – « puisqu’on ne s’en rend même pas compte », justifie Didier Pouillot, responsable du projet DigiWorld Yearbook – s’opère aujourd’hui via une conjonction de services et d’usages. De par l’Internet mobile « avec l’extraordinaire succès des smartphones », de par le cloud computing, de par les réseaux sociaux « qui nous transportent vers le monde de l’instantanéité » et de par le machine to machine (M2M) où les machines automatisent les services de veille et d’alerte.

Toutefois, en dépit du dynamisme indéniable qui découle de cette conjonction, 2009 « est une année sombre » puisque le marché est en baisse. Avec 2 629 milliards d’euros, il est en recul de 1,5% par rapport à 2008. Mais, comme le précise l’Idate, « les marchés du DigiWorld, structurés autour d’Internet et des Télécoms, recollent aux marchés de l’économie mondiale ». La baisse s’explique donc essentiellement par la récession économique.

La France résiste grâce aux télécoms

Certes, le marché baisse en valeur mais le volume des ventes de terminaux mobiles, d’écrans plats, etc., a « approché sinon égalé le niveau très élevé des années précédentes ». Par exemple, cn ce qui concerne l’équipement informatique, les netbooks se vendent bien, mais ils rapportent moins que les ordinateurs portables…

Aussi, d’une région à l’autre du monde, « les chiffres sont très contrastés », indique l’Idate. Les marchés européen (un tiers du marché mondial) et nord-américain sont en baisse, respectivement de -3,3% et de -3,7%, alors que les marchés asiatique/pacifique d’une part et sud-américain, africain et moyen-oriental de l’autre (+1,1% et +3,8% respectivement) sont en hausse. En Europe, la France résiste « notamment grâce aux télécoms », analyse le responsable.

Encourager l’innovation

Le ralentissement du marché matériel ne semble néanmoins pas rejaillir sur le trafic. « Depuis 2008, on aura multiplié par quatre le volume des échanges sur réseaux », indique l’Idate. A titre d’exemple, les flux vidéo progressent à eux seuls de 40 à 60% par an. Face à ces échanges croissants, l’institut d’études s’interroge donc sur la place de l’Europe « au sein de cet espace monde numérique ».

Ses possibilités sont réelles selon l’Idate. « Les meilleurs ingénieurs viennent de France ou d’Israël », mais il faut tabler sur « les pôles de compétitivité », à l’identique de la Silicon Valley et « encourager les start-up […] surtout financièrement » puisque « les innovations se font dans les jeunes entreprises ». La mutation des universités, qui se doivent de constituer le coeur des cluster et politiques d’innovation, est également un vecteur de développement européen pour l’institut.

Enfin, l’Internet du futur doit se construire aujourd’hui autour de projets phares tels que l’e-santé et/ou la gestion intelligente de la distribution énergétique (smart grid). Le futur européen de l’économie numérique passera donc par de grands enjeux nationaux, voire continentaux. Reste à savoir qui financera les développements et l’infrastructure de cet Internet du futur pour la prochaine décennie? Une question que l’Idate entend aborder à l’occasion de son rendez-vous annuel DigiWorld Summit 2010 programmé les 17 et 18 novembre à Montpellier comme précédemment.