Airbus va concevoir 900 microsatellites pour connecter le monde

Airbus Defence et Space a été choisi par l’américain OneWeb pour concevoir une méga flotte de microsatellites pour connecter la planète. Un marché qui suscite la convoitise d’autres acteurs.

La couverture Internet de la planète est devenue un nouvel Eldorado pour les entreprises IT. Google, Facebook, SpaceX ou Virgin se livrent à une bataille avec l’espace comme terrain de jeu. En effet, pour mailler la terre entière et apporter l’Internet aux populations non connectées, ils prévoient de créer une constellation de petits satellites en orbite basse.

Dans ce cadre, les fournisseurs de systèmes spatiaux sont très courtisés. Dernier exemple en date, l’annonce au salon du Bourget d’une méga-commande de OneWeb à Airbus pour la conception et la réalisation de 900 microsatellites pesant chacun moins de 150 kilos pour une mise en orbite en 2018. 700 d’entre eux trouveront leur place dans le ciel et les autres seront utilisés en cas de problème ou de remplacement. OneWeb a été créé à l’automne 2014 par Greg Wyler, ancien fondateur d’O3B (acquise par Google). Il a convaincu Virgin Group et Qualcomm d’investir dans le projet.

Une réduction des coûts et une industrialisation poussée

Sur cet accord, c’est la filiale spatiale d’Airbus qui sera en pointe pour automatiser la fabrication des micro-satellites. Une première vague de 10 satellites sera fabriquée à Toulouse avant de produire à plus grande échelle aux Etats-Unis. « On pousse la technologie à ses limites, mais avec une industrialisation poussée, on va faire de la série en matière de satellites, ça n’était jamais arrivé », a expliqué Marwan Lahoud, directeur de la stratégie chez Airbus.

Il a ajouté à nos confrères de BFM que la volonté était de « diviser par 10 à 30 le coût de fabrication d’un satellite et diviser par 50 le délai de fabrication ». Greg Wyler avait estimé ce coût de fabrication à 400 000 dollars par pièce. Par contre, les deux protagonistes n’ont donné aucun chiffre sur le montant de l’accord, mais les experts tablent sur un arrangement à 1,4 milliard de dollars.

Le défi des lanceurs de satellites

La concurrence est rude sur ce marché. Elon Musk, fondateur de Tesla, avec l’initiative SpaceX qui s’attelle à l’autre poste de coût relatif aux micro-satellites, celui du lancement et de la mise en orbite. Pour éviter d’utiliser des fusées spatiales au prix stratosphérique et qui place les engins spatiaux en orbite géostationnaire (près de 36 000 km), des sociétés comme SpaceX travaillent sur des lanceurs d’engins à moindre coût pour installer les satellites en orbite basse (1200 km). SpaceX envisage une constellation de 4000 satellites, et a obtenu le soutien de Google et du fonds Fidelity, qui ont pris 10% de son capital pour un milliard d’euros en janvier dernier.

Pour OneWeb, c’est l’investisseur Virgin Galactic, la compagnie spatiale de Richard Branson qui prévoit le développement d’un petit lanceur de satellite bon marché. L’accord avec Airbus pourrait concerner à terme Arianespace et ses trois lanceurs opérationnels depuis Kourou : Ariane-5, Soyouz et Véga, capables de lancer des grappes de petits satellites. Les français ont la côte en matière spatiale. Toujours au salon du Bourget, Thales Alenia Space et Leosat ont annoncé une étude pour une constellation de 120 satellites destinées plutôt aux communications sécurisées pour grandes entreprises et Etats.

Reste que ces activités sont très consommatrices d’argent et que le recours aux investisseurs est une nécessité. L’histoire des satellites, notamment pour la couverture télécoms, a été marquée par plusieurs faillites retentissantes.

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