Alcatel-Lucent : de nouvelles pertes entraînent le départ de Russo et Tchuruck

En un an, les pertes ont été triplées et dépassent le milliard d’euros

Cette fois, le tandem de choc Pat Russo et Serge Tchuruk, artisans de la fusion entre Alcatel et Lucent ne tiendra pas. Les deux dirigeants (respectivement directrice générale et président du conseil d’administration) doivent à nouveau faire face à des résultats catastrophiques de l’équipementier. Le bénéfice du doute ne fonctionne plus : ils quittent leurs fonctions d’ici la fin de l’année.

Pat Russo, dont le mandat courait jusqu’en 2010, « continuera à diriger le groupe afin d’assurer la transition avec son successeur et afin d’assurer la continuité des activités du groupe jusqu’à l’arrivée d’un nouveau directeur général », a précisé l’équipementier.

La dirigeante quittera le groupe de façon confortable puisqu’un « parachute doré » de 3 millions d’euros au maximum, a été voté en sa faveur par l’assemblée générale d’Alcatel-Lucent en 2007, déclenchant la colère des petits actionnaires. Serge Tchuruk, partira quant à lui le 1er octobre 2008. L’assemblée générale du 30 mai avait voté une résolution facilitant leur révocation.

Il faut dire que l’équipementier s’enfonce encore dans le rouge. Au deuxième trimestre, le franco-américain affiche une perte de 1,1 milliard d’euros contre une perte de 336 millions il y a un an et 181 millions d’euros au premier trimestre. Il s’agit de la 6e perte consécutive pour l’équipementier ! De son côté le chiffre est d’affaires est en repli de 5,2%, à 4,1 milliards d’euros.

L’important plan de réduction de coûts associé à un massif plan social (16.000 postes supprimés !) mis en place en 2007 par Pat Russo pour redresser la barre n’a donc pas fonctionné.

La fusion entre les deux géants, annoncée fin 2006 ressemble de plus en plus à un échec : les mauvais résultats et les profit warnings se sont accumulés, le cours de l’action s’est écroulé : elle a chuté de 22,6 % depuis le début de l’année, après un recul de 54,6 % en 2007.

Difficultés du marché ? Peut-être. Mais pour beaucoup d’observateurs, ce sont surtout les conditions de la fusion des deux géants qui seraient en cause.

Cette dernière s’est avérée beaucoup plus lourde et plus lente que prévue. Surtout, les différences culturelles entre le français et l’américain ont été telles que le mariage a très vite tourné à l’aigre. De quoi décourager un peu plus les petits actionnaires à qui on avait promis des merveilles suite au rapprochement de ces deux géants.

Jusqu’à présent, Patricia Russo n’avait jamais voulu remettre en cause le rapprochement, ni son management… Aujourd’hui, la directrice générale ainsi que le président du conseil assument l’échec de leur stratégie.

« Le temps est venu pour cette entreprise d’acquérir une identité qui lui soit propre, indépendante de celle des deux sociétés d’origine. Le conseil doit également évoluer et son président doit donner l’exemple, ce que j’ai décidé de faire« , a déclaré Serge Tchuruk.« Une nouvelle direction générale et un conseil d’administration recomposé offriront une perspective neuve et indépendante, qui permettra au Groupe d’accélérer sa croissance et son développement dans un marché en rapide changement »commente pour sa part Pat Russo.

Ces deux démissions ont en tout cas convaincu les marchés : l’action prend environ 3% ce mardi.