Antennes-relais : pas de nocivité pour l'Académie de Médecine

Le gouvernement veut éviter que la justice casse la croissance du mobile en France et va organiser un Grenelle des ondes

Attention danger. Le gouvernement commence à voir d’un très mauvais oeil la multiplication des procédures contre les opérateurs mobiles. En effet, après Bouygues Telecom, c’est SFR qui a été condamné à retirer une de ses antennes-relais suite à une plainte d’habitants se plaignant de maux divers.

Même si la justice estime qu’en l’état rien ne prouve la nocivité de ces antennes, elle préfère se ranger derrière le principe de précaution pour suivre les plaignants. Sauf que ces décisions pourraient se généraliser et donc pénaliser l’essor des réseaux mobiles en France, notamment pour le haut débit mobile ou la TMP (télévision hertzienne mobile).

Déjà, Martin Bouygues, patron de l’opérateur du même nom a fait part de ses inquiétudes : « comment attribuer une licence et déployer un réseau, alors même qu’on voit fleurir dans toute la France des procès sur le problème des antennes-relais »,a-t-il déclaré en marge de la présentation des résultats de Bouygues Telecom.

Levier de croissance stratégique dans une économie sinistrée, l’essor du mobile ne doit pas être entravé. C’est en tout cas l’avis du gouvernement qui s’est emparé de ce dossier.Nathalie Kosciusko-Morizet, la secrétaire d’Etat au développement de l’économie numérique a ainsi affirmé mercredi sur Europe 1 que la question des antennes-relais ne devait pas se régler devant les tribunaux.

Pour essayer d’y voir plus clair, le Premier ministre François Fillon a chargé Roselyne Bachelot de l’organisation d’un « Grenelle des antennes » réunissant scientifiques, associations, représentants de la société civile et collectivités territoriales. Ils devraient se réunir le 26 mars.

Pour François Fillon, « l’approche de précaution paraît justifiée sur la question de l’impact sur la santé de l’utilisation des téléphones mobiles ». Mais concernant les antennes, les « l’hypothèse d’un risque sur la santé ne peut être retenue en l’état actuel des connaissances scientifiques ».

Le gouvernement, et les opérateurs, pourront d’ailleurs compter sur une étude de l’Académie nationale de Médecine tombant à point nommé, qui estime que les antennes entraînent une exposition aux champs magnétiques « 100 à 100.000 fois plus faible que le téléphone portable ». Et de poursuivre :« être exposé pendant 24 heures à une antenne à 1 volt par mètre donne la même exposition de la tête que de téléphoner avec un portable pendant 30 secondes ».

Les scientifiques, qui estiment donc que la justice fait fausse route, soulignent qu’ « on ne connaît aucun mécanisme par lequel les champs électromagnétiques dans cette gamme d’énergie et de fréquence pourraient avoir un effet négatif sur la santé ». Par ailleurs, « aucun système sensoriel humain permettant de percevoir ce type de champ n’a été identifié ». Le massage semble clair mais sera-t-il suffisant pour infléchir les prochaines décisions de justice qui vont fatalement se multiplier ?