Apple recrute le développeur de Signal pour renforcer l’iPhone

Apple recrute Frederic Jacob, le développeur de la messagerie chiffrée Signal. Pour développer une technologie qui rendrait inviolable l’iPhone ?

La possibilité qu’Apple travaille à renforcer la sécurité de ses iPhone qui les rendrait ainsi impossible à déverrouiller, y compris par les propres employés de la firme (lire nos télégrammes sur le sujet) semble se confirmer. Le tout récent recrutement de Frederic Jacobs tendrait à aller dans ce sens, rapporte Business Insider. L’intéressé a confirmé par tweet avoir accepté l’offre d’Apple pour travailler avec l’équipe de sécurité de CoreOS à partir de l’été prochain.

Frederic Jacobs se distingue pour avoir développé Signal, le logiciel de messagerie instantanée qui permet de chiffrer les communications et qu’utilise Edward Snowden, le lanceur d’alerte qui a mis au grand jour les méthodes de surveillance massive de la NSA (National Security Agency). De manière générale, Signal est considéré par le monde de la sécurité comme la meilleure application de messagerie avec chiffrement du marché. Une application Open Source. Un esprit d’ouverture que ne partage pas Apple qui privilégie le modèle propriétaire. Mais, dans un entretien accordé l’an dernier à Technologist, Frederic Jacobs déclarait qu’en développant la version iOS de Signal, il voulait « apporter ces techniques de chiffrement fort aux utilisateurs d’iPhone ».

Frederic Jacob, la réponse au FBI

Reste à savoir sur quoi va précisément travailler le développeur. Au-delà des outils de communication de la firme, il est probable que Frederic Jacobs travaille à renforcer la sécurité générale des applications pour Apple. « La couche Core OS contient les fonctionnalités de bas niveau sur lesquelles sont construites la plupart des autres technologies, indique Apple aux développeurs. Même si vous n’utilisez pas ces technologies directement dans vos applications, elles sont susceptibles d’être la plupart du temps utilisées par d’autres frameworks. Et dans les situations où vous avez explicitement besoin de sécurité ou de communiquer avec un périphérique matériel, vous le faites en utilisant les frameworks de cette couche. »

L’embauche de l’expert informatique était peut-être programmée de longue date. Antérieure même avant la demande du FBI qui réclame à Apple la possibilité d’attaquer le dévérouillage d’un iPhone récupéré par un des tireurs de la tuerie de San Bernardino (qui ont fait 14 victimes le 2 décembre 2015 à Los Angeles) sans être limité à 10 essais selon le système actuellement en place. Autrement dit, faire sauter une sécurité du smartphone, ce que refuse Apple. Et l’annonce officielle du recrutement, certes par l’intéressé lui-même, est peut-être une réponse indirecte aux exigences du bureau fédéral.

Une réponse argumentée de 65 pages

Quoi qu’il en soit, Apple a également fourni une réponse officielle et argumentée. Les avocats de la firme de Cupertino ont déposé un mémoire de 65 pages sur le bureau d’un juge californien qui explique, constitution à l’appui, que son refus est motivé par la défense de la vie privée et de la libre expression placées au-dessus de toutes les lois aux Etats-Unis. Répondre aux demandes du FBI serait créer « un département de piratage au service des exigeances du gouvernement ». Et, surtout, la demande d’installer une faille de sécurité dans un appareil électronique serait dangereuse car elle pourrait ensuite être exploitée par les criminels eux-mêmes. Des arguments également défendus par Google, Facebook, Twitter et Microsoft (mais pas Bill Gates).

En s’opposant au FBI, Apple se prépare donc visiblement à une longue procédure judiciaire. Qui pourrait déboucher sur une jurisprudence. D’où l’idée, pour garder la confiance de ses clients (et maintenir les ventes), de développer une technologie de sécurité inviolable. Même si, en matière d’informatique (comme dans beaucoup d’autres domaines), rien n’est inviolable… à condition d’y mettre les moyens.


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