ARM s’attaque au marché des ‘Mobile Computing Devices’… et des ‘netbooks’

Intel a réduit la consommation de ses puces pour investir le marché des MID et ‘netbooks’. Pas de problème pour ARM, qui monte en gamme et se prépare à un affrontement sans merci

Nous avons fait le point avec Éric Lalardie, directeur du business development chez ARM, sur le marché des Mobile Computing Devices (MCD). La compagnie, spécialisée dans les processeurs RISC 32 bits de faible consommation, voit d’un très bon œil l’émergence de ce type de produits. De fait, ils se placent entre les ultraportables classiques – un marché où Intel est très présent – et les smartphones, où ARM règne sans partage.

Rappelons que le marché des smartphones est – en volume – supérieur à celui des MID (Mobile Internet Devices), netbooks et PC portables réunis. ARM vend des licences aux industriels qui conçoivent et produisent eux-mêmes des processeurs de tous types. En 1990 (cette affirmation restera vraie jusqu’en 1995), personne n’aurait parié sur cette société britannique. Aujourd’hui, plus d’un milliard de puces comprenant un cœur ARM sont diffusées chaque trimestre.

Une croissance rapide pour les MCD

Le secteur des MID devrait atteindre les 19 millions d’unités en 2010 (selon ABI Research), alors que celui des ultraportables à bas coût (les fameux netbooks) sera de 21 millions d’unités. Un autre marché devrait toutefois émerger ; celui des PC portables hybrides, pourvus d’un processeur basse-consommation en plus de la traditionnelle puce x86.

Le composant basse-consommation permettra de démarrer sur un système d’exploitation allégé, spécifiquement conçu pour l’accès au web. Dans ce mode, une autonomie de plus de quinze heures sera un atout pour le constructeur. Ceci explique peut-être pourquoi des rumeurs récentes suggèrent que Dell fournirait prochainement un PC portable hybride pourvu d’une puce x86 et… d’un processeur ARM ! Selon Gartner, le marché des ‘hybrides’ atteindra les 196 millions d’unités en 2010.

ARM est déjà bien présent sur le marché des MID et PMP (Personal Media Player). Sa technologie équipe ainsi les Tablet PC Nokia et les derniers lecteurs multimédias portables d’Archos. La compagnie souhaiterait toutefois que son architecture soit adoptée plus largement sur les netbooks. Selon Éric Lalardie, le premier bénéfice serait une autonomie qui pourrait allègrement dépasser les 15 heures.

Plus de puissance ?

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Nous connaissons la réponse d’Intel sur le marché des MCD : c’est le processeur Atom. La firme a su réduire la consommation de ses puces pour proposer un produit convaincant. Pour envahir ce marché, ARM doit effectuer le chemin inverse, c’est-à-dire monter en puissance.

Pour ce faire, la compagnie a lancé diverses initiatives qui permettront de proposer rapidement des ARM gravés en 45 nm et en 32 nm. Ces processeurs auront ainsi comblé le fossé technologique qui les séparait des x86 d’Intel. La firme anglaise gardera toutefois l’avantage en terme de coût de fabrication. En se focalisant sur une taille de cœur réduite, elle favorise la consommation de ses puces, mais en limite aussi le coût de production.

Aujourd’hui, nous pouvons trouver des puces de type ARM11, cadencées au minimum à 500 MHz. Le cœur Cortex-A8 se veut plus performant et commence à être utilisé dans de nombreux nouveaux composants. Enfin, le Cortex-A9 sera disponible dès 2009, à une fréquence maximale d’environ 1,5 GHz (1 GHz en 65 nm). Il permettra d’intégrer jusqu’à quatre processeurs par puce. Il disposera toujours de l’unité multimédia Neon ainsi que de l’accélérateur DBX pour les machines virtuelles (Java, .NET, etc.).

Si nous comparons un cœur Cortex-A8 et un cœur Atom (tous deux gravés en 45 nm et cadencés à 800 MHz), le résultat est sans appel : l’Atom consomme 150 mw en moyenne et 80 mw en veille. Pour le Cortex-A8, la consommation moyenne s’établit à moins de 10 mw et tombe à… 0 mw en veille (grâce à une procédure intégrée de type « suspend to RAM »). Si Intel est le champion de la performance, ARM demeure celui du rapport performance/watt et compte bien profiter largement de son avance dans ce domaine.

L’aspect logiciel

Le problème lorsque nous parlons de netbooks, c’est que ce marché est associé aux systèmes d’exploitation Linux et Windows XP. Or, aucune version de Windows XP n’est adaptée à l’ARM. Par contre, Windows CE est disponible et particulièrement bien optimisé pour cette architecture.

Pour Linux, le problème est plus épineux. De multiples distributions embarquées existent pour l’ARM, mais aucune offre desktop n’est réellement optimisée pour cette architecture. La compagnie s’est donc associée avec Canonical dans le but d’adapter l’Ubuntu à sa technologie.

Pour Éric Lalardie, « auparavant la compagnie proposait un support pour Linux. Aujourd’hui, elle a la volonté de fournir un très bon support pour Linux ». Traduction ; la firme met le pied au plancher pour tout ce qui a trait à Linux. Notre interlocuteur nous confirme que la version ARM de l’Ubuntu sera disponible en avril 2009. Il nous signale enfin l’adresse d’un site web qui sera très utile aux développeurs Linux souhaitant travailler sur cette architecture : .