ARM vise maintenant… les supercalculateurs

Leader des processeurs pour terminaux mobiles, ARM fait son entrée sur un marché du HPC en pleine effervescence. Et devrait animer un premier supercalculateur Fujitsu au Japon.

Un nouveau design de processeurs ARM sera annoncé ce lundi, et il ciblera le juteux marché des supercalculateurs. Après avoir bâti son succès sur le marché des mobiles, et tenté depuis plusieurs années de se faire une place sur celui des serveurs, la société britannique cible maintenant un marché sur lequel elle n’est pour l’heure pas présente.

Cette offensive fait suite à l’annonce du rachat d’ARM par la société japonaise Softbank, pour environ 32 milliards de dollars. Le rapprochement vise notamment à développer la présence des puces du Britannique sur les segments des serveurs et de l’IoT.

Fujitsu va-t-il lâcher Sparc ?

Dévoilée lors de la conférence Hot Chips, qui s’ouvre aujourd’hui en Californie, le nouveau design prendra place dans un premier supercalculateur bâti par Fujitsu, au Japon et attendu pour 2020. Baptisée Post-K, cette machine doit être entre 50 et 100 fois plus rapide que son prédécesseur, le K (en photo ci-dessus). Ce dernier est actuellement le 5ème ordinateur le plus puissant au monde (avec 10,5 petaflops de puissance maximale, sur la base d’une architecture Sparc64 VIIIfx). En juin, Fujitsu avait déjà annoncé qu’il abandonnait l’architecture Sparc pour le futur de son supercalculateur le plus emblématique, pour se tourner vers les technologies ARM. Un virage qui pose la question de l’avenir des gammes de serveurs Sparc chez le constructeur japonais, qui reste le principal soutien d’Oracle sur cette architecture.

Le nouveau processeur ARM sera basé sur l’architecture ARM-v8A à 64 bits, héritée du monde mobile et enrichie d’extensions vectorielles (Scalable Vector Extension). Une technologie qui a animé les premiers supercalculateurs, notamment les Cray, avant de disparaître aux débuts des années 90 au profit des puces Risc d’IBM et du x86 d’Intel. La dernière architecture d’Intel pour le calcul hautes performances (HPC) a toutefois remis en lumière le calcul vectoriel : les coprocesseurs des Xeon Phi intègrent en effet une unité de calcul vectoriel, présentée comme très efficace en termes de consommation énergétique.

La course à l’exascale

L’arrivée d’ARM sur le marché du HPC intervient alors que les principaux états de la planète sont engagés dans la course à l’exascale, la prochaine étape majeure qui permettra à une machine de prendre en charge un exaflops (soit 1 000 pétaflops ou 10 puissance 18 opérations en virgule flottante par seconde). Récemment, la Chine, qui a dévoilé le nouveau supercalculateur le plus rapide au monde, le Sunway TaihuLight, prévoit d’atteindre l’exaflops en 2020. Et la superpuissance ne dépend plus des technologies américaines pour y parvenir : son dernier né, qui affiche une puissance maximale de 93 pétaflops (contre 17,6 pour le plus puissant des ordinateurs US), est bâti sur la base de processeurs fabriqués localement, les ShenWei, et de technologies d’interconnexion locales. Vexés, les Etats-Unis se sont lancés dans un vaste plan d’investissement (3 Md$ au total) pour tenter de combler leur retard. Mais ne prévoient d’atteindre une performance exaflopique stable sur une application 64 bits qu’en 2023. Avec son Post-K, Fujitsu et le Japon ne devraient pas être très loin des deux superpuissances.

A lire aussi :

Supercalculateur : la Chine dépasse les 100 pétaflops avec ses propres processeurs

Supercalculateur exaflopique : la Chine 3 ans avant les Etats-Unis ?

Supercalculateurs : les Etats-Unis s’inquiètent de la concurrence de la Chine