AS Infor : le spécialiste européen du retail qui monte

Sur le créneau des commerces spécialisés, en pleine concentration, l’éditeur
de solutions pour points de vente et réseau consolide ses positions avec des
clients comme Yves Rocher, Habitat, France Loisirs, Sephora, Sport 2000?

Société européenne cofondée par un français et un italien, AS Infor est financièrement indépendante. Elle emploie 65 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 6,6 millions d’euros en 2006, pour un bénéfice de 1,2 million d’euros. Depuis deux ans, une filiale est ouverte en Espagne avec un modèle de vente indirecte.

Un autre français qui vient concurrencer les éditeurs d’ERP?…

Pas du tout, et ce n’est pas notre ambition. Notre logiciel destiné aux magasins, gère l’encaissement, la fidélisation, la vente de produits et services (retouches, etc.), le stock local, les commandes, l’inventaire? Bien entendu, winShop.net prend aussi en charge le suivi des transactions financières (et le lien avec les banques), et propose des outils de pilotage avec des statistiques par vendeur, rayons, produits, etc. Toutefois, nous ne gérons ni la paie, ni la comptabilité. Notre philosophie consiste à nous spécialiser sur ce que nous connaissons bien. Les éditeurs d’ERP ou de CRM ne sont donc pas de concurrents, mais plutôt des partenaires. Avec winShop.net, nous adressons le commerce spécialisé (hors alimentation généraliste et restauration).

WinShop.net permet de gérer aussi efficacement la petite chaîne de trois magasins que les réseaux de 1 000 points de vente en France ou à l’international. D’ailleurs, 40 % de nos 6 000 magasins équipés appartiennent à 140 enseignes dans 26 pays. Cela signifie non seulement que la solution est traduite en 10 langues, mais aussi que nous travaillons avec des experts juridiques et fiscaux dans tous ces pays. En effet, si le fisc français se montre vigilant avec les commerçants, l’Italie ou la Pologne -par exemple- le sont plus encore, et les règles diffèrent souvent. Et cette spécialisation intéresse-t-elle vraiment un SAP ou un Oracle ?

Mais vos clients disposant d’un ERP ne disposent-ils pas déjà d’une solution liée à cet ERP ?

Nous pouvons tout fournir à un groupe de trois ou quatre magasins. En revanche, chez Sephora ou Yves Rocher, nous nous intégrons à l’existant ou à l’ERP en place, en n’assurant que la couche retail. Nous travaillons avec de nombreuses entreprises équipées d’un ERP SAP, Oracle, ou même Microsoft Dynamics, et pour lesquelles nous prenons en charge la gestion des magasins ou le CRM, en nous intégrant à leur informatique existante.

Pourtant, ces éditeurs proposent des solutions ? Et que pensez-vous de Cegid ?

On rencontre deux types d’acteurs sur ce marché. Aux États-Unis, les Oracle, Microsoft et autres SAP rachètent des spécialistes du retail, mais ciblent des entreprises générant des centaines de millions de dollars. En Europe, ces sociétés affichent entre 5 et 50 millions d’euros !

Un acteur comme Cegid est plutôt positionné sur les PME (20% de nos clients), et plus particulièrement sur la mode. Nous sommes donc très rarement en compétition avec eux.

Le marché du retail est vaste et très diversifié, avec de multiples enseignes et des besoins complexes. En pleine concentration, ce segment affiche de plus en plus de grandes enseignes. Ainsi, nous avons équipé les 100 magasins Sephora il y a six ans, et aujourd’hui, ce chiffre est passé à 450.

Entre les localisations et les verticalisations disposez-vous encore de moyens pour innover ?

Étant indépendants, nous ne subissons pas la forte pression des actionnaires. Toutefois, nous essayons de maintenir 20 % de croissance annuelle. Cette souplesse nous permet de consacrer 27 % de notre CA recherche et développement, t de travaille sur du plus long terme. Nous maintenons ainsi une innovation dynamique, en signant avec Ilog pour intégrer des agents dans nos règles de marketing ou de promotions, ou en proposant le support des cartes de fidélité réinscriptibles, entre autres.

Vous faites partie du programme de soutien des startups innova ntes de Microsoft. Pourquoi avez-vous postulé ?

Nous n’avons pas postulé pour rejoindre ce programme. Microsoft nous a sollicités parce que nous travaillons avec succès sur sa plate-forme .net. Cela nous permet d’obtenir une bonne visibilité, des retombées dans la presse, et des rencontres très enrichissantes. Membre de l’Afdel (L’association française des éditeurs de logiciels), le partage de réflexion sur l’innovation me semble très profitable pour tous. Autre aspect important, l’amélioration des relations entre grands comptes et PME dans la philosophie du Small Business Act américain est intéressante. Toutefois, je pense qu’il n’est pas nécessaire de légiférer. Même si nous n’avons pas postulé, nous sommes très heureux d’avoir été choisis, et avons accepté cette proposition sans hésiter.