Avenir radieux pour la télévision sur Internet

De nouveaux services interactifs amplifieront le phénomène. Cisco l’a bien compris

La télévision sur Internet ou IPTV est un succès en Europe et notamment en France. Proposée au sein des offres triple-play des FAI et des opérateurs, ce service, qui permet de recevoir la TV via le flux Internet, s’est très vite imposé dans les foyers, au point que son audience est aujourd’hui mesurée (cf. nos articles).

Mais ce n’est qu’un début. Tant en termes de trafic que de contenus. Ainsi, selon une étude de Screen Digest, près de 8,7 millions d’Européens regarderont la télévision via internet d’ici 2009, soit 9,4% du marché, contre 658.000 personnes aujourd’hui. L’IPTV devrait voir sa base de téléspectateurs multipliée par treize, emmenée dans un premier temps par les opérateurs télécoms cherchant à séduire leur large clientèle, estime Daniel Schmitt, auteur de l’étude. « Le développement sera plus rapide en Europe et en Asie qu’aux Etats-Unis », estime Schmitt, qui souligne que les opérateurs télécoms américains commencent à peine à proposer ce type de services. Screen Digest prévoit que les pays qui connaîtront le plus fort engouement seront la France, l’Italie et l’Espagne, avec respectivement 20, 17 et 16% de parts de marché de l’IPTV dans le secteur de la télévision payante, d’ici quatre ans. D’ailleurs, notre pays se place aujourd’hui en tête du classement avec 280.000 clients IPTV. La transformation des contenus (et la manière de les regarder) va également amplifier le phénomène. Les PVR (enregistreurs numériques à disque dur) qui permettent de personnaliser sa télévision en maîtrisant la diffusion de programmes en direct, sont en plein essor. Les fournisseurs d’accès à Internet, notamment les français, commencent à proposer ce type d’appareils, notamment France Télécom et bientôt Club-Internet (voir notre article). Les équipementiers préparent également de nouvelles plates-formes de services qui permettront de plus interagir avec les programmes diffusés. Ainsi, Alcatel va proposer aux opérateurs et FAI ‘My Own TV’ qui permet d’échanger des contenus entre téléspectateurs. Bref de créer sa propre chaîne. Explications. Il sera possible d’uploader des fichiers (photos, films…) depuis son PC ou sa TV vers le portail de son opérateur. Le destinataire reçoit ensuite une alerte sur son téléviseur et peut y visionner les fichiers. On peut ainsi imaginer des programmes locaux ou régionaux, professionnels… Autre plate-forme avec ‘Amigo TV’ qui permet à ses utilisateurs de chatter à la manière de MSN pendant la diffusion de programmes. Ou encore recevoir des appels en visiophonie sur leur téléviseur pendant un programme qui sera automatiquement mis en pause… Ces nouveaux services vont certes modifier nos habitudes. Mais surtout, ils devraient permettre de générer de nouveaux revenus pour les opérateurs (en quête de nouveaux leviers de croissance), car évidemment ces services: chat en direct, visiophonie, échange de contenus en direct, votes, VOD, seront facturés. La future IPTV, qui selon certains enterrera à terme la bonne vieille TV analogique, va donc représenter une manne. On comprend alors pourquoi le géant américain Cisco vient de débourser 7 milliards de dollars pour s’emparer d’un des leaders des boîtiers quadruple-play (internet, téléphonie IP, vidéo et services sans-fil) Scientific-Atlanta. Cisco, spécialiste des routeurs a donc bien senti le marché et place ainsi ses pions de bout en bout du marché, des équipements pour opérateurs, aux boîtiers placés dans les foyers. « La télévision sur IP prend de l’essor partout dans le monde, et nous avons réalisé qu’en combinant nos offres avec celles de Scientific-Atlanta, nous pourrions proposer une solution complète aux fournisseurs de services qui construisent ces nouveaux réseaux », explique Ned Hooper, directeur du développement chez Cisco Bref, la convergence entre télévision, réseaux IP et contenus interactifs va bouleverser nos habitudes de consommation de TV, un média qui n’a pas vraiment évolué depuis quelques décennies.