Avis d’expert : de la gestion de la mobilité dans le nuage

Stefano Secci, membre du consortium nu@ge, aborde la question de la mobilité dans le cloud : mobilité des utilisateurs, mais aussi des services… et même des serveurs.

Dans ce contexte, quels seront donc les « patches » destinées à disparaître, et les nouveaux protocoles ? Mobile IP, en v4 ou v6, avec ses mécanismes de routage et encapsulation triangulaires ou ses problèmes de compatibilité n’aura plus beaucoup de sens, car les utilisateurs ainsi que les machines mobiles n’ont pas forcément une maison de référence. Des protocoles comme LISP (Locator Identifier Separation Protocol) offrent un plan de contrôle distribué pour gérer dynamiquement la localisation par encapsulation IP-en-IP de bout en bout ou intra-opérateur hiérarchique. Certaines extensions d’Ethernet, adoptées pour répondre aux besoins des datacenters ainsi que des réseaux de backhauling mobile, telles que l’IEEE 802.1ad/ah/aq, bien trop complexes et coûteuses (en débit net et CAPEX) pourraient laisser l’espace à des nouveaux protocoles passant mieux à l’échelle comme TRILL (Transparent Interconnection of a Lot of Links).

Les plans de contrôle LISP et TRILL, les deux sous standardisation à l’IETF, s’adaptent facilement à des contextes où les localisations de niveau 2 et de niveau 3 changent très fréquemment. LISP et TRILL pourraient s’avérer ainsi graduellement indispensables pour faciliter l’émergence de services clouds avancés à une échelle moins régionale qu’aujourd’hui, permettant une gestion de la mobilité 4G et de la migration dynamique de serveurs avec une fluidité impossible à atteindre en utilisant les technologies historiques, et une forte amélioration de la qualité de l’expérience des utilisateurs des « nuages ». Il est intéressant de noter que LISP et TRILL captent actuellement davantage l’intérêt de petits opérateurs d’accès aux clouds très repartis, sur beaucoup de sites, que celui des opérateurs classiques qui suivent au contraire une approche de cloud monolithique, avec peu de sites de datacenters.

Ce qui reste à définir est le couplage entre ces deux protocoles dans le cadre d’une architecture d’hyperviseur distribué à forte diversité qui soit suffisamment plus efficace que les solutions à faible diversité. Qui dit efficacité, dit continuité de service, fiabilité et disponibilité IP. Pour augmenter fiabilité et disponibilité du cloud, on vise des solutions capables de gérer une forte diversité géographique et une forte mobilité des machines virtuelles, tout en garantissant une continuité sans interruption dans un monde TCP-UDP/IP. Dans le cadre du consortium nuage, nous visons à atteindre des niveaux de disponibilité et fiabilité personnalisables aux besoins des clients, de type « carrier grade » (99,999 %) et au-delà, qui peuvent être garantis à travers un hyperviseur fortement reparti sur un grand nombre de sites, soutenu par un plan de contrôle de nouvelle génération.