Avis d’expert – Votre entreprise est-elle prête pour le Cloud ?

Le Cloud impose aux entreprises d’accepter un certain nombre de changements sur le plan de l’organisation. Pour autant, nommer un responsable du Cloud n’est pas forcément une bonne idée, explique Arnaud Tayac, responsable des solutions d’hébergement d’Easynet France.

Le Cloud a donné naissance à une nouvelle génération d’acheteurs de technologies qui dans les meilleurs des cas consultent les équipes informatiques et les services achat avant de souscrire à un service, mais dans la plupart des cas, les occultent complètement.

Les directions des ventes  par exemple, pourraient passer une partie de leurs OPEX sur des systèmes de gestion des ventes en Cloud car elles sont conscientes que ce type de solutions permet aux équipes d’être plus performantes tout en garantissant la rentabilité des infrastructures. Généralement, les directions des ventes identifient les besoins métier avec les équipes commerciales et prennent en compte les pratiques du marché pour opter à l’application Cloud hébergée la plus adaptée.

Au lieu de consulter le service achat et la DSI, et de respecter ainsi un processus d’achat très long passant souvent par la sélection de fournisseurs, les directions commerciales achètent leurs propres systèmes. Si cela ne fonctionne pas, elles estiment que cela n’est pas très grave, pensant qu’elles peuvent à tout moment interrompre un système basé en Cloud.

Plus de dépenses IT au marketing qu’à la DSI

De même les directions marketing savent mieux que quiconque quels systèmes CRM correspondent à leurs besoins. Lorsqu’elles ont besoin au plus vite d’un système adéquat, et connaissant la durée du processus d’achat traditionnel, elles prennent alors elles-mêmes l’initiative d’acheter des applications en Cloud offrant l’accès en très peu de temps (quelques semaines, voire quelques jours) à un système de gestion complet.

Les recherches d’analystes pointent ce phénomène. Selon Gartner, d’ici quatre ans les dépenses en informatique des directions marketing sont susceptibles de dépasser celles de la DSI. Cela fait sens quand on pense à l’émergence du Big Data et aux outils d’analyse nécessaires pour que les équipes marketing puissent dégager des tendances pour adapter leurs stratégies actuelles ou futures.

De plus en plus souvent, l’achat IT est décentralisé que cela plaise ou non aux directions informatiques. Trop souvent, la responsabilité de garantir la traçabilité des applications en Cloud repose sur les épaules du gestionnaire de l’infrastructure. Ce n’est pas seulement une question de contrôle de la sécurité car des achats totalement épars d’applications Cloud peuvent aussi avoir de sérieuses répercussions sur la performance du réseau, c’est notamment ce que de récentes recherches ont démontré.

Responsable du Cloud ? La fausse bonne idée

Alors, quelle est la solution ? Les entreprises devraient-elles créer un rôle central de responsable du Cloud ? Cette fonction pourrait être assurée par une personne capable d’identifier et de regrouper les besoins en Cloud de chaque département ; une personne qui allie des compétences et des connaissances en matière de compréhension technologique,  de transmission des savoir-faire, de négociation financière, tout en ayant l’expérience et le leadership dans les grands projets de transformation de l’entreprise. Le responsable du Cloud doit travailler en étroite collaboration avec le responsable de l’infrastructure pour avoir une vue éclairée des exigences de l’entreprise en terme de Cloud Computing, mais surtout, pour s’assurer que l’infrastructure est capable de répondre de façon optimale aux besoins ainsi définis.

Aux États-Unis, quelques entreprises du secteur de la communication et des media ont d’ores et déjà désigné des responsables du Cloud (Chief Cloud Officers) au sein de leurs conseils d’administration. Cela est un peu inquiétant, car il n’est pas certain que siéger au conseil d’administration soit réellement nécessaire. Avec cette réorganisation, ma véritable hantise est que le rôle des autres directions soit dilué dans une seule fonction dont le principal objectif serait de protéger l’entreprise contre les risques. Il s’agit d’une menace car les entreprises resteront vulnérables, tout le temps durant lequel le responsable du Cloud ne se posera pas les bonnes questions pour la stratégie de l’entreprise. C’est également la crainte de voir cette nouvelle fonction remplacer le rôle de l’ancien directeur de la technologie qui devait anticiper les évolutions d’infrastructures pour garantir la transformation de l’entreprise.

Il ne fait aucun doute que le Cloud est en train de changer les rôles au sein même des organisations. Y compris dans l’écosystème informatique ? Les revendeurs et intégrateurs vont devoir changer leurs approches commerciales et adapter leurs discours au-delà des silos informatiques archaïques. Ils devraient désormais se positionner comme coordinateurs entre l’informatique et les autres fonctions, en faisant passer des messages appropriés directement à chaque direction. Pour les différentes fonctions de l’Entreprise, il s’agit véritablement d’acquérir les connaissances et l’expérience suffisantes pour transformer les contraintes technologiques en atouts business stratégiques et compétitifs.

Par Arnaud Tayac, responsable des solutions d’hébergement d’Easynet France