B. Ebbers (WorldCom): jugé pour la plus grande faillite américaine

L’ex-P-dg de l’opérateur américain aujourd’hui rebaptisé MCI comparaît pour ‘complot, fraude boursière et fausses déclarations’. Il risque 25 ans de prison

Le Tribunal de New York juge depuis ce mercredi la plus grande affaire de fraude comptable connue aux Etats-Unis. Dans le box des accusés: Bernard Ebbers, 63 ans, ex-p-dg de l’opérateur WorldCom et accusé d’être à l’origine de cette fraude colossale.

L’homme est accusé de « complot, fraude boursière et fausses déclarations à la SEC », le gendarme de la bourse américaine. Il risque jusqu’à 25 ans de prison. Rappel des faits: Bernard Ebbers aurait, entre 2000 et 2002 gonflé la valeur de l’action et les résultats de l’entreprise pour rassurer les investisseurs et les marchés. Or la société traversait les pires difficultés. Très vite, les malversations ont été découvertes: 11 milliards de dollars!, soit la fraude la plus importante de l’histoire du pays. L’opérateur longues distances doit alors se placer sous la protection de la loi sur les faillites en juillet 2002 avant de sortir la tête de l’eau après un énorme ménage interne. Pour survivre, le groupe a mis en place un féroce et très long plan de restructuration qui s’est traduit par l’annulation de 74,4 milliards de dollars de bénéfices avant impôts sur la période 2000 et 2001, notamment à cause d’un total de 59,8 milliards de provisions pour dépréciation de son fonds de commerce. Par ailleurs, 22.000 emplois dans monde ont été supprimés et 90% de la dette (35 milliards de dollars) ont été remboursés. Enfin, l’opérateur s’est rebaptisé MCI afin de tourner définitivement la page. En avril 2004, MCI sortait du régime des faillites. Mis en accusation en mars 2004, l’ancien patron aux allures de cow-boy texan a décidé de plaider non coupable. Ce qui a bien fait rire tout le monde. Car l’un de ses anciens adjoints, un « confident », l’ex-directeur financier de l’opérateur télécoms, Scott Sullivan, a choisi, lui de plaider coupable; il est accusé, lui aussi, de fraude, de faux en écriture, de détournements de fonds. Et il a accepté de collaborer avec la justice contre son ancien patron. Si la culpabilité d’Ebbers ne fait quasiment aucun doute, l’homme n’a donc pas agit seul. Il y a l’ex directeur financier et selon deux enquêtes extérieures, menées sur injonction de la SEC, il est établi que tout un cercle de ‘top managers’ -une douzaine, au moins, ont été complices de l’ancien président. Tous ont effectivement conspiré, à la fin des années 90, pour présenter de faux résultats et en tirer un enrichissement personnel. MCI dans le rouge

En un an, au 30 septembre 2004, les pertes trimestrielles du groupe sont passées de 55 millions à 3,4 milliards de dollars, soit 10,65 dollar par action.

Les revenus du groupe télécoms ont chuté de 15% à 5,1 milliards de dollars. MCI affirme cependant recueillir le fruit de ses drastiques réductions de coûts, et stabiliser ses revenus sur son marché, mais au vu de ses résultats, le groupe aura du mal à convaincre les investisseurs.