René Bergniard : « Qlikview ne se limite pas à la dataviz »

Rebaptisé Qlik, l’éditeur suédois de QlikView peut-il survivre à la montée en puissance des grands noms de la BI qui, tous, proposent des solutions combinant In-Memory et visualisation des données ? Entretien avec René Bergniard, directeur général, de Qlik France, pour qui résumer QlikView à un outil de dataviz est par trop limitatif.

Comment positionnez-vous QlikView face aux solutions de BI qui intégrant désormais la visualisation des données (data visualization) ?

René Bergniard : Depuis quelques mois, le message autour de la ‘data visualization’ a été compris par les entreprises, pour qui elle incarne un moyen de répondre aux besoins des utilisateurs métier, les éditeurs l’ont également adoptée pour répondre à ces attentes. Tout le monde s’y met, parce que le marché a évolué.

Lorsque je rendais visite à des DSI il y a encore 2 ou 3 ans, ils se montraient intéressés, mais ne souhaitaient pas ajouter encore un module au-dessus des outils de Business Intelligence. Aujourd’hui, nous leur permettons de répondre simplement à des besoins métiers auxquels les outils traditionnels ne savent pas répondre ou de façon complexe. Tous les acteurs du marché ont donc effectivement adopté la data visualization. Toutefois, le potentiel de marché est très large et il y a de la place pour tout le monde.

René Bergniard - Qlik
René Bergniard – Qlik

Comment pouvez-vous concurrencer de grands éditeurs installés (et parfois vos partenaires) comme Teradata, SAS, IBM, Oracle, Microstrategy, SAP/BO, etc. ?

Sur le marché de la Business Intelligence, on distingue trois familles d’outils ou de fonctions. La BI traditionnelle, très efficace sur les reporting de type statique ou de masse. Aujourd’hui, on retrouve partout la visualisation de données qui consiste à présenter les résultats des requêtes de façon plus ergonomique, plus dynamique, plus simple et favorisant l’interprétation. Dans ce cas, l’approche traditionnelle de la BI ne change pas. La visualisation des données connait certes un réel engouement auprès des entreprises, notamment auprès de la population des décideurs, mais la valeur ajoutée purement métier reste faible.

Avec la Business Discovery, Qlik propose une nouvelle approche de la BI. Nous allons chercher la donnée comme les autres dans les SGBD, les datawarehouse… mais aussi sur le Web, le Cloud et autres. Puis, nous présentons les résultats sous une forme très ergonomique, manipulable simplement, et sans que l’utilisateur n’ait à saisir de requête ni de script. Et ce, avec tous les atouts de la data visualization.

En quoi consiste exactement la Business Discovery ?

Avec ces technologies (pour lesquelles Qlik a déposé des brevets dès 1995), la donnée est identifiée et analysée. Nous résumons le processus en « Discover, Decide, Do ». L’étape « Discover » consiste à aller chercher les données, et surtout à établir des associations et des corrélations entre elles, sans intervention de l’utilisateur. Le moteur du serveur QlikView met ainsi en exergue des informations que l’utilisateur n’aurait pas vues autrement. D’ailleurs, certains clients mettent ainsi en évidence des incohérences dans leur BI.

Les entreprises ou partenaires peuvent-ils accéder aux règles de ce moteur pour des solutions plus verticales ou horizontales ?

Effectivement, l’objectif consiste à rapprocher les règles métiers et les technologies QlikView. Si de grands secteurs verticaux comme l’automobile ou la grande distribution disposent déjà de règles et de modèles plutôt standardisés, il en va autrement d’autres secteurs. Et plus encore pour les fonctions horizontales comme les ressources humaines, par exemple.
C’est pourquoi nous proposons des outils aux développeurs afin de spécifier des règles ou de personnaliser les fonctions. Et tout cela fonctionne sans codage ni scripting, via la réutilisation d’objets existants.

Vos concurrents affirment que leurs outils peuvent aussi être adaptés ou personnalisés par des informaticiens…

Dans ce cas, il faut se poser quelques questions : cela peut-il être réalisé simplement et de façon pérenne par l’entreprise ou le partenaire ? ; la personnalisation conserve-t-elle la cohérence de l’application et la simplicité de maintenance ? ; combien de temps faut-il pour développer et déployer une application analytique ?

Le moteur de QlikView a spécifiquement été conçu en ce sens. Et cela fait toute la différence. Avec notre solution, un prototype peut être déployé en quelques heures. Ensuite, il suffit de le faire évoluer avec l’utilisateur, ou de rédiger un cahier des charges à partir de ce prototype concret. Après le développement agile, Qlik propose le développement BI agile. Chez nous, pas de script : c’est le moteur qui génère lui-même le script d’après les souhaits exprimés par les informaticiens (ou utilisateurs pour certaines tâches) via des interfaces et menus interactifs.

Où en est votre future plate-forme QlikView Next ?

Cette nouvelle plate-forme arrivera au second semestre 2014, et tourne déjà en béta test chez plusieurs clients. Tout d’abord, la plateforme d’entreprise a été enrichie, avec plus de sécurisation, plus de gouvernance des données et des métadonnées. Nous avons encore amélioré la data visualization, avec des spécialistes et des ergonomes, pour produire un environnement encore plus intuitif et simplifié pour l’utilisateur final.

QlikView propose déjà des fonctions de mobilité, mais celles-ci ont été renforcése avec une meilleure intégration au cœur de la plateforme et une utilisation plus évoluée encore des écrans tactiles. Enfin, la collaboration a été renforcée, dimension essentielle dans la prise de décision, en interne ou avec des partenaires ou clients. Ainsi, un utilisateur pourra collaborer avec une personne ne disposant pas d’une licence QlikView. Celle-ci aura même accès à toutes les fonctions pendant la session de travail collaboratif.

Comment gérez-vous Hadoop, et quelles futures fonctions de back-office peut-on attendre ?

QlikView dispose d’un connecteur Hadoop permettant de récupérer les informations résultant d’une requête Hadoop et de l’intégrer à une requête QlikView. Ensuite, l’application QlikView monte le tout en mémoire, et bénéfice pleinement de l’efficacité et de la rapidité de nos technologies (Business Discovery, associations, etc.). Dans les prochaines versions, les aspects liés à la qualité des données seront renforcés, directement dans le produit, et non via un partenariat. Cela répond à une demande légitime de fiabilité des données. En effet, mieux vaut disposer de données de qualité pour baser ses décisions sur leur analyse.

En complément : nos précédents articles sur Qlik

BI : comment Solvay pilote ses services partagés

Toyota mise sur la BI qu’aiment les utilisateurs

Stéphane Briffod, QlikTech : « la découverte de données plus importante que la dataviz »