Jean-Luc Beylat, Systematic : « la French Tech est complémentaire des pôles de compétitivité »

Le président de Systematic, réélu pour trois ans, met le cap vers les smart systems, des systèmes verticaux spécialisés sur la ville ou l’énergie où l’Ile-de-France, berceau du pôle de compétitivité, a une carte à jouer.

Déjà président de  Systematic Paris-Région depuis 2011, Jean-Luc Beylat a été réélu à la tête du pôle de compétitivité mondial spécialisé dans les systèmes complexes. Mercredi 23 novembre, le vice-président en charge des partenariats industriels de Nokia s’est vu accorder un nouveau mandat, de trois ans. Jean-Noël de Galzain (Wallix), Antoine Petit (Inria) et Fadwa Sube (Optiva Darana) seront ses vice-présidents.

Dans un entretien avec Silicon.fr, Jean-Luc Beylat explique que ses priorités pour les trois ans qui viennent vont à ce qu’il appelle les ‘smart systems’, au développement des entreprises et à l’attractivité de l’Ile-de-France, où est implanté Systematic. « Techniquement, on s’attend à une amplification de la dynamique autour des smart systems. C’est d’ailleurs ce qui explique l’engouement actuel pour l’IA, explique Jean-Luc Beylat. Ces développements passent par des solutions verticalisées autour de l’énergie, de la mobilité, des services dans la ville ou encore de la santé. C’est là où va se concentrer l’innovation dans les années qui viennent. On se rend compte aujourd’hui qu’en dé-segmentant les compétences, l’innovation s’accélère ». Des travaux qui viendront enrichir ceux déjà lancés par Systematic sur l’Internet des objets, la gestion de l’énergie, les villes intelligentes, l’usine du futur ou encore les nouveaux systèmes d’information.

« Premier pôle R&D d’Europe »

En matière de développement des entreprises, la priorité affichée par Jean-Luc Beylat réside dans la croissance « ambitieuse » des PME et start-ups. « Le danger en France, c’est de laisser vivoter de petites entreprises qui se paient sur la bête, car notre système aide beaucoup les entreprises dans les phases de démarrage », assure Jean-Luc Beylat. Selon ce dernier, les entreprises impliquées dans le pôle connaissent une croissance deux fois supérieure à leurs homologues. Depuis 2011, le pôle a labellisé l’équivalent de 2,8 milliards d’euros de projets innovants.

La troisième priorité affichée par Jean-Luc Beylat tient à la place de l’Ile-de-France sur l’échiquier européen. « C’est le premier pôle en R&D d’Europe. Systematic travaille avec la Région pour en faire un territoire numérique fort. Certes, Londres attire de nombreux investissements, en particulier dans les Fintech. Mais, sur les infrastructures numériques et l’industrie du futur, le potentiel de l’Ile-de-France est remarquable, assure le président de Systematic. Et particulièrement intéressant à l’heure où nous abordons une nouvelle phase dans l’innovation, avec des développements tournés vers la ville, l’industrie ou l’énergie ». Autant d’opportunités pour l’Europe aux yeux de Jean-Luc Beylat.

French Tech : « un problème de visibilité »

Reste que l’attractivité des territoires semble aujourd’hui davantage portée par la French Tech, initiative plus récente que celle des pôles de compétitivité. S’il reconnaît que la superposition de ces deux dispositifs créé « un problème de visibilité », Jean-Luc Beylat assure que, sur le fond, les deux mécanismes sont complémentaires : « La French Tech vise avant tout à marketer la France à l’international, comme le montre le cas emblématique de la présence au CES de Las Vegas. Là où les pôles se concentrent sur le développement des écosystèmes », dit-il. Des écosystèmes qui unissent grands groupes, petites entreprises et universités autour de thématiques et projets collaboratifs (550 depuis 2011). Et rassemblent des fonds venant tant du public que du privé. En pratique, Systematic est une association loi 1901 fonctionnant avec un budget compris entre 4 et 5 millions d’euros, en majorité issu du privé. La structure emploie une trentaine de permanents.

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