Big Data : Anacrim relance l’affaire du « petit Grégory »

Anacrim, un ensemble de logiciels d’analyse, serait à l’origine de la récente interpellation de trois protagonistes d’une affaire judiciaire vieille de plus de 30 ans.

Les technologies numériques vont-elles aider à résoudre une affaire criminelle vieille de bientôt 33 ans ? Hier, mercredi 14 juin, trois personnes ont été placées en garde à vue dans le cadre de l’affaire dite du « petit Grégory ». Le 16 octobre 1984, le corps de Grégory, 4 ans, était retrouvé ligoté dans les eaux de la Vologne (Vosges). Depuis, l’affaire n’a jamais été élucidée.

Qu’est-ce qui a poussé les responsables de l’instruction à mettre en garde à vue le grand oncle, sa femme, et la tante de l’enfant, et d’entendre également ses grands-parents paternels comme témoins, plus de 30 ans après les faits ? Anacrim, un programme mis en œuvre par la Gendarmerie nationale depuis 1994. Au-delà des centaines d’analystes criminels en charge du programme, Anacrim rassemble plusieurs « logiciels de rapprochement judiciaire à des fins d’analyse criminelle », indique la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés). En d’autres mots, une solution informatique capable de traiter des milliers de données complexes pour les régurgiter sous forme d’un graphe qui met en avant des contradictions de témoignages, des informations troubles et autres incohérences de récits susceptibles d’éclairer d’un jour nouveau une affaire irrésolue jusqu’alors.

Rapprocher des faits sans liens apparents

Anacrim « permet d’avoir une vision globale de la procédure et de distinguer la logique qui se dessine au travers de la commission d’un fait criminel ou délictuel », résume au Parisien le colonel Didier Berger, chef du Bureau des affaires criminelles (BAC) de la gendarmerie. Une façon de rapprocher des faits qui, en apparence, n’ont aucun lien entre eux, donc. Le logiciel est utilisé par le service central de renseignements criminels (SCRC) de la gendarmerie nationale depuis une dizaine d’années sur de multiples affaires non résolues (dites « cold case »).

Dans le cas du petit Grégory, les placements en garde à vue auraient été motivés par des comparaisons d’écriture ainsi que la reconstitution plus fine de l’emploi tu temps des personnes interpelées encadrant la disparition de l’enfant, rapporte BFMTV. Des contradictions de témoignages d’époque sont-elles alors ressorties sur les écrans informatiques au point de nécessiter un nouvel interrogatoire des personnes impliquées ? Aucune information n’a encore été fournie dans ce sens pour l’heure. Anacrim permettra-t-il de résoudre l’affaire Grégory là où même les analyses ADN ont échoué ?


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