Big Data : ce sont les dirigeants qu’il faut former, affirme l’Essec

Mi-décembre, l’Essec a inauguré sa chaire Big Data, montée en partenariat avec Accenture. Voir une ‘business school‘ s’intéresser de manière approfondie à  ce domaine réputé très proche des mathématiques et de la statistique était tout sauf une évidence. Pour Nicolas Glady, le professeur titulaire de cette chaire, «  la première raison qui a poussé l’Essec dans cette direction réside évidemment dans les perspectives du secteur. Les études prévoient qu’il y aura des milliers d’emplois dans ce domaine et que seulement un tiers d’entre eux seront pourvus avec les filières existantes   ». Mais la réflexion va au-delà  : « Le Big Data en France est souvent abordé par son aspect technique, avec une approche d’ingénieur. Or, nous pensons que l’aspect commercial, la compréhension par l’utilisateur sont essentiels. En soi, une corrélation mathématique ne signifie rien pour un comité de direction.   »

Nicolas GladyFaire cohabiter mathématiques et processus opérationnels

D’o๠l’approche privilégiée par l’Essec, visant à  former des profils mi-managers, mi-ingénieurs. «  De plus en plus d’étudiants en marketing ou en gestion des opérations s’intéressent aux mathématiques   », note Nicolas Glady (en photo). Cette recherche de profils mixtes conduit la business school à  s’associer à  l’Ecole Centrale et à  l’Ensae (Ecole nationale de la statistique et de l’administration). Si la recherche sur le sujet a déjà  démarré au sein de l’Essec, la filière de chaire ouvrira, elle, en septembre prochain. Dans un premier temps, l’établissement vise une vingtaine d’étudiants. «  Si la demande est forte, nous aimerions aller au-delà  et pourquoi pas viser environ des promotions de 40 à  50 étudiants d’ici deux à  trois ans. » En parallèle, les équipes de l’Essec veulent également lancer un mastère pour écoles d’ingénieurs intégrant la chaire. Ainsi que des modules de formation destinés aux cadres en entreprises. La chaire sera adossée à  un club d’entreprises servant de think tank.

«  Nos recherches portent avant tout sur la manière d’intégrer ces sujets très techniques aux modèles opérationnels des entreprises   », résume Nicolas Glady. Qui note que les entreprises françaises, y compris les plus grandes, posent encore des questions assez basiques sur le Big Data : quelle est la valeur des données ? quelles sont les priorités ? quel sens peut avoir le Big Data dans une activité traditionnelle ? Etc. Pour Nicolas Glady, l’exploitation de ces techniques analytiques dans le marketing n’est en réalité que la partie émergée de l’iceberg, «  celle qu’on voit tous   », glisse-t-il. Une façon de dire que le Big Data n’est pas un sujet réservé à  ce département des entreprises. Et de noter qu’aux Etats-Unis, de plus en plus d’organisations, y compris dans des secteurs traditionnels, se dotent d’un Chief Data Officer, un manager responsable des données et doté d’équipes dédiées et transverses. «  Est-ce que la donnée aura un jour en France la même importance qu’aux Etats-Unis ? Sans aucun doute. La donnée est appelée à  devenir de plus en plus centrale dans les processus des entreprises, pronostique le professeur. Demain, le dirigeant d’entreprise devra à  la fois être doué en mathématiques et en affaires.   »

Crédit photo : © Ben Chams / Fotolia.com

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