Fin de la propriété logicielle, rapports commerciaux : comment le Cloud bouleverse les pratiques

Blog proposé par Ariba / SAP

Dans le Cloud, une entreprise n’achète plus un logiciel, elle le loue. Comme dans d’autres domaines, ce modèle marque l’abandon de la propriété. Au-delà, le Cloud permet surtout de bouleverser les pratiques. Exemple avec les relations commerciales client-fournisseur.

Nous sommes facilement obnubilés par la technologie. Nous recherchons la dernière application à la mode, ou voulons acheter le plus rapidement possible le dernier iPad ou encore gagner 1,9 mm d’épaisseur en choisissant l’iPad Air. Parfois emportés par nos obsessions de « geeks », nous passons à côté des innovations majeures qui, souvent, ne sont pas liées à la technique mais aux nouveaux usages et modèles commerciaux qu’elle induit.

La musique en est un exemple emblématique. Depuis les premiers temps, jusqu’au début du XXème siècle, la musique s’écoutait en concert. Vous achetiez votre place pour aller à l’opéra, pour voir une œuvre symphonique ou encore vous rendre au music-hall. Les plus fanatiques des mélomanes ne pouvaient à cette époque entendre leur œuvre favorite qu’une fois par décennie.

Au tournant du XXème siècle, l’arrivée du phonographe d’Edison a induit l’idée que l’on pouvait « posséder » de la musique. C’est le modèle qui a prévalu pendant les cent années suivantes durant lesquelles la technologie est passée du cylindre phonographique en matière cireuse, au 78 tours, puis au vinyle, puis à la cassette, au CD et pour finir à l’iPod.

En tant que passionnés, nous étions ébahis par ces progrès technologiques. Mais aussi enthousiasmante que soit l’émergence de ces différents supports d’écoute, ils incarnent après tout le même mode de consommation : vous choisissez ce que vous voulez écouter, vous l’achetez et pouvez, en tant que propriétaire de ce bien, l’écouter autant de fois que vous le voulez.

Le concept de propriété remis en question

La véritable révolution est venue des sites de streaming comme Rhapsody, Pandora et Spotify. La technologie sur laquelle ils reposent n’est pas tellement différente de ce qui préexistait mais le modèle économique, lui, l’est bel et bien : on passe de la propriété à un abonnement, d’un objet que l’on possède à un fichier localisé dans le Cloud.

On pourrait bien voir émerger la même tendance dans l’univers automobile où, dans le cas du véhicule électrique, l’innovation récente n’est pas technique. On achète encore le châssis, mais la motorisation est quant à elle proposée sur le principe d’un prix par kilomètre. Plus de soucis quant à la dégradation de la batterie ou la valeur de reprise, on passe ici aussi de la propriété à l’abonnement. Enfin, le concept même de propriété est remis en question avec l’économie collaborative où les « hipsters » partagent leur trajet en voiture (comme sur le site de covoiturage urbain uber), les appartements sur Airbn’b et même… leurs chiens !

Avec l’émergence des réseaux d’échanges commerciaux sur Internet, il serait tentant une fois de plus de se focaliser sur les possibilités et les caractéristiques techniques. Mais ce serait faire fi des nouveaux usages qui émergent. Nous avons déjà évoqué la transition du modèle de licence logicielle vers l’abonnement. D’autres modes de facturation se développent également dans le Cloud tels que le partage des gains entre prestataire et client.

Les réseaux permettent aux entreprises membres de redéfinir leurs relations

Dans ce domaine des échanges commerciaux, le changement va bien au-delà de cette évolution des relations usager-éditeur. Les réseaux permettent aux entreprises membres de redéfinir leurs relations. La relation client-fournisseur tend à se transformer en modèle de collaboration dès lors que les acheteurs créent des liens électroniques avec plusieurs niveaux de fournisseurs, et les fournisseurs avec les clients de leurs clients.

Du point de vue financier, plutôt qu’une simple relation directe basée sur l’émission d’une facture associée à un paiement, les réseaux d’entreprises autorisent l’émergence de montages financiers alternatifs tels que les opérations d’escomptes dynamiques (réduction de facture en contrepartie du règlement anticipé du fournisseur), et l’affacturage inversé, c’est-à-dire un système où l’acheteur établit une liste de factures dans laquelle le fournisseur puisera les créances prioritaires.

Nous autres bloggeurs spécialistes des technologies passons souvent à côté de ces évolutions fondamentales, car les changements de pratiques commerciales ne sont pas considérés comme aussi attractifs et novateurs qu’une caméra haute résolution ou un téléphone commercialisé dans cinq couleurs différentes.

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