Bouygues Telecom : Martin Bouygues en colère contre l’Arcep

Devant les députés, Martin Bouygues a mis en cause les choix de l’Arcep de favoriser l’entrée de Free qui a détruit le marché mobile.

« J’ai le sentiment d’être tombé dans un traquenard. » Martin Bouygues a profité de son audition devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale pour exprimer sa colère à l’encontre de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes). Si le dirigeant du groupe Bouygues « ne conteste pas l’attribution de la 4e licence mobile, même si ce n’est pas la meilleur idée du gouvernement [précédent], il trouve en revanche que les conditions d’attribution ont été catastrophiques pour le marché, plus personne ne peut le contester, les résultat sont malheureusement là pour le démontrer ».

50 000 emplois supprimés

Notamment pour Bouygues Telecom qui voit son chiffre d’affaires reculer depuis deux ans et constate, impuissant, la fuite des abonnés mobiles (100 000 clients en 2013) que la progression du fixe ne parvient pas à compenser faute d’un réseau propre suffisamment dimensionné pour générer des marges importantes. Plus globalement, Martin Bouygues estime que le secteur a perdu 3 milliards d’euros d’Ebidta entre 2010 et 2013 et que 50 000 emplois ont été supprimés dans l’ensemble de la filière. Des chiffres très éloignés de ceux de l’Arcep qui estime à 4000 le nombre d’emplois perdus en 2013 mais sur la seule activité opérateurs.

La faute à Free, donc, et surtout aux conditions dans lesquelles le 4e entrant a pu exercer son activité. « Tout a reposé sur une erreur d’analyse, a justifié le dirigeant. Le régulateur a agi comme si les marchés fixe et mobile étaient distincts. Il a sous estimé le fait que le nouvel entrant utiliserait la puissance et ses marges exceptionnelles dans le fixe pour détruire le marché mobile. » Et de reprocher les « avantages considérables » accordés à travers « la réduction incroyable » du prix de la 4e licence mobile et « l’itinérance abusive » de la 2G élargie à la 3G (via un accord d’itinérance signé avec Orange et qui court jusqu’en 2018).

« Qui régule le régulateur ? »

Selon Martin Bouygues, « les opérateurs sont entrainés dans une guerre prix qu’ils ne peuvent pas assumer » aujourd’hui. Et d’évoquer la fin de l’itinérance 3G accordée à Free, au besoin par extinction des zones successivement couvertes par ses services, comme l’a proposé l’Autorité de la concurrence à l’Arcep, afin de sortir de cette situation. Suite à l’échec du rachat de SFR, Bouygues Telecom s’affiche désormais derrière Iliad sur le marché en matière d’abonnés.

Mais plus que la situation de Bouygues Telecom, Martin Bouygues s’en prend ouvertement au comportement « inquiétant » du régulateur qui, malgré les sollicitations de l’opérateur, ne répond pas à ses courrier (de juin 2013 et février 2014) et le renvoie, faute de compétence, devant l’Autorité de la concurrence sur la question de l’itinérance 3G lorsque l’opérateur a décidé de saisir le Conseil d’Etat (en mai dernier). « Mais de qui se moque-t-on », s’agace Martin Bouygues qui estime que le régulateur concentre son énergie pour uniquement démontrer qu’il a raison. « Oui je pense que le système de régulation n’est plus acceptable en l’état. » Et d’interroger, en conclusion de son intervention, les députés pour leur demander à propos du régulateur : « Qui régule le régulateur ? »


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