Bruce Claflin, 3Com: « Concurrencer le monopole Cisco… »

Londres. – 7 oct. A l’occasion de son « Université 2004 », réunissant partenaires et grands comptes, le p-dg de 3Com, Bruce L. Claflin, nous a livré quelques commentaires sur son rival, coutumier, selon lui, de pratiques monopolistiques. Il commente également les accords récents signés avec Siemens et Huawei

« Nous, nous laissons le choix à nos clients! » lance, tout de go, le patron de 3Com. Décontracté, peu enclin à la langue de bois, s’agissant notamment de Cisco, Bruce Claflin a la dent dure face aux pratiques de son incontournable rival « qui revendique 80% du marché ». « Ils présentent les travers bien connus des groupes monopolistiques. Comme ancien cadre d’IBM, je sais de quoi je parle. Leur technique d’intimidation auprès des clients consiste à grossir toutes les menaces, en particulier celle de la non-pérennité des fournisseurs concurrents, ou encore celle de l’absence de maintenance si vous n’êtes pas tout bleu ou tout violet. C’est le même discours de la peur qui revient, pour mieux verrouiller les clients. » Sans pouvoir donner de perspectives chiffrées sur la progression de 3Com (société cotée), Bruce Claflin se montre optimiste pour les trimestres à venir. Il confirme le spectaculaire redressement de son entreprise dont certains ne donnaient pas cher, il y a quelques mois encore. « Nous avons su capitaliser sur la marque, sur sa bonne image auprès de nos clients et de notre réseau de partenaires« , explique-t-il. « Nous sommes en train de prouver que notre nouveau modèle de développement paie. Le monde a changé. Nous avons compris que le modèle de l’intégration verticale est mort. Il n’est plus réaliste aujourd’hui de vouloir tout intégrer en interne: les composants silicium, le logiciel système, les outils de supervision, la sécurité ou les services de maintenance, etc. Nous avons choisi de miser sur l’intégration de savoir-faire en nous tournant vers des partenaires comme Aspect, comme Huawei et aujourd’hui Siemens. C’est une intégration ‘out-sourcée’! C’est la seule façon de produire à des coûts moins élevés. » L’alliance avec le chinois Huawei « Notre alliance avec le groupe chinois Huawei, à travers une co-entreprise, s’explique par trois raisons: ce groupe est puissant, en bonne santé financière; il se développe sur un marché en pleine expansion, celui de la Chine et de l’Asie en général; il détient un réel savoir-faire technologique -ce que Cisco a tenté de nier ». Et de résumer pour la petite histoire, comment 3Com a aidé son partenaire de HongKong à faire tomber un à un les arguments judiciaires brandis par Cisco: « Nous avons envoyé chez eux une équipe d’ingénieurs, qui a passé au peigne fin tout leur code source, celui de leurs routeurs IP: contrairement aux allégations de Cisco, il s’agissait de leur propre code, émulant bien évidemment des fonctionnalités existants sur d’autres routeurs, mais le juge américain commis sur le dossier a, lui aussi, fait valoir qu’il n’y avait pas violation de brevets. » Dans tout l’inventaire examiné, il s’est trouvé un seul module qui aurait pu être assimilé à une copie pure et simple: « Le contenu d’un CD litigieux a été entièrement effacé. Cisco a perdu tous ses arguments ». « Le plus étonnant est qu’il ne s’agissait pas pour eux de récupérer des indemnités ou dédommagements comme on aurait pu s’y attendre dans pareils disputes judiciaires. Non, il s’agissait seulement de dresser l’opinion publique contre nous, contre Huawei. Certains commentaires aux Etats-Unis sont allés jusqu’à des expressions inouies, parlant d’alliance communiste! » « Nous ré-embauchons des ingénieurs » Mais ceci appartient au passé: « Nous sommes très satisfaits, un an à peine après le démarrage de ce joint-venture avec Huawei, des résultats obtenus. » Le chiffre d’affaires atteindrait déjà les 200 millions de dollars. Les brevets des deux maisons mères (3Com et Huawei) -près de 4.000 au total- ont été licenciés gratuitement à la co-entreprise, qui elle-même en a déjà produit 400 environ pour son propre compte d’exploitation. Et ils embauchent plus rapidement que prévu: au total, 2.200 personnes travaillent déjà au sein du « joint-venture ». Nous leur devons par exemple, des développements très avancés en matière de sécurité (firewalls) ». Enfin, autre réglement de compte de Bruce Claflin: « Beaucoup prétendaient que nous allions renoncer à la R&D (recherche et développement); or le résultat est inverse: nous avons certes des ingénieurs en Chine mais nous continuons d’embaucher aux Etats-Unis, en Europe! » Accord avec Siemens: conseil et assistance

Jean Hoxie-Wasko, vice-président « Global services organisation » chez 3Com, a commenté l’accord qui vient d’être signé avec Siemens Business Services. Il s’agit de renforcer les prestations d’assistance et de conseil auprès des entreprises et des partenaires de 3Com, avec une disponibilité totale, 24 heures sur 24, 365 jours sur 365, et une capacité à répondre, contractuellement, en 2 ou 4 heures. L’accord prévoit la contribution de 34.000 professionnels de Siemens répartis sur 44 pays, en 10 langues. L’expertise des centres de contacts portera sur les solutions de téléphonie-IP, la sécurité, le sans-fil, et les réseaux de data en général.