Cannes: les ministres de l’U.E poussent le cinéma en ligne

Tandis que la MPAA vient d’attaquer six sites Internet proposant des films, les ministres européens ont adopté la « Déclaration de Cannes ». Un texte qui concerne le téléchargement en ligne de films -légal, bien sûr

Cette déclaration est la première au niveau européen concernant les films en ligne. Elle part du principe qu’il

« existe un risque de perte de recettes désastreuse si le marché est inondé de fichiers partagés, de films non autorisés ; comme cela fut observé avec la musique ». Réunis à l’initiative de Viviane Reding, commissaire européenne à la société de l’Information et aux Médias, les ministres ont essayé de mettre en exergue l’intérêt que représente l’Internet en terme de diffusion du savoir. Au delà du débat actuel sur la légitimité du droit à la copie privée ou de la notion d’un téléchargement légal, qui ne sont pas à l’ordre du jour, les ministres européens en charge de la culture estiment que « l’industrie cinématographique en ligne est un marché d’avenir qu’il faut encourager ». Viviane Reding a ainsi déclaré à l’AFP : « Pour servir la diversité culturelle, Internet est une chance énorme pour les films de niche, mais il faut résoudre le problème inhérent à l’Internet qu’est le piratage ». Une initiative qui a le mérite d’être originale, notamment face aux attaques répétées de la MPAA (l’association des studios US) et de la RIIA (l’association des maisons de disque US) contre les sites de téléchargement (lire nos articles). Ce texte devrait permettre aux fournisseurs d’accès à Internet et aux acteurs de l’industrie cinématographique de renouer le dialogue pour proposer un modèle permettant la diffusion légale sur la toile. Un modèle légal certes, mais pas gratuit pour autant. Car, « sans droits d’auteur, il n’y a pas d’auteur », les ministres ont fermement insisté sur la nécessité de faire comprendre aux jeunes que la logique du « tout gratuit » n’est pas la bonne. Selon le ministre français de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, « cette prise de conscience est une bonne chose » tout en précisant « faire en sorte qu’il y ait plus de place pour le cinéma européen est un objectif politique majeur, mais cela doit se faire dans le respect des auteurs et des artistes ». Suite à cette initiative de la « Déclaration de Cannes » les ministres devraient mettre au point une coordination européenne pour renforcer la lutte contre le piratage et faire la promotion du téléchargement légal dans leurs pays respectifs. Il serait temps! Il n’existe toujours pas une véritable offre légale de cinéma à l’image des plate-formes de musique. Comment alors convaincre l’internaute de se détourner du P2P? Enfin, contrairement à la musique, le téléchargement illégal de films ne semble pas avoir encore pénalisé le marché puisque les entrées dans les salles obscures sont à la hausse. En France, au premier trimestre, elles ont progressé de 9% sur un an.