Présidentielle : les carnets de campagne numérique de Guy Mamou-Mani

En exclusivité pour Silicon.fr, Guy Mamou-Mani, l’ex-président de Syntec Numérique, décortique les enjeux numériques de la campagne présidentielle qui s’ouvre. Premier billet d’une série qui rythmera les 4 mois (mouvementés) qui s’annoncent.

Lorsque Reynald Fléchaux (le directeur de la rédaction de Silicon.fr, NDLR) m’a proposé d’aider à décrypter pour les lecteurs de Silicon la campagne présidentielle qui bat déjà son plein avec les primaires de tous bords, de droite comme de gauche, j’ai tout de suite accepté, ayant passé plusieurs années à suivre l’évolution des politiques publiques et à engager le dialogue avec les acteurs publics sur la question du numérique.

Je me réjouis aujourd’hui de pouvoir poursuivre sur cette lancée et de tenir ce « carnet de campagne numérique » qui suivra un rythme bimensuel. Comme Président du Syntec Numérique, je n’ai eu de cesse, d’intervenir auprès des candidats à l’élection de 2012. Editos, interventions, conférences etc. : tous les moyens étaient bons pour essayer de faire mûrir leurs projets sur les grands enjeux du numérique.

Pour peser davantage encore auprès des candidats, j’ai réuni 21 organisations représentatives de notre industrie dans un « Collectif du numérique ». Cette mobilisation n’est pas restée sans effet : une vraie relation s’est créée avec les principaux protagonistes de la campagne qui ont chargé leurs responsables TICs de se concerter avec nous.

Hollande-Sarkozy : zéro partout

Ces actions avaient abouti à un débat très intéressant entre les conseillers TICs de Nicolas Sarkozy et de François Hollande qui avaient pu exprimer l’engagement total de leurs champions en faveur de la transformation numérique de notre pays. En conclusion, je les avais challengés en leur disant que nous compterions le nombre de fois que leur candidat prononcerait le mot « numérique » au cours du débat d’entre deux tours.

Le lendemain du débat, je leur ai envoyé un message dans lequel je leur disais que je n’avais eu aucun mal à faire le décompte puisque le résultat était d’une simplicité biblique : zéro pointé pour l’un comme pour l’autre.

2017 ne doit pas être un remake de 2012

Cinq années ont passé. Fleur Pellerin et Axelle Lemaire, en charge du numérique au Gouvernement, n’ont pas ménagé leur peine : Grande école du numérique, Industrie du futur, loi sur le numérique. Leur travail au sein de l’équipe gouvernementale a conduit à plus de maturité chez nos hommes et femmes politiques. Ils restent malgré tout à distance.

Il faut tout faire pour que les élections de 2017 ne soient pas un remake de celles de 2012 avec des programmes faméliques pour ce qui concerne le numérique et la mise en place d’un nouveau collectif qui s’époumonerait en vain.

Il faut que les candidats comprennent que l’industrie numérique ne se réduit pas aux seules startups même si elles sont en nombre très important et qu’elles jouent un rôle crucial pour toute l’économie. Plutôt que de lutter contre la vague numérique, ils devraient chercher à surfer sur elle et s’engager à l’accompagner sur le plan social, fiscal et humain.

Comment imaginer de se projeter encore cinq ans sans parler des apports de la transformation numérique de notre économie, de la modernisation de l’Etat ; comment parler d’une loi travail sans parler des nouvelles formes du travail. Bref, comment parler de notre futur sans parler du numérique ?

Par Guy Mamou-Mani,coprésident de l’ESN Groupe Open et ancien président de Syntec Numérique (de 2010 à 2016). Guy Mamou-Mani est également vice-président du Conseil National du Numérique (CNNum).

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