CITE DES SITES: Libération -à libérer?

Suite du tour d’horizon sur les grands quotidiens. Ils enregistrent, dit-on, les plus larges audience sur le Web. Recettes?

La libération de la France de l’occupant entraîna en 1944 une véritable inflation dans les titres des quotidiens. Il y eut le premier Libération, de d’Astier de La Vigerie, remarquablement fait ; il y eut même Libé-soir.

Des libéré(s) il ne reste que Le Dauphiné , La Haute-Marne et Le Parisien, qui vient de choisir de ne plus l’être…

Quant à l’actuel Libération, Libé pour les intimes, il ne se réfère pas à 1944 – mais à la libération des esprits, des c?urs, peut-être des m?urs – et on se souviendra toujours de la participation de Jean-Paul Sartre et de sa copine Simone. Depuis, Libé a fait du chemin et s’est fort légitimement rapproché de certaines valeurs capitalistes sans pour autant engager sa liberté. « Libération » est devenu le grand journal qu’on lit le matin finalement dans tous les milieux qui, logiquement, a su créer un site Internet de belle qualité.

On a la Une en pdf et les autres pages en résumé, la présentation est agréable. En revanche, la lettre hebdomadaire est plutôt tristounette dactylographiée et sans mise en page. Qu’elle devienne quotidienne et plus aérée !

Libé est un des journaux qui consacre de temps en temps une bonne place à Internet. J’ai relevé il y a quelques mois deux articles dûs à la même journaliste, Marie-Joëlle Gros.

Le premier sur un journal de potaches pas tout à fait comme les autres parce qu’il a choisi de s’exprimer sur le web.

« Sur le site web du « Postérieur », une petite paire de fesses se dandine. A sa création au lycée Auguste-Rodin à Paris, il y a trois ans, le « Postérieur était un journal publié uniquement sur papier. Puis il s’est doté d’une version électronique, comme beaucoup d’autres. Il y aurait aujourd’hui en France 500 journaux lycéens en ligne, contre 4.000 journaux publiés sur papier. Curieusement, le nombre de webzines ne décolle pas. Pour plusieurs raisons, qui ont été évoquées lors du festival des journaux lycéens organisé à Rennes pendant le week-end de Pâques par l’association J-presse.

« Et d’abord la disponibilité: animer un site web est un vrai boulot qui s’accommode difficilement avec un emploi du temps de lycéen. Jéronimo, 17 ans, recruté par l’équipe du Postérieur pour avoir réussi à pirater le site du journal alors qu’il était élève en seconde, explique : « Pour que les gens viennent sur le site, il faut qu’il y ait tout le temps de la nouveauté. Sinon, les gens se lassent et ne s’y connectent plus. Au début, c’était l’euphorie. Au bout d’un mois, ça s’est tari. » Alors que la durée de vie d’un journal lycéen est en moyenne de trois ans, celle d’un webzine est infiniment plus brève. Sur le site du Postérieur, on trouve essentiellement les archives du journal. « Garder uniquement la version électronique du journal, ce serait dommage. On perdrait en contact humain, estime le webmestre. Le site, je le travaille depuis un ordinateur chez moi, les gens m’envoient leurs articles, je les mets en ligne, alors que le journal papier on le fait en se réunissant au bahut, c’est plus convivial. Et puis il y a la vente à la criée : un grand moment. Ça rapporte un peu de sous. Pas l’Internet. » « Hyper contrôlé. Autre frein au développement des webzines lycéens : comme les journaux papier, et peut-être plus encore, ils sont une source d’angoisse pour les professeurs et les proviseurs. Dans son dernier rapport sur l' »Etat des lieux de la censure 2001-2002″, J-Presse a traité 27 cas de censure sur cette période. « Les cas qui remontent jusqu’à nous ne sont qu’une infime partie de tous les journaux censurés« , précise la cellule SOS-censure. Entre la peur que la communauté scolaire soit prise à partie publiquement, les « dérapages politiques » toujours possibles et les sujets qui fâchent immanquablement (sexualité, drogue), la marge de manoeuvre des jeunes est étroite. « Le contenu des webzines lycéens est encore plus contrôlé que celui des journaux papier« , estime Michèle Elardja au Clemi (Centre de liaison de l’enseignement et des moyens d’information, ministère de l’Education nationale). « Le potentiel illimité de lecteurs sur l’Internet rend les équipes pédagogiques extrêmement frileuses. » ???????????????????????? Les proviseurs deviennent beaucoup plus réticents dès que les jeunes veulent prendre position sur des sujets d’intérêt général. (?) Ils ont pourtant la bénédiction du ministère de l’Education nationale. Une circulaire de février 2002 qui régit les publications lycéennes précise que les jeunes doivent s’interdire « tout prosélytisme politique, religieux ou commercial sans pour autant s’interdire d’exprimer des opinions« . La réalité n’est pas si simple. Les menaces sont multiples: passage compromis dans la classe supérieure, avis défavorable au bac, voire expulsion de l’établissement. Mais il existe aussi des façons plus subtiles de contraindre des lycéens au silence : changer le code de la photocopieuse, ou interdire l’accès à la salle informatique. « Je ne veux pas compromettre ma scolarité« , résument ceux qui préfèrent renoncer à l’affrontement. « Autorisation. On n’échappe pas plus à l’administration avec un site web », soutient Salim, rédacteur du Melting-pot, journal du lycée Lacassagne, à Lyon, vendu dans le bureau des surveillants. « Pour faire connaître le site, il faut pouvoir afficher qu’il existe, et pour ça, il faut l’autorisation du proviseur. » Certains chefs d’établissement ont d’ailleurs compris l’intérêt de publier le contenu du journal sur le site officiel du lycée, plutôt que de laisser se fabriquer, dans l’ombre d’un écran, des webzines « pirates » ou « sauvages » qui leur font encore plus peur. » Le second article traite aussi du problème des lycéens.  » Élève en première littéraire dans un établissement huppé en province, Arnaud voulait offrir à ses copains une tribune libre. Un fait l’avait décidé : au moment des attentats du 11 septembre, l’administration de son lycée avait imposé aux élèves d’observer une minute de silence pour les morts new-yorkais, et quatre heures de colle à ceux qui s’y refusaient. « C’était à mes yeux une atteinte grave à la liberté d’opinion », explique Arnaud. « Dans son lycée, pas de journal, le proviseur ne veut pas en entendre parler. Mais le garçon manie l’ordinateur avec dextérité et a déjà créé plusieurs sites web. Cet hiver, il décide de mettre à disposition des élèves une adresse Internet pour échanger des points de vue. On y parle de la vie au lycée, des profs, de la cantine… L’administration ne réagit pas. Mais Arnaud anime en parallèle d’autres sites, sans rapport avec le lycée. L’un d’eux est une plateforme littéraire sur laquelle on peut publier son journal intime. Des dizaines de jeunes y contribuent. « Le proviseur a trouvé ce site et s’est senti insulté par un texte. Conseil de discipline, expulsion définitive. Arnaud a dû prendre la porte, sans autre forme de procès, malgré le bac tout proche. « Dans mon lycée, les adultes n’ont rien compris à l’Internet. Ils pensent que c’est un machin qui sert à faire ses courses. Pour moi, c’est un support d’expression. Mais ça, ils ne peuvent pas le supporter. ».

NB: La plupart des articles publiés sur le site de Libération restent gratuits sept jours après leur parution. Passée cette limite, ces articles sont accessibles dans les archives payantes, de même que tous ceux publiés dans le quotidien Libération depuis 1995.

La recherche est gratuite, la consultation est payante: 2 ? (HT) pour la visualisation. Il y a évidemment des  » prix de gros  » mais ce péage est dommageable, je me permets de le répéter d’autant qu’il empêche les articles de Libé de figurer longtemps , voire éternellement dans des revues de presse comme celle de Google.

Alors, faudra-t-il libérer Libération ?!