CITE DES SITES : René Barjavel vu sur ‘barjaweb’

Quand René Barjavel nous fait découvrir grâce à barjaweb un principal exceptionnel, Abel Boisselier

Barjavel, cela sonne comme bartavelle, la perdrix des souvenirs de Marcel Pagnol mais «

en provençal Barjavel se dit Barjavéou, ce qui veut dire « bavard ». Donc, le premier qui a porté ce nom devait être un type qui aimait raconter des histoires, et moi je continue » disait-il dans une interview et il ajoutait : «Vous savez, j’ai vécu en somme deux périodes de l’histoire de l’humanité. Je suis à cheval sur deux civilisations ». «Mon enfance, que j’ai racontée dans « La Charrette Bleue », s’est déroulée pendant et un peu après la guerre de 1914, et ce temps-là est beaucoup plus loin de nous qu’il n’était loin lui-même du XVIIème siècle. La différence entre aujourd’hui et il y a soixante (ans) est plus grande que la différence entre le début du siècle et trois ou quatre siècles auparavant. C’était encore le temps de la main et de l’outil qui continuait. « Maintenant c’est fini. L’homme ne sait plus se servir de ses mains. Vous, vous tenez le micro, moi je tiens le stylo. Qu’est-ce qu’on sait faire à part ça ? S’il nous fallait faire une chaise, nous ne saurions pas. « Ravage », c’est ça : c’est l’histoire des hommes à qui la technique tout à coup fait défaut et qui sont incapables, incapables de se sauver. Donc ils sont obligés de revenir à la source, à la base, chez les paysans qui, eux, n’ont pas oublié cette vérité essentielle qui est que l’homme peut tirer tout ce dont il a besoin de la terre avec le travail de ses mains. » Ces lignes sont extraites de BarjaWeb G.M. Loup a créé ce grand site, ce barjaweb, «En s’efforçant de ne pas nuire et en essayant d’être utile », modestement mais d’une manière exhaustive. «L’oeuvre de Barjavel est immense, sa richesse mal connue, son message ignoré. La critique besogneuse ne l’aura desservi que comme un réactionnaire gauchisant, un fasciste prônant le retour à la terre, ou au mieux un écologiste apolitique. Chaque critique s’amoncelant sur le tas incohérent des précédentes ne fait qu’un peu plus s’affaisser l’ensemble, et l’on observe par ailleurs que l’intérêt pour l’auteur croît tant du point de vue du grand public – qui voit maintenant réunies la quasi-totalité de ses oeuvres – que des littéraires qui lui consacrent de plus en plus de travaux, à l’échelle universitaire. » «Ce site, précise G.M.Loup dont j’ignore tout (il publie le trombinoscope de neuf de ses collaborateurs, tous jeunes, mais pas sa propre photographie), est accessible au public depuis le 24 novembre 2000, quinzième anniversaire de la mort de René Barjavel, mais son déploiement complet prendra encore quelque temps, car la richesse de l’oeuvre, trop souvent cataloguée comme « de Science-Fiction », voire « populaire », révèle, lorsqu’on en explore toutes les facettes, une richesse qui déborde largement ces domaines restreints… » René Barjavel est né à Nyons, petite ville de la Drôme provençale où il dit, entre autre, avoir «été victime [des commères] à l’âge de quatorze ans, l’âge de mes amours passionnées et innocentes. J’étais Roméo mais ne montais pas à l’échelle. Elles voyaient déjà la fille enceinte. Elle avait quinze ans. Je me promenais avec elle en lui tenant la main. Elles mesuraient de l’oeil son tour de taille…c’est un peu à cause d’elles que j’ai dû quitter Nyons pour devenir pensionnaire au Collège de Cusset ». Il découvrit «le merveilleux Abel Boisselier, épicurien intelligent, ironiste et humoriste, cultivé, fonctionnaire désinvolte, ami des arts et de la vie, qui allait devenir mon père intellectuel. « Son intelligence et son humour m’éblouirent. C’était un homme grand et massif, au visage rond, constamment coiffé d’un béret basque qu’il posait sur sa tête sans se préoccuper de la position qu’il y occupait. Un sourire fin papillonnait sans cesse dans ses yeux et sur ses lèvres. Le spectacle du monde, son incohérence, nos bêtises, le réjouissaient. Il était sérieux mais ne prenait rien au sérieux, préférant trouver cocasses les absurdités tragiques des événements et des hommes (…) « Nyons était le premier poste de Boisselier comme principal. Il trouva tout de suite insupportable le train-train des heures de cours sur les rails de la discipline, et se mit à fleurir les wagons, en organisant des sorties, des sauteries, des conférences, auxquelles étaient invités les élèves et leurs familles. (?) A la fin de la deuxième année au collège de Nyons, Boisselier avait été nommé au collège de Cusset, près de Vichy. Avant de partir s’installer, il était venu demander à mon père de m’emmener avec lui (…) « À Cusset (…) cet extraordinaire principal allait faire régner une permanente allégresse, dégeler la discipline, enchanter professeurs et élèves (…) Que serais-je devenu si [mon père] n’avait pas eu la profonde sagesse de me confier à un autre père ? (…) mon séjour dans ce collège comme élève puis comme pion, sous la direction du principal Abel Boisselier, le chef d’établissement le plus extraordinaire que l’Université française ait jamais connu. » Vichy, qui a oublié que l’Histoire avait installé chez lui le régime de Pétain parce qu’il y avait beaucoup d’hôtels et un réseau téléphonique en pointe, a une ville soeur, Cusset, qui a un passé historique, un Tribunal, une prison, des bourgeois cossus, des activités industrielles. Il n’y a jamais eu de lycée à Vichy sauf quelques mois après la Libération où on avait eu l’idée de transformer un immense café, la Restauration, en établissement scolaire qu’on appella assez vite « Lycée Papillon ». On faisait ses études secondaires au Collége de Cusset que dirigeait Abel Boisselier. «Je dois beaucoup à cet homme, ajoute Barjavel. Je ne sais pas ce que sans lui, je serais devenu. Il a pris mon destin scolaire en charge et peut-être mon destin tout court. C’était un personnage exceptionnel très en avance sur son temps. Au collège de Cusset, où il avait été nommé, il avait décidé tout seul que, désormais, les classes seraient mixtes – c’est à dire avec des filles. Or l’Administration n’avait pas suivi. Un jour, on a annoncé au collège l’arrivée d’un inspecteur d’Académie. Il a fallu cacher les filles partout où on le pouvait : dans les placards, dans les caves à charbon. » J’ai connu cette époque et peux témoigner que l’atmosphère était studieuse et – essentiellement- joyeuse et détendue. L’invention de la mixité, alors qu’elle ne fut décidée par les pouvoirs publics que dans les années 60, donnait plus de liberté que de licences. Barjavel avait débuté dans la vie active en étant rédacteur au Progrès de l’Allier, quotidien de Moulins en 1930, à 19 ans. En 1944, Valmy (la bataille du même nom s’étant déroulée autour d’un moulin, il semblait tout indiqué que ce titre naquît à Moulins), Valmy qui avait remplacé Le Progrès fit une campagne pour que le collège de Cusset prît le nom de Lycée Jean Giraudoux. Il faut dire que l’auteur d’Intermezzo avait été chez lui à Cusset : son frère y était médecin, sa mère venait d’y mourir ? c’est là que je l’avais vu pour la première fois. La campagne se solda par un échec. Puis Abel Boisselier prit sa retraite. Il ne s’en remit pas et décéda très vite. Son collège prit alors son nom en devenant un LEP. L’Éducation Nationale a la mémoire courte car le LEP Abel Boisselier est devenu enfin un lycée, le lycée? Valery Larbaud, du nom du grand écrivain connu dans le monde entier qu’il a sillonné, né et mort à Vichy. Il y a plusieurs autres établissements secondaires à Cusset : le lycée de Presles, le lycée professionnel Albert Londres (celui-ci, né à Vichy, fut un journaliste très célèbre et un prix respecté est attaché à son nom) et le collège Maurice Constantin-Weyer. Ce dernier, Prix Goncourt pour Un homme se penche sur son passé, habitait Vichy et le site consacré à son collège le fait naître à Cusset alors qu’il était né à Bourbonne-les-Bains. On en pince donc pour les gens de lettres et on a écarté Abel Boisselier qui faisait corps et âme avec son collège mais il reste au moins dans les mémoires des nombreux garçons (et filles) qu’il a formés. Pour revenir à Barjavel, il faut bien reconnaître que Ravage, le roman qui l’a lancé, est dépassé dans la mesure où la vraie science-fiction qui a fait fortune est infiniment plus « hard » et est essentiellement américaine. L’oeuvre de Barjavel est large et diverse. Elle fait une grande place au journalisme. Au cinéma aussi puisque c’est lui qui a si joliment fait l’adaptation des Don Camillo de Julien Duvivier. René Barjavel est prophète dans son pays. Le collège de Nyons porte son nom, avec brochure à l’appui on a créé un circuit pédestre et, surtout, il y a chaque année, fin août, deux journées René Barjavel avec de nombreuses festivités . On projette le film de Michel Barge, ‘La charrette, elle était bleue‘. Nyons est une ville en pointe et son site Web, a reçu un @, label national ville Internet. Je ne sais trop qui a créé le nom barjavel.com, il veut le vendre ! SEDO met aux enchères le nom de domaine barjavel.com sans site Web . «Le nom de domaine est mis en vente par le propriétaire. Si vous souhaitez acheter le nom de domaine, faites votre offre ci-dessous (votre offre doit être supérieure à 60 euros) ». Un autre site – très nombreux sont ceux consacrés à René Barjavel -, Lexode.com , demande à son public une opinion sur notre auteur et voici ce qu’écrit Pech, 16 ans : «moi g lu « ravage » et c tro bi1 g oci lu « le grand secret » c pa mal oci mé jpréfer « ravage » » Cette écriture, n’est-ce pas aussi de la science-Fiction !