CITE DES SITES : Saint-Pierre et Miquelon, pléthore de sites

Saint-Pierre et Miquelon (SPM) est un microcosme plus que français au large de l’Amérique qui compense son nombre très faible d’habitants par l’abondance des sites Internet.

Un seul grand écrivain aborda jamais ces îles, Chateaubriand, qui s’y plut et écrivit beaucoup à leur sujet. De ces pages de l’auteur des Mémoires d’outre-tombe, on dirait une histoire d’amour ; or, c’en est une : «

Un matin, j’étais allé seul au Cap-à-l’Aigle, pour voir se lever le soleil du côté de la France. Là, une eau hyémale formait une cascade dont le dernier bond atteignait la mer. Je m’assis au ressaut d’une roche, les pieds pendants sur la vague qui déferlait au bas de la falaise. Une jeune marinière parut dans les déclivités supérieures du morne; elle avait les jambes nues quoiqu’il fît froid, et marchait parmi la rosée. Ses cheveux noirs passaient en touffes sous le mouchoir des Indes dont sa tête était entortillée; par-dessus ce mouchoir, elle portait un chapeau de roseaux du pays en façon de nef ou de berceau. Un bouquet de bruyère lilas sortait de son sein que modelait l’entoilage blanc de sa chemise. De temps en temps elle se baissait et cueillait les feuilles d’une plante aromatique qu’on appelle dans l’île thé naturel. D’une main elle jetait ces feuilles dans un panier quelle tenait de l’autre main. Elle m’aperçut: sans être effrayée, elle vint asseoir à mon côté, posa son panier près d’elle, et se mit comme moi, les jambes ballantes sur la mer, à regarder le soleil. Nous restâmes quelques minutes sans parler; enfin, je fus le plus courageux et je dis: « Que cueillez-vous là? La saison des lucets et des atocas est passée« . Elle leva de grands yeux noirs, timides et fiers, et me répondit: « Je cueillais du thé. » Elle me présenta son panier. « Vous portez ce thé à votre père et à votre mêre? – Mon père est à la pêche avec Guillaumy. – Que faites-vous l’hiver dans l’île? – Nous tressons des filets, nous pêchons dans les étangs, en faisant des trous dans la glace; le dimanche, nous allons à la messe et aux vêpres, où nous chantons des cantiques; et puis nous jouons sur la neige et nous voyons les garçons chasser les ours blancs. – Votre père va bientôt revenir? – Oh! non: le capitaine mène le navire à Gênes avec Guillaumy. – Mais Guillaumy reviendra? – Oh! oui, à la saison prochaine, au retour des pêcheurs. Il m’apportera dans sa pacotille un corset de soie rayée, un jupon de mousseline et un collier noir. – Et vous serez parée pour le vent, la montagne et la mer. Voulez-vous que je vous envoie un corset, un jupon et un collier? – Oh! non. » Elle faisait envoler sur sa route de beaux oiseaux appelés aigrettes, à cause du panache de leur tête; elle avait l’air d’être de leur troupe. Arrivée à la mer, elle sauta dans un bateau, déploya la voile et s’assit au gouvernail; on l’eut prise pour la Fortune : elle s’éloigna de moi.» Dans quelles îles enchanteresses se passe cette belle histoire ? On dirait les Mascareignes. Eh bien non, il s’agit bien de Saint-Pierre et Miquelon, dernières terres françaises en Amérique, à 25 kilomètres de Terre-Neuve, îles peuplées de moins de 7000 habitants, soit 300 fois moins que Paris, îles qui ont un député, un sénateur, un préfet, tous à part entière. « Les plus anciens indices archéologiques d’une présence humaine à Saint-Pierre et Miquelon attestent du bref passage d’Inuits en campagne de chasse à la baleine. Cet archipel fut d’ailleurs certainement connu aussi des pêcheurs et des chasseurs basques qui venaient chasser la baleine sur les bancs de Terre-Neuve, bien avant sa découverte officielle le 19 octobre 1520 par le navigateur portugais José Alvarez Faguendes. Baptisé alors îles des Onze Milles Vierges, l’archipel passe sous souveraineté française quand Jacques Cartier en prend possession au nom de François 1er en Juin 1535. Des Français venus de Bretagne, de Normandie et du pays Basque, pêcheurs pour la plupart, fondent Saint-Pierre. Les îles subissent à divers reprises l’occupation anglaise et sont définitivement françaises en 1816.» nous raconte Outre-mer.gouv.fr Un autre site, Grandcolombier.com nous raconte, à travers le film de Victor Stoloff et Edgar Loew Les petites îles de la Liberté, leur Libération le 24 décembre 1941 : « Saint-Pierre et Miquelon sous Vichy est dépeint avec tristesse et désolation (?) La police, contrainte et forcée, se voit devenir l’instrument de surveillance d’un gouverneur paranoïaque. Les ordonnances les plus répugnantes du régime de Vichy sont affichées dans la ville alors que dans les caves la population écoute la radio de Londres. On y apprend les horreurs de l’occupation. Les enfants des écoles de l’île ne restent pas insensibles aux actions politiques de leur maîtresse, résistante de la première heure (?) Et voilà que surgissent, dans le port de Saint-Pierre, des bâtiments de guerre FNFL ! L’Amiral Muselier et son équipage débarquent à Saint-Pierre. Les points stratégiques sont pris : Résidence du Gouverneur, Gendarmerie, la station TSF. Le régime de Vichy est renversé, un plébiscite rapidement organisé. L’annonce du scrutin est faite par Alain Savary, le ralliement à la France Libre est un franc succès» Il était indispensable que, si proche du Canada, ces petites îles ne fussent plus sous la coupe de Vichy tout en restant françaises. C’est à quoi s’employa, d’ordre de de Gaulle, avec qui il ne s’entendait pas particulièrement, l’Amiral Muselier qui avait par ailleurs « inventé » la Croix de Lorraine. Citons pour l’anecdote que son petit-fils, Renaud, est le pittoresque secrétaire d’État aux Affaires étrangères qui a eu un jour ce mot magnifique : « Villepin fait tout, moi, je fais le reste» Il y a très peu d’habitants à Saint-Pierre et Miquelon mais il y a beaucoup de sites Internet qu’énumère GrandColombier.com. Citons en premier Mathurin.com, magazine uniquement disponible en ligne. Il y est fait mention de tout et du moindre fait de société. D’une directrice de crèche coupable de harcèlement moral à l’incendie dans les combles d’une école catholique (il a fallu faire venir un expert de la métropole pour déterminer les responsabilités.) Et imaginez qu’il n’y avait pas un seul vétérinaire. Dieu soit loué, « Les nombreux propriétaires d’animaux étaient désemparés. Tout rentre enfin dans l’ordre. Saint-Pierre et Miquelon a enfin un nouveau vétérinaire» Existe un autre journal virtuel des Saint-Pierrais et Miquelonnais, Cal-Culot, qui édite un numéro de temps en temps en faisant une large place au sport : « -Que pouvez-vous nous dire de l’impact de la résurgence des Sports Basques sur le caillou tant au point de vue sportif que culturel? A.C. : La pelote basque avait conservé ses adeptes : dans les années 40 on jouait l’été après la grand’messe de 10 heures à mains nues, s’il vous plait, et les points étaient chantés. La pratique de la main nue persistera jusque dans les années 70. Les recréations du Collège St Christophe se déroulaient autour du fronton et les plus grands élèves y frappaient la pelote basque, les plus jeunes la balle de tennis. La venue des chalutiers espagnols dans le port de St Pierre dans les années 50 avec beaucoup de basques à bord va prolonger durant quelque temps la pratique à la main nue. Mais la vulgarisation de la raquette de tennis prolongera désormais les mains trop sensibles des jeunes qui n’ont plus à piquer la morue au plain, laver le doris ou travailler dans les jardins. Mais frapper avec toute l’ardeur la balle au mur sur le fronton qu’on disait le plus Nord de la planète (il y a maintenant celui de Miquelon) cela voulait bien dire quelque chose. Remplacer la raquette de tennis par la palla c’était revenir à la vérité première, vers les racines d’une bonne partie de la population. Restent à ranimer derrière le sport les autres manifestations du spectacle basque. Les jeunes bâtons tentent de faire revivre une pratique à éclipse, comme les danses. Il y a quelques années à défaut de cistou, le violon et l’accordéon rythmaient les pas des filles, ce qui étonnait beaucoup quand on le leur disait, les basques de Bayonne ou de St Jean de Luzformation des jeunes du hockey mineur et j’en oublie sans doute quelques-uns. Disons que dans ces allées et venues nous avons eu des retours de qualité mais un manque de quantité. » Je pensais qu’Internet était très répandu dans les foyers SPM. Hélas ! il n’en est rien. Faute d’équipements, la pénétration est aussi difficile que dans certains départements déshérités de France métropolitaine. Ce site Web s’ouvre sur trois gros ?points de suspension, c’est tout dire. SPMinfo.com est un très joli site, très bien illustré et très bien documenté : « La Prohibition: Entre 1920 et 1933 la prohibition imposée aux États Unis fut bénéfique pour Saint Pierre et Miquelon grâce à sa localisation géographique. Ces îles furent fréquentées par de nombreux bateaux qui livraient d’énormes quantités d’alcool et qui étaient ensuite transportées clandestinement dans leur pays voisin anglophone. Al Capone fit même un passage dans ces îles. Ce trafic rapporta beaucoup d’argent à Saint Pierre et Miquelon jusqu’en 1933 où la fin de la prohibition aux États Unis va y entraîner une crise économique. » Sur les rapports de SPM avec ses voisins, revenons à mathurin.com pour une citation du jour « A Terre-Neuve, on n’en dort presque plus, de crainte d’être envahi par Saint-Pierre-et-Miquelon. » (de John Crosbie, en 1983, ancien ministre conservateur canadien, vu l’état des forces armées canadiennes).