Climat : la high-tech américaine vent debout contre Donald Trump

De Mark Zuckerberg à Jeff Bezos en passant par Tim Cook, Satya Nadella et Sundar Pichai, tous les patrons du numérique américain s’opposent aux départ américain des accords de Paris.

« Je quitte mes fonctions de conseiller présidentiel. Le changement climatique est réel. Quitter Paris n’est pas bon pour l’Amérique ou le monde. » Cette fois, Elon Musk n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Par tweet, l’ambitieux fondateur de Tesla Cars et Space X (entre autres) qui pensait pouvoir faire bouger de l’intérieur a rendu son tablier et renonce à sa place dans le conseil économique de Donald Trump. Une façon de se démarquer définitivement de la stratégie de la Maison Blanche, et de son président en particulier, sur les problématiques du réchauffement planétaire.

Elon Musk est loin d’être le seul entrepreneur high tech à prendre ses distances avec la présidence américaine qui vient de se retirer des accords de Paris négociés sur le climat lors de la COP21 en décembre 2015 et signée par 194 pays. Quasiment tous les dirigeants des principales sociétés IT contestent la décision américaine.

Agir avant qu’il ne soit trop tard

« Se retirer de l’accord climatique de Paris est mauvais pour l’environnement, mauvais pour l’économie, et met en péril le futur de nos enfants », regrette Mark Zuckerberg sur sa page Facebook. Qui en profite pour rappeler que chacun des nouveaux datacenters que son entreprise construit est alimenté par des énergies renouvelables. « L’arrêt du changement climatique est quelque chose que nous ne pouvons faire qu’en tant que communauté mondiale, et nous devons agir ensemble avant qu’il ne soit trop tard », rappelle le fondateur du premier réseau social de la planète. On espère avec lui qu’il n’est pas déjà trop tard.

Et ce n’est pas Tim Cook qui le contredira. Dans un e-mail adressé aux employés d’Apple et obtenu par Axios, le dirigeant déclare qu’il a « essayé de persuader [Donald Trump] de conserver les États-Unis dans l’accord. Mais en vain. » La décision des Etats-Unis, « qui tournent le dos au monde » aux yeux d’Emmanuel Macron, ne changera en rien la marche d’Apple. « Je tiens à vous rassurer que les décisions d’aujourd’hui n’auront aucun impact sur les efforts d’Apple pour protéger l’environnement », a écrit Tim Cook. Il fait référence aux opérations de la firme presque toutes alimentées en énergies renouvelables. A commencer par le nouveau siège de Cupertino dont les panneaux solaires seront en mesure de produire une puissance de 17 mégawatts.

Redoubler d’énergie… renouvelables

Sundar Pichai ne dit pas autre chose. « Déçu par la décision d’aujourd’hui. Google continuera à travailler dur pour un avenir plus propre et plus prospère pour tous », déclare sur Twitter le patron de la firme de Mountain View. Même son de cloche du côté de Microsoft. « Nous croyons que le changement climatique est une question urgente qui demande une action mondiale. Nous restons engagés à faire notre part », assure Satya Nadella que l’on croirait inspiré par le Mouvement Colibris. Chez Salesforce, on promet de redoubler d’énergie pour ne pas suivre la vision américaine. « Profondément déçu par la décision du Président de se retirer des accords de Paris, déclare Marc Benioff. Nous allons doubler nos efforts pour lutter contre le changement climatique. »

Jeff Bezos, Jack Dorsey… difficile de trouver une voix de soutien à Donald Trump dans la sphère high-tech américaine. Et même au-delà. Le mouvement de protestation des patrons US dépasse la sphère numérique. Robert Iger, PDG de Disney, et Jeff Immelt, CEO de General Electric, ont fait savoir qu’ils allaient quitter à leur tour le Forum stratégique et politique de Donald Trump, indique ITespresso.fr. Ce qui n’est pas le cas de l’US Chamber of Commerce, le puissant lobby patronal regroupant quelque trois millions de PME, qui affiche son intention « de travailler avec le Président, le Congrès et toutes les parties prenantes pour fournir les innovations et les technologies qui permettront à l’Amérique de remplir ses objectifs environnementaux ». Polluer un peu plus la planète ?


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