Club utilisateurs CRIP: les 'datacenters' grandissent mal

Ce club utilisateurs lancé en 2007 rend public un bilan critique sur les datacenters en France

Dans un bon nombre d’entreprises, les datacenters affichent « complet » ou « saturation électrique »… Le bilan dressé par un des groupes de travail du CRIP -Club des Responsables d’Infrastructures et de Production (*) – récapitule bien les défis qui se présentent aux directions S.I.

Le président de ce club d’utilisateurs, « indépendant des fournisseurs », a profité d’une conférence « Datacenter Perspectives », organisée par HP et Intel ce 24 janvier, pour partager les principaux constats relevés par ses membres réunis récemment en groupe de travail.

Premier constat, 100% de la trentaine de membres du club (*) sont impliqués dans un projet de consolidation de centres de données (datacenters). Et pour 60% d’entre eux, les principaux problèmes rencontrés concernent:

– la surface utilisée

– la capacité de climatisation

– l’énergie électrique

Et pour 30% des sociétés représentées par ce club, un critère nouveau fait son apparition -l’impact environnemental- lequel passe toutefois après les « nouvelles exigences liées à l’international ».

Ces responsables « infrastructure et production » admettent, pour la plupart, qu’ils font face à des technologies impliquant de plus en plus de ressources électriques en raison de la concentration des ressources systèmes (lames, serveurs 10U…) Le ratio actuel s’établit entre 0,5 et 0,7 kW/m2 alors que le besoin actuel, qui est de 1 kW/m2, est en augmentation.

Le fait est, constate Philippe Sersot, que les projets métiers en développement nécessitent plus de puissance.

Dans le même temps, toutes les sociétés optimisent leur organisation, pour une meilleur productivité, en consolidant leurs datacenters, donc en concentrant leurs ressources.

« La rapidité de montée en charge des besoins en termes de puissance de calcul fait que ces sites présentent une limite de capacité électrique plutôt que de superficie« , témoigne le groupe de travail.

Autre doléance: l’évolution des sites actuels ne permet pas de répondre aux projets dans les délais souhaités.

Force est de constater que la disponibilité de surfaces pose problème face à des besoins cruciaux. Conséquences directe: on assiste à une explosion des coûts et à risque d’allongement des délais dans le déploiement des projets (de quelques mois à un an !)

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(*) Après quelques mois d’existence, le CRIP compte déjà une trentaine de membres, personnes morales. (adhésion: 2.500 euros/an). Le président est Philippe Sersot, responsable infrastructure, support technique et télécoms de SILCA (groupe Crédit Agricole), et le secrétaire, Marc Giraud (Essilor). Outre le ‘datacenter’, trois autres domaines d’étude: Technologie (architectures, Métier (RH, compétences), Organisation/processus (méthodes ITL, aspects financiers). Contact: www.itiforums.com/extranet/crip

Evolution du datacenter: 10 grandes tendances, selon le CRIP

Le groupe de travail du club CRIP fait ressortir 10 orientations ou réflexions: 1-la « résilience » (1): des architectures pour se protéger des grands risques On s’oriente vers des sites fonctionnant en mode miroir, sous la pression des exigences réglementaires (délai de reprise), sous l’effet de la concentration des moyens informatiques entraînant une concentration des risques. 1b-la « résilience » (2): concevoir pour couvrir un risque régional; d’où la solution d’un site de secours « minimal » à plus de 200 km, avec réplication asynchrone des données vitales; 2-la localisation; la France est bien placée, plutôt privilégiée (qualité de l’électricité, maintenance…); ailleurs, attention aux cas de sinistres régionaux, attention à la distance minimale entre deux sites miroirs d’une même agglomération; 3-construire ou louer? Le ticket d’entrée est au moins de 1.000 m2. 60% des entreprises représentées au CRIP ont un projet de construction; 4-architecture, agencement interne du site: choix du « tier » 3, 3+ ou 4 ; l’alternance travées froides/travées chaudes peut ne pas suffire 5-le ratio de kW au m2: la tendance est d’aller au 2 kw par m2. Mais 50% des entreprises se situent déjà entre 1 et 3 kW/m2. L’agencement en alvéole est le plus courant (60%) 6-la virtualisation de serveurs est entrée dans les moeurs, même si de grands projets sont encore en cours 7-la virtualisation du réseau monte en puissance 8-la virtualisation de stockage est encore balbutiante 9-refonte fréquente, grands projets organisationnels des DSI, avec une approche transversale multi-métiers de la production informatique (projets selon l’approche ITIL); 10-consolider, mais jusqu’où? Les architectures sont résilientes… en théorie. La consolidation focalise les risques et les impacts d’une rupture de service sont accrus.