Computer Futures : « Il n’y a pas assez d’ingénieurs IT sur le marché français »

En France, les ingénieurs en développement Web sont les profils IT les plus recherchés, mais l’inadéquation entre l’offre et la demande de compétences reste forte. Les explications de Sébastien Franck, directeur du cabinet de recrutement Computer Futures France.

En France, les ingénieurs en développement Web, les spécialistes de Java/J2EE, les professionnels des systèmes embarqués, les devops et les spécialistes du Cloud et du Big Data forment le top 5 des profils IT les plus recherchés, d’après Computer Futures (SThree group). La concurrence que se livrent les employeurs sur des profils experts influence à la hausse leurs salaires. Les ingénieurs connaissent le quasi plein-emploi, mais tous les informaticiens ne sont pas logés à la même enseigne. Les explications de Sébastien Franck, directeur de Computer Futures France.

Silicon.fr : Comment expliquez-vous les difficultés de recrutement dans les métiers IT en période de chômage ?

Sébastien Franck : On assiste à un double phénomène : la montée en puissance du secteur du numérique et la digitalisation des entreprises. Elles sont amenées à se digitaliser pour rester compétitives, quel que soit leur secteur d’activité (banque, assurance, industrie, services…). De plus, dans notre quotidien, les objets connectés et la domotique sont de plus en plus présents. Cela entraîne une forte demande sur des profils spécifiques tels que les ingénieurs en développement Web, mobile et full-stack (Java, PHP) et les spécialistes des systèmes embarqués. La plupart des demandes ciblent des profils dotés de 3 à 10 ans d’expérience et, principalement, des gens déjà en poste. Cela ne facilite pas le recrutement et rend plus complexe la mobilité des candidats.

Peut-on pallier l’inadéquation entre l’offre et la demande de compétences ?

Il n’y a actuellement pas assez d’ingénieurs sur le marché par rapport à la croissance du secteur et aux départs en retraite. Cette tendance va s’amplifier si la France ne forme pas plus d’ingénieurs en informatique chaque année. L’externalisation des développements, en nearshore et offshore, est une des conséquences de cette pénurie d’ingénieurs en développement dans le pays. En France, nous recrutons des chefs de projets qui gèrent les développements réalisés à l’étranger… Pour garder et attirer des centres de R&D, le crédit d’impôt recherche (CIR) est un excellent dispositif, selon moi. C’est grâce au CIR que de grands acteurs du Web et de l’édition de logiciels sont venus ouvrir un département R&D en France.

La guerre des talents impacte-t-elle à la hausse les salaires IT ?

Absolument. On relève entre 8 et 10 % d’augmentation sur des salaires IT en CDI depuis 2013. Les profils les plus demandés (ceux qui ont entre 3 et 5 ans d’expérience) ont donc obtenu entre 5 000 et 10 000 euros d’augmentation sur leur salaire ces deux dernières années. Cela est dû à la forte concurrence entre la France et d’autres pays européens qui payent bien, à l’augmentation des contre-offres d’entreprises pour garder leurs collaborateurs. Et, enfin, à l’arrivée sur notre territoire de sociétés américaines comme Facebook ou SalesForce, qui tirent les salaires du secteur vers le haut.

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