Cyber-espionnage : la Chine réplique aux Etats-Unis avec un audit des produits IT

Après l’inculpation de 5 de ses ressortissants pour piratage aux Etats-Unis, la Chine annonce la mise en place d’un nouveau système d’approbation des produits IT vendus sur son territoire. Une mesure qui vise les industriels américains.

Réponse du berger à la bergère : après les mandats émis par le FBI américain à l’encontre de 5 militaires chinois accusés de « piratage informatique », d’« espionnage industriel » et d’« autres infractions » à l’encontre de six entreprises américaines, la Chine menace de bloquer la vente de certains produits IT. Comprendre des produits américains. L’Empire du Milieu prépare en effet un nouveau « système d’enquête de cybersécurité » auquel devront se soumettre les produits avant d’être vendus sur le territoire de la seconde économie mondiale. Objectif affiché : détecter les systèmes qui permettraient l’espionnage des intérêts chinois par des puissances étrangères.

Selon l’agence de presse officielle Xinhua News Agency, la majorité des produits relatifs à la sécurité nationale ou à l’intérêt général seront concernés. Ce qui semble très large et pourrait toucher tant les matériels (serveurs, routeurs…), les logiciels (OS notamment) que des services en ligne (messageries par exemple). Clairement, la mesure cible les intérêts américains.

Lenovo, Huawei et ZTE sont là

L’inculpation de cinq de ses militaires a provoqué une réponse très ferme du gouvernement chinois, qui a accusé les Etats-Unis d’hypocrisie en référence aux révélations d’Edward Snowden sur les écoutes massives menées par la NSA. Révélations de nouveau brandies pour justifier la mise en place du processus d’approbation, selon le rapport de Xinhua.

Si les détails de ce processus ne sont pas connus, il pourrait aboutir à privilégier des acteurs locaux, comme Huawei, ZTE ou Lenovo, aux dépens des IBM, Microsoft et autre Cisco. Les géants IT chinois ont désormais les armes technologiques pour assurer l’indépendance IT de l’Etat chinois. Notons que les Etats-Unis ont déjà pris des mesures similaires à l’encontre des équipementiers télécoms chinois Huawei et ZTE. En 2012, le congrès américain avait recommandé aux entreprises du pays de ne pas faire appel à ces fournisseurs en raison de leurs liens supposés avec le gouvernement chinois.

Suite aux révélations d’Edward Snowden, les grands industriels IT américains sont en difficulté sur les marchés internationaux, notamment en Chine. Plusieurs études ont tenté d’évaluer le manque à gagner pour l’industrie US : les estimations varient entre 30 et 180 Md$ d’ici à 2016.

Cette semaine encore, John Chambers, Pdg de Cisco, a interpelé Barack Obama pour lui demander de réformer plus drastiquement la politique sur le renseignement. « Nous ne pouvons tout simplement pas fonctionner de cette manière, nos clients nous font confiance pour notre capacité à leur délivrer des produits directement chez eux qui répondent aux normes les plus élevées d’intégrité et de sécurité », écrivait notamment  John Chambers.

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