Datacenters: IBM répond à toutes les demandes et gagne gros

En matière de salles blanches, IBM joue sur tous les tableaux. Il en construit pour ses clients et les accueille dans ses propres centres d’hébergement. Dans tous les cas, une activité florissante

Trois millions de francs de chiffre d’affaires en 1998, 40 millions d’euros en 2007 : l’activité IBM Sites & Facilities de conception et de construction de salles blanches internes en France explose. « Notre croissance sera de 50 à 60 % en 2008 », prévoit Christian Dutordoir, patron de cette entité depuis début 2005. L’hébergement externalisé n’est donc pas seul à prospérer !

L’explication : les entreprises disposaient de salles blanches un peu partout, au risque de multiplier les… risques. Pour les réduire, elles les regroupent et les concentrent, de préférence dans des installations flambant neuves, optimisées, moins voraces en consommation électrique.

« Rien qu’en 2007, explique le directeur d’IBM S&F France, nous aurons fait construire plus de 15.000 m2, dont 10.000 m2 entièrement neufs. En 2008, nous en construirons 20.000 m2 et nous en rénoverons 10.000 autres m2.» L’équipe devra donc être renforcée d’une dizaine de postes d’embauches supplémentaires. Le boom devrait encore durer trois à quatre ans, sous l’effet des réglementations (comme Bâle II), qui obligent les entreprises à répliquer leur site de production et à se doter en outre d’un troisième site de back-up (ou application du PRA, plan de reprise), situé à plus de 200 km des deux premiers. Le marché ne devrait revenir à de simples prestations d’exploitation qu’à partir de 2012.

IBM S&F construit des salles un peu partour en France, à Clermont-Ferrand, Lille, Brest, Rennes, Toulouse…, mais pas à Paris intra muros où le prix du mètre-carré est devenu inaccessible. Ce sont des salles de 1.500 à 2.000 m2 en moyenne, d’un coût de plusieurs dizaines de millions d’euros.

Christian Dutordoir gère également des projets de 2 X 2.000, 4.000, voire 5.000 m2. Les besoins en puissance électrique eux-mêmes s’envolent. De 500 à 600 w/m2 en 2006, ils peuvent être de 1.500 à 2.000 w/m2 désormais.

La virtualisation des serveurs permet certes d’atténuer (de 30 à 40 % en moyenne) cette surconsommation. L’intérêt pour les ‘green data centers’ se confirme nettement depuis six mois. IBM S&F s’en est déjà vu commander trois, de 1.000, deux de 2.000 et deux de 3. 000 m2. « Nous sommes les premiers dans notre secteur à proposer une démarche HQE (Haute qualité environnementale)», souligne Christian Dutordoir, qui préside par ailleurs l’association Racine (Réflexion associative sur les centres informatiques nouveaux et évolutifs) (https://www.assos-racine.fr).

Un data centre HQE pourra combiner des toits et des façades « végétalisés », des éoliennes (pour l’éclairage et les petites consommations électriques internes), le free cooling (production d’eau froide à partir de l’air frais extérieur nocturne), la revente de chaleur (pour chauffer une piscine voisine par exemple)… Le surcoût peut atteindre 20 %, ce qui, avec la consolidation et la virtualisation concomitante des serveurs peut créer des difficultés de financement. Mais certaines banques s’apprêtent à faire des offres appropriées.

Chez IBM, l’offre d’hébergement est par contre portée par la division BCRS (Business Continuity & Recovery Services). Depuis 2004, elle connaît, elle aussi, une croissance à deux chiffres, soutenue pareillement par les réglementations Bâle II. « Les entreprises, détaille Eric Lozingot, responsable Hébergement dans cette division, ont commencé par externaliser leur site de secours ou de réplication. Puis elles ont également externalisé leur production. Maintenant, elles en sont externaliser la production, la réplication et le secours de leurs applications les plus critiques sur trois sites différents pour s’assurer la continuité opérationnelle la plus élevée possible, tout en profitant de la mutualisation des infrastructures électriques et des équipes d’astreinte.»

110 clients répartis sur treize sites (dont sept en région parisienne) sont aujourd’hui revendiqués. Ce sont des sites Tier 3 et Tier 3+, garantissant une disponibilité de 99,9999 %, et pour, le dernier, un site Tier 4, garantissant une disponibilité de quasi 100 %. Là encore, des extensions s’imposent. Un second site sera ouvert au Collégien (77), un autre à Lyon, tous deux de 800 m2. Un troisième pôle, de 3 000 m2 au moins, est à l’étude dans les environs de Marcoussis…

IBM ne cultive aucun a priori. « Toutes les combinatoires sont possibles, complète Eric Lozingot. Nos clients peuvent conserver un site interne, s’adosser sur un second hébergeur, nous confier toute machine, Sun ou HP. Leurs infrastructures continuent de leur appartenir. »

Même latitude dans la délégation des prestations de maintenance et d’exploitation. IBM BCRS peut assurer le déménagement, le câblage, la gestion des courants forts, la simple mise à disposition de m2, l’optimisation des emplacements, les opérations de proximité, l’accompagnement des visiteurs, les sauvegardes en ligne, le secours à froid, les reprises suivant les procédures du client, la remontée en continu des indicateurs climatiques et électriques, la mise à disposition d’espaces de travail temporaires, le respect d’engagements de niveau de service forts, le pilotage de certaines salles ou de la production le week-end…

« Ce n’est plus une activité d’hébergement, résume Eric Lozingot, mais de continuité opérationnelle. Elle profite de toutes les compétences d’IBM et n’est concurrencée que par certains opérateurs télécoms.»