La voiture autonome prête à des sacrifices, mais lesquels ?

Une voiture autonome qui ne pourrait éviter l’accident doit-elle épargner les piétons ou ses passagers ? C’est le sinistre dilemme auquel ont tenté d’apporter des réponses trois chercheurs.

Que fera une voiture autonome confrontée à la traversée soudaine d’une dizaine de piétons ? Sera-t-elle programmée pour les éviter et terminer sa course dans un mur, ou les heurter pour épargner la vie de son ou ses passagers ? C’est le dilemme auquel ont tenté d’apporter des réponses les chercheurs Jean-François Bonnefon de l’Institut d’études avancées (IAST) de Toulouse, Iyad Rahwan du Media Lab du MIT (Institut de technologie du Massachusetts), et Azim Shariff du département de psychologie de l’université d’Oregon.

Leur étudele dilemme social des véhicules autonomes ») a été publiée dans le magazine Science du 24 juin. Elle est basée sur les résultats de tests effectués auprès 1 928 personnes appelées à réagir à différents scénarios dans lesquels une voiture autonome est confrontée à un choix qui se traduirait par la mort d’une ou de plusieurs personnes. Les résultats des ces tests pourraient servir aux équipes en charge de l’algorithme de pilotage d’une voiture autonome.

Le sacrifice oui, pour les autres

Comme ont montré d’autres études portant sur ce genre de problématique (dit « dilemme du tramway »), les répondants préfèrent dans leur majorité (75 %) que le véhicule autopilotée épargne 10 piétons et sacrifie le passager du véhicule, plutôt que l’inverse. Le choix « utilitaire », celui qui minimise les pertes, l’emporte donc… tant que les participants ne sont pas directement impliqués.

En revanche, lorsque le test place les répondants en situation d’acheteurs ou de passagers d’une telle voiture, ou encore lorsqu’ils s’y trouvent avec des membres de leur famille, ces mêmes participants privilégient une voiture qui les protège par tous les moyens, y compris la mort des piétons. Dans ce cas, l’intérêt individuel l’emporte sur l’intérêt collectif.

Les chercheurs se sont également intéressés à la régulation potentielle des voitures autonomes (ces dernières sont censées réduire de 90 % le nombre d’accidents de la route). Les participants semblent peu favorables à une régulation qui imposerait des programmes « utilitaires » et plus encore d’acheter un véhicule qui serait programmé pour sacrifier ses passagers en cas d’accident grave.

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