Le directeur d’Europol s’oppose au chiffrement généralisé

Pour le directeur de l’office européen de police Europol, le chiffrement des communications est sans doute le plus gros problème auquel font face les services de lutte contre le terrorisme.

L’administration Obama et les services de renseignement américains, de la NSA au FBI, ne sont pas les seuls à s’opposer à l’extension du chiffrement par défaut des communications. Le directeur britannique de l’office européen de police Europol, Rob Wainwright, partage ce point de vue, au nom de la lutte contre le terrorisme et de la sûreté européenne.

Interrogé par la BBC la semaine dernière, Rob Wainwright a déclaré que la plupart des enquêtes récentes montrent que les communications cryptées sont au coeur du mode opératoire des terroristes. Ce phénomène « est peut-être devenu le plus gros problème auquel sont confrontées la police et les autorités en charge de la lutte contre le terrorisme », a-t-il expliqué. Il a ajouté que les terroristes exploitent aussi le darknet, en passant par un réseau superposé, Tor par exemple, pour rester anonyme. La nature même du contre-terrorisme s’en trouverait bouleversée.

Europol et NSA, même combat ?

Pour le directeur d’Europol, comme pour ses homologues américains, l’industrie IT doit davantage coopérer avec les autorités sur ce dossier, autrement dit leur assurer un accès aisé aux données. Les entreprises high-tech, qui sont déjà suspectées de franche collusion avec la NSA et ses alliés depuis les révélations d’Edward Snowden en 2013, peinent encore à trouver l’équilibre. Redoutant l’impact économique de la surveillance de masse, elles militent en faveur d’une réforme du renseignement à Washington et à Bruxelles, tout en proposant des garde-fous au public. C’est notamment le cas de Google et Apple. Si Google a finalement renoncé à proposer le chiffrement par défaut sous Android, ça n’est pas le cas d’Apple avec les smartphones sous iOS. Une décision que déplore Europol.

Le développement d’applications de messagerie instantanée cryptées est également un sujet de préoccupation majeur, selon le patron d’Europol, qui se garde bien d’évoquer l’utilisation et/ou le contournement du chiffrement par les services de renseignement eux-mêmes. Il juge, enfin, que les lois actuelles sont « déficientes » et devraient être révisées pour permettre aux autorités en charge des services de sécurité de surveiller tous les espaces du monde en ligne…

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