DSI: le Gartner lance le concept d »architecture de l'émergence »

Lors d’une conférence qui se tiendra à Londres les 14 et 15 septembre, le cabinet d’études Gartner présentera une nouvelle « démarche », appelée ‘Emergent architecture’ (EA)… Place au concept!

Cogito ergo sum… Les bons conseilleurs n’étant pas les payeurs, ils ont tout le loisir de phosphorer, par exemple sur les nouvelles approches en matière d’organisation et de prise de décision… Pourquoi pas.

Le célèbre cabinet de conseil propose une réflexion sur les nouveaux enjeux du métier d' »architecte du SI  » – métier reconnu comme critique – ne serait-ce qu’en raison de la difficulté de recruter ce type de profil!

Il devient un EA ou « architecte de l’émergence »…

La principale caractéristique de cette démarche se traduit par des recommandations coulant de source ou, disons, assertoriques, souvent prosaïques, dont l’une est résumée ainsi par son auteur, Bruce Robertson, vice-president chez Gartner: « Architecturer les lignes [lines] pas les boîtes[boxes] »… ce qui veut signifier: « Gérer et agencer les connexions entre les différents sous-ensembles des activités métier plutôt que les sous-ensembles de l’activité eux-mêmes« …

La seconde remarque concernant cette « nouvelle approche » est qu’elle présenterait l’avantage de « modèler toutes les relations en tant qu’interactions à travers certaines types d’interfaces, lesquelles peuvent être totalement informelles ou manuelles, comme, par exemple, envoyer des invitations à une en les écrivant à la main et en les envoyant par la poste … [!] – jusqu’à être très formelles et totalement automatisées, comme des transactions de paiement par cartes bancaire via le réseau Visa… »

Dans cette perspective, le Gartner identifie 7 « propriétés » différenciant ce concept d' »architectures émergentes » des autres, dits classiques ou « traditionnels »:

1. « non-déterministique« : dans le passé, les architectes d’entreprise s’attachaient à des prises de décision centralisées pour concevoir les orientations futures ;

« En utilisant une architecture émergente, ils doivent au contraire décentraliser les prises de décison pour permettre l’innovation« ;

2- des acteurs autonomes: les architectes d’entreprise ne peuvent plus contrôler tous les aspects de l’architecture comme ils le faisaient auparavant. Ils doivent désormais reconnaître et considérer l’écosystème métier de leur organisation comme plus large et doivent allouer des ressources, ou « contrôle », aux sous-ensembles « constituants « ;

3 –des acteurs collés aux règles: jusqu’ici, les architectes d’entreprise fournissaient des spécifications détaillées de conception/réalisation et mise en chantier pour tous les aspects touchant à l’architecture d’entreprise. Aujourd’hui, ils doivent plutôt « définir un ensemble de régles minimal et ouvrir des choix possibles« ;

4 –des acteurs guidés par des objectifs cibles: auparavant, les seuls objectifs qui comptaient étaient les objectifs ‘corporate’. Aujourd’hui, on assiste à « un glissement vers des situations où « chaque « constituant » agit dans son propre et meilleur intérêt« ;

5 – des influences locales : les acteurs sont désormais influencés par les interactions locales et par de l’information limitée. « Le ‘feedback’ [retour d’information] dans leur propre sphère de communication altère le comportement des individus. Aucun acteur individuel ne dispose de toutes les données à propos d’un système émergent« . L’EA doit donc « s’attacher à coordonner de plus en plus« ;

6- des systèmes dynamiques et adaptifs: les systèmes (acteurs individuels aussi bien que l’environnement) changent avec le temps. L’EA doit concevoir le sens à donner et les orientations du système émergent et répondre au changement dans l’environnement concerné.

7 – un environnement à ressources restreintes : un environnement « d’abondance » ne permet pas l’émergence; à l’inverse, « la restriction des ressources tire l’émergence« .

Pour conclure ce topo, le Gartner estime que cet « architecte de l’émergence » doit être prêt à « embrasser l’inversion du contrôle » ou, disons, du pilotage. Là où, dans le passé, il contrôlait toutes les prises de décision, il doit désormais accepter le fait que les unités métier réclament plus d’autonomie. Ainsi, il doit comprendre que les utilisateurs demanderont de plus en plus à pouvoir utiliser leurs outils personnels; autre constat à faire : il y a une pression accrue pour une intégration plus grande des partenaires et des fournisseurs ; les « clients » demandent d’accéder à l’information à partir des technologies de leur choix, et les « régulateurs » exigent toujours plus d’informations.

« Le style ‘top-down’ traditionnel fonctionnait bien lorsqu’il était appliqué à des fonctions certes complexes mais bien déterminées« , observe le vice-président du Gartner, – c’est à dire des artéfacts humains, comme l’avion, le bateau, le bâtiment, l’ordinateur ou le logiciel… Il fonctionne mal quand il est appliqué à une très large variété de domaines, car les comportements et évolutions sont « de moins en moins prédictibles« . La démarche traditionnelle finit par « restreindre la capacité d’un domaine émergent à évoluer« , car « il n’est jamais possible de prédire – et d’architecturer en conséquence – tous les axes possibles d’évolution« .

Accrochons-nous… mais il y a là sans doute là quelques idées nouvelles à mûrir!