Effet Snowden : le gouvernement allemand met fin à un contrat avec Verizon

Suite aux révélations sur l’espionnage de la NSA, le gouvernement allemand met fin à un contrat passé avec Verizon. Pour le confier à Deutsche Telekom. L’effet Snowden a encore frappé…

L’opérateur américain Verizon peut désormais témoigner des effets très concrets des révélations d’Edward Snowden sur son activité. Le gouvernement allemand vient en effet d’annuler un contrat passé avec la société dans le cadre du réexamen global de ses communications internes. Une remise à plat qui fait suite aux révélations de Snowden sur l’espionnage généralisé de la NSA. Les documents dévoilés par l’ex-consultant de l’agence de Fort Meade avaient montré que les Etats-Unis espionnent ou ont espionné massivement l’Allemagne, y compris les communications mobiles de la Chancelière Angela Merkel.

Suite à ces révélations, les autorités d’outre Rhin ont demandé au gouvernement américain des assurances quant à l’arrêt des opérations d’espionnage ciblant les alliés des Etats-Unis. Sans obtenir, apparemment, de garanties suffisantes.

Deutsche Telekom récupère le bébé

« Les liens révélés entre les agences de renseignement et les sociétés privées dans le sillage de l’affaire relative à la National Security Agency américaine (NSA) montrent que le gouvernement allemand a besoin d’un très haut niveau de sécurité pour ses réseaux critiques », explique le ministre de l’Intérieur allemand dans un communiqué. Sous-entendu, Verizon n’est pas à même d’offrir le niveau requis.

L’opérateur américain fournit depuis 2010 l’infrastructure télécoms du gouvernement allemand, utilisée pour les communications inter-ministérielles. Le contrat, dont le montant n’a pas été précisé, devait courir jusqu’en 2015. Les prestations seront dorénavant confiées à l’opérateur national, Deutsche Telekom, qui prend déjà en charge les communications les plus sensibles du gouvernement d’outre Rhin.

L’argument bancal de Verizon

De son côté, Verizon a assuré n’avoir reçu en 2013 aucune demande du gouvernement américain relative à des données stockées hors des Etats-Unis. La société ne précise toutefois pas si elle a reçu des demandes de ce type au cours des années précédentes. « Le gouvernement américain ne peut pas nous obliger à produire des données de clients stockées dans des datacenters hors des Etats-Unis, et s’il s’y essaye, nous contesterons cette position devant la justice », a ajouté la société.

Manque de chance : l’argument de Verizon… ne tient pas. En tout cas, en l’état actuel du droit américain. Dans le cadre d’une affaire impliquant Microsoft (sommé par le gouvernement US de fournir des données hébergées en Irlande), un juge fédéral américain a estimé qu’une société ne peut s’opposer, en raison d’un texte appelé le Stored Communications Act s’appliquant aux fournisseurs de service Internet, à une réquisition de données stockées hors des Etats-Unis. Microsoft, rejoint par d’autres industriels IT, semble décidé à contester cette décision. Quitte à épuiser tous les recours possibles.

Un jusqu’au-boutisme logique tant la menace pesant sur les industriels IT américains est grande. La société d’études Forrester Research évalue le manque à gagner pour l’industrie IT américaine à 180 milliards de dollars d’ici deux ans. Soit 25% des revenus globaux de ladite industrie. Les clients étrangers mais aussi américains se détournant de fournisseurs IT américains pour l’hébergement web, le Cloud et l’infogérance…

En complément :

– Notre dossier : Tout sur l’arsenal secret des espions de la NSA