L’épuisement d’adresses IPv4 profite au marché noir

Des escrocs recherchent des adresses IPv4 dormantes et tentent de se faire passer pour leur administrateur légitime. D’autres créent des sociétés fictives pour les revendre sur le marché noir.

Après les registres d’Asie en 2011 et d’Europe en 2012, le registre Internet régional américain Arin (American Registry for Internet Numbers) a annoncé en septembre 2015 l’épuisement de ses derniers blocs d’adresses IPv4. Depuis, l’Arin presse les organisations basées en Amérique du Nord de se tourner vers l’IPv6, mais son taux d’adoption reste encore faible à l’échelle mondiale. En Amérique du Nord, les entreprises de la région qui espèrent toujours obtenir une adresse IPv4 inutilisée peuvent s’inscrire sur une liste d’attente gérée par l’Arin ou bénéfificer d’un transfert d’adresses IPv4 entre organisations. Mais l’attente est longue, et la pénurie profite au marché noir.

Doublement des incidents depuis 2015

La semaine dernière, lors d’une conférence des opérateurs de réseaux nord-américains (NANOG), Leslie Nobile, directrice Global Registry Knowledge de l’Arin, a expliqué que des escrocs effectuent une recherche parmi les réseaux existants d’adresses IPv4 dormantes dans l’espoir de se faire passer pour leur propriétaire légitime. En l’absence d’administrateur (pas de point de contact valide), ils peuvent usurper les noms de sociétés disparues ou utiliser d’autres noms pour s’attribuer les adresses IPv4 en question. Et tenter ensuite de les vendre à d’autres entreprises. Seuls 50 incidents de ce type auraient été découverts entre 2005 et 2015 par l’Arin. Mais 25 d’entre eux l’ont été depuis l’annonce, en septembre 2015, de l’épuisement du stock d’adresses IPv4 en Amérique du Nord…

Une autre méthode consiste pour des fraudeurs à enregistrer des sociétés fictives qui déposeront une demande auprès de l’Arin. Les adresses IPv4 obtenues par ce biais seront revendues ou utilisées pour l’envoi de spams. Nobile a ajouté lors de son intervention (voir la vidéo) qu’environ 150 organisations demandent des adresses chaque mois, et que certaines préfèrent se fournir sur le marché noir en adresses IPv4 plutôt que de rejoindre les 350 entités inscrites sur la liste d’attente.

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