L’espionnage de la NSA coûte plus cher que prévu à l’industrie US

Les écoutes massives de la NSA (National Security Agency) auront un impact à long terme sur les recettes des poids lourds américains du secteur IT, fournisseurs de Cloud en tête.

L’espionnage de masse pratiqué par la NSA avec la complicité de grands groupes de technologie américains coûterait des dizaines de milliards de dollars de revenus à la filière IT américaine. L’estimation publiée il y a quelques mois par l’ITIF (Information Technology and Innovation Foundation) était comprise entre 22 et 35 milliards de dollars d’ici à 2016. Mais l’EFF (Electronic Frontier Foundation) estime que la facture sera bien plus salée, se rapprochant des 180 milliards de dollars avancés par Forrester Research.

Un impact à long terme sur l’industrie IT

D’après Mark M. Jaycox, analyste de l’EFF interrogé par VentureBeat, les programmes phares de la NSA, comme l’installation de portes dérobées (backdoors) dans du matériel informatique de marque américaine destiné à l’exportation, se poursuivront bien au-delà de 2016, et ce malgré le scandale qui a éclaté en juin 2013 avec les premières révélations d’Edward Snowden. Les choix à venir de la NSA dépendront de son budget, ajoute l’expert. Un budget estimé à 10,5 milliards de dollars sur l’exercice fiscal 2013.

Les activités de l’Agence nationale de sécurité US auront donc un impact à long terme sur les recettes des poids lourds américains de l’IT, acteurs du Cloud Computing en tête (Amazon Web Services, Microsoft, Google, Cisco, etc.). « Les programmes gouvernementaux qui fonctionnent continueront, ceux qui ne fonctionnent pas vont être arrêtés. Par la suite, ils en essaieront de nouveaux », a assuré Mark Jaycox. La poursuite des activités de la NSA n’a rien de surprenant. La réforme du renseignement américain engagée par l’administration Obama vise avant tout à apaiser le public et les partenaires commerciaux des États-Unis. Washington ne veut pas révolutionner ses services secrets, mais garder le contrôle sur l’information  au nom de la sûreté nationale et de la lutte anti-terroriste.

Un boulevard pour Huawei ?

« L’espionnage de la NSA a impacté les fournisseurs de Cloud, les opérateurs télécoms, les éditeurs de logiciels et d’autres entreprises américaines », a souligné l’analyste de l’EFF. En mai dernier, John Chambers, le CEO de Cisco, parlait déjà « d’un problème qui affecte tout un secteur ». Le dirigeant de l’équipementier réseau américain avait exhorté le président Obama à mettre en place un nouveau « code de conduite » pour les services de renseignement.

« Nous ne pouvons tout simplement pas fonctionner de cette manière, nos clients nous font confiance pour notre capacité à leur délivrer des produits directement chez eux qui répondent aux normes les plus élevées d’intégrité et de sécurité », expliquait alors John Chambers. Il est nécessaire de restaurer la confiance, car Internet est menacé de fragmentation, avait-il ajouté.

Selon un ancien agent de la NSA contacté par VentureBeat, de nombreux clients d’entreprises américaines du matériel et du logiciel ont cherché des solutions alternatives auprès d’autres acteurs, parmi lesquels l’équipementier chinois Huawei, lui-même soupçonné par Washington de favoriser des opérations d’espionnage initiées par le gouvernement chinois.

crédit photo © Gajus – shutterstock


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