Eurostar prend l’express pour le Cloud

Sous la houlette de son DSI, Eurostar se convertit à vitesse grand V aux solutions Cloud : Salesforce, Box, Okta, AWS ou Azure. Le tout à budget constant.

Un fonctionnement à 100 % dans le Cloud ou presque. Arrivé depuis deux ans à la tête de la DSI d’Eurostar, l’entreprise ferroviaire exploitant les liaisons entre la France, la Belgique et l’Angleterre, en provenance de Corsair International, Antoine de Kerviler aiguille la compagnie détenue à 55 % par la SNCF vers le tout-Cloud. « Même si fondamentalement la démarche de la DSI ne changera pas avec cette transformation, le Cloud va nous permettre d’aller plus vite dans le déploiement de nouveaux services », justifie le DSI. Bref, il s’agit d’éviter l’effet tunnel dans une société dont l’activité est précisément basée sur l’exploitation… du plus long tunnel sous-marin au monde.

Cette transformation, décidée il y a environ 12 mois et qui prendra encore un an avant d’être pleinement mise en œuvre, doit s’effectuer à budget constant, tout en supportant une croissance de l’activité d’environ 10 % par an, ajoute le responsable des systèmes d’information. Eurostar dépense entre 1,5 et 1,7 % de son CA sur l’IT.

De Alfresco à Box en six semaines

Au cœur de cette nouvelle donne, on retrouve notamment Salesforce, qui a supplanté un grand nombre d’outils utilisés auparavant par le centre d’appels. La solution Saas concentre désormais toutes les fonctions de gestion de la relation client. Mais aussi le système d’authentification unique Okta. Les Iaas publics AWS (pour l’application mobile) et Azure. Sans oublier le système de stockage dans le Cloud de Box, qui vient remplacer la gestion de contenus d’Alfresco.

de Kerviler
Antoine de Kerviler

« La réglementation oblige nos managers de train et conducteurs à avoir accès à une documentation technique à jour (y compris lorsqu’ils sont à bord des trains, NDLR). Or, l’application mobile d’Alfresco souffre d’un certain nombre de limites, explique Antoine de Kerviler. C’est un outil complexe d’utilisation et sur lequel il faut ré-entrer les paramètres de connexion lors de chaque mise à jour de l’application. On a donc cherché un outil plus simple et déployable rapidement. » C’est ce constat de départ qui oriente l’entreprise ferroviaire vers Box, dont la solution répond aux prérequis (fonctionnement multi-plateformes, traçabilité des interventions, workflow…) et se déploie rapidement. En six semaines, la transition est effectuée.

Depuis février dernier, tous les utilisateurs ont accès au système de stockage dans le Cloud, qui a aussi permis de mettre un terme aux usages non contrôlés de partage de données. « Les quelques centaines de documents sont organisés au sein de dossiers, une structure familière aux utilisateurs. Certains serveurs Alfresco ont déjà été décommissionnés, d’autres perdurent car la solution de gestion documentaire est exploitée pour d’autres usages au sein d’Eurostar », détaille le DSI. Selon ce dernier, le déploiement de la solution– y compris quelques semaines de conseil auprès de Box – et son exploitation ne coûtent pas plus cher que le budget consacré auparavant à la solution Alfresco.

Bureautique Cloud : Microsoft ou Google ?

Prochaines étapes, prévues au premier trimestre 2016 : le transfert des sauvegardes des postes utilisateurs et des dossiers partagés dans Box. « Il n’y aura plus besoin de passer par le Service Desk pour créer un accès à un nouvel utilisateur », remarque Antoine de Kerviler, la DSI ayant prévu d’exercer un contrôle en aval, sur la base d’un reporting des accès et dossiers partagés. Box doit également être intégré à la solution bureautique Cloud qu’Eurostar est en passe de choisir. La compagnie ferroviaire, qui emploie quelque 1 700 personnes, a mis en concurrence Microsoft et Google sur ce sujet. Après la bureautique, l’ERP maison devrait lui aussi rejoindre le Cloud, via un déploiement contrôlé par Eurostar sur le Iaas. « Nous étudions les questions de licences, mais l’objectif est bien une migration », précise notre interlocuteur.

Eurostar2« Notre contrat de colocation de datacenter s’arrête en 2016. Il ne sera pas renouvelé à l’identique », assure le DSI. Objectif clairement fixé : réduire au maximum le nombre de serveurs qu’administre la DSI et, si possible, vider le datacenter. « Même si nous conserverons quelques serveurs dans nos locaux, par exemple pour les applications de vidéosurveillance. » Pour Antoine de Kerviler, le nouvel environnement basé sur les prestataires Cloud est mieux sécurisé que celui qu’exploitait auparavant l’entreprise. « On préférerait bien sûr que les données soient stockées en Europe », glisse tout de même le DSI. Box et Salesforce ont certes annoncé des projets en ce sens, mais ceux-ci ne sont pas encore intégrés dans leurs offres commerciales ou les datacenters permettant de les supporter ne sont pas encore sortis de terre. Antoine de Kerviler souligne toutefois la réactivité de ses prestataires : « quand le Safe Harbor est tombé, Salesforce nous a fourni une réponse dès le lendemain, sous la forme d’une nouvelle clause contractuelle ». En collaboration avec le RSSI, le DSI envisage aussi de mettre en place des outils d’analyse comportementale, comme SkyHigh ou Netskope, afin d’auditer le trafic et d’y détecter des anomalies. « On veut se baser sur les principes qu’emploient les grands services du Cloud », dit-il.

« Ils n’écoutent plus »

Excepté la solution Dell Boomi (employée pour l’intégration), c’est un SI repeint tout entier aux couleurs des nouveaux fournisseurs du Cloud que dessine par petites touches Antoine de Kerviler. « Les éditeurs traditionnels ont durci leur attitude commerciale et ont perdu leur vision au cours de ces dernières années, analyse-t-il. Contrairement à Box ou à Okta, ils n’écoutent plus ce que disent leurs clients. Dans l’écosystème du Cloud, c’est différent, avant tout parce que ce n’est pas très difficile de changer de fournisseur à la fin d’un contrat ».

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