Externalisation : les grandes entreprises embarquent le Cloud public

Volontiers attentistes dans un premier temps, les grandes entreprises européennes se convertissent aux contrats de type As-a-service. Ces derniers pèsent désormais 27 % du marché de l’externalisation dans son ensemble.

Le Cloud prend du poids sur le marché de l’outsourcing en Europe. Au premier trimestre 2017, selon le cabinet de conseil ISG, la valeur annuelle des services Cloud dans les contrats signés sur la période a dépassé pour la première fois la barre du milliard d’euros. Pour atteindre 1,2 Md€ précisément. Signe d’une forme de banalisation du Cloud dans le sourcing des grandes entreprises (l’étude d’ISG se concentrant sur les seuls contrats d’externalisation de plus de 4 millions d’euros). Même si le marché de l’externalisation n’est pas encore à dominante Cloud (il pèse 3,9 Md€ sur les trois premiers mois de 2017), cette composante progresse d’environ 50 % en un an, expliquant à elle seule le dynamisme du marché dans son ensemble. Ce dernier enregistre, selon ISG, la seconde meilleure performance de son histoire, derrière le quatrième trimestre 2015 qui avait culminé à 4,2 Md€.

ISGindex_Q1_17« Presque toutes les grandes entreprises ont mis en place une plateforme de Cloud privé, hébergeant des volumes importants. Aujourd’hui, ces mêmes entreprises réfléchissent à utiliser les avantages du Cloud public, en particulier en raison de ses coûts attractifs. Un développement qui ne faisait pas partie de leurs priorités voici seulement un an », explique Lyonel Rouast, associé et président d’ISG en Europe du Sud. Selon ce dernier, les DSI n’hésitent plus à aller piocher dans les catalogues d’AWS, Google ou autre Microsoft Azure pour optimiser leurs coûts de fonctionnement. Y compris au sein du CAC 40. « En France, ce n’est plus tabou », ajoute cet expert habitué des négociations de contrats d’externalisation. Un engouement nouveau pour le Iaas qui vient se greffer à l’attrait des entreprises pour les solutions Saas, un phénomène qu’on observe déjà depuis de nombreux trimestres.

Cloud : l’Europe à la traîne

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Lyonel Rouast

Pour Lyonel Rouast, cette progression rapide des offres de type As-a-service s’explique aussi par les efforts des prestataires. Qui seraient aujourd’hui plus enclins à accepter des SLA (accords sur les niveaux de service) adaptés aux besoins de leurs grands clients, plutôt que de tenter d’imposer des accords standards à tous crins. « Le rapport de force se déplace vers un moins mauvais déséquilibre », ironise le dirigeant d’ISG. De même, l’ouverture de datacenters en France – annoncée par AWS et Microsoft (IBM étant déjà dans ce cas) – devrait encore favoriser l’acceptation par les grands groupes. « Mais l’effet de ces implantations devrait seulement se faire sentir dans le courant de 2017 », assure Lyonel Rouast. Qui précise également que le marché dispose d’un certain recul sur les contrats de Iaas, quatre grandes entreprises françaises ayant signé des contrats de ce type voici un an maintenant.

Un ensemble d’éléments qui pourraient bien annoncer une croissance très rapide des grands contrats dans le Cloud au cours des prochains trimestres. D’autant que la zone Amériques ou l’Asie sont aujourd’hui largement plus avancées dans le déploiement de ce type de contrat que ne l’est l’Europe, si on se fie à l’ISG Index. Au premier trimestre, les contrats de type As-a-service pèsent plus de deux tiers du total en Asie (un marché, il est vrai, limité à moins d’un milliard d’euros sur la période). Mais, sur la zone Amériques, le Cloud représente déjà près d’un dollar dépensé sur deux par les grandes entreprises dans l’externalisation. Et, de l’autre côté de l’Atlantique, on parle d’un marché de 4,5 Md€ au premier trimestre 2017.

Nul doute que les 27 % générés par le As-a-service sur la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique sont appelés à croître encore de façon significative. Voici seulement un an, la part du Iaas et du Saas dans le marché de l’outsourcing était limitée à 20 %.

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