Fadi Chehadé va quitter la direction de l’ICANN

Le CEO de l’ICANN a créé la surprise avec l’annonce de son départ de l’instance en charge de la gestion des noms de domaine. Il quittera ses fonctions en mars 2016 avant l’émancipation de l’institution à la gouvernance américaine.

C’est par un communiqué de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers ) a annoncé que Fadi Chehadé a informé le conseil d’administration qu’il quitterait ses fonctions en mars 2016. Fadi Chehadé a été nommé à la tête de l’instance en charge des noms de domaine Internet il y a 3 ans et son contrat devait se terminer au 30 juin 2017. Le dirigeant va entamer une autre carrière dans le secteur privé et a précisé pour éviter tout conflit d’intérêt que cet emploi sera en dehors du secteur des noms de domaines.

Une transition IANA sous pression

Cette décision pose plusieurs questions. La première est que le départ de Fadi Chehade intervient dans une période de tension sur le transfert des compétences de l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority), gestionnaire technique de l’Internet. En effet, historiquement cette autorité est sous tutelle américaine et après plusieurs années de diplomatie, les Etats-Unis ont accepté l’idée d’une gouvernance plus large. Il reste cependant des résistances outre-Atlantique sur la représentation de la gouvernance mondiale de l’Internet. Au mois d’octobre dernier, Penny Pritzer, la secrétaire au Commerce des États-Unis, soutient le projet d’un régulateur tourné vers « la communauté internationale toute entière ». Mais « les États-Unis ne permettront pas qu’Internet au niveau mondial soit récupéré par un individu, une entité ou une nation cherchant à imposer sa propre vision du monde ».

Le contrat liant les américains à l’IANA se termine à la fin 2015, mais le gouvernement de Barack Obama a demandé un délai supplémentaire pour aboutir soit au mois de mars 2016 (l’ICANN ayant une conférence à Marrakech du 6 au 11 mars), soit au 30 juin 2015. Fadi Chehadé ne sera donc pas là pour assurer cette transition clé dans l’histoire de l’ICANN. Les pressions des américains auraient-elles trop fortes ?

Un recrutement très diplomatique

Le travail de Fadi Chehadé depuis son arrivée à l’ICANN a été salué par l’ensemble des acteurs. Il a été celui qui a remis à plat les procédures pour l’attribution des extensions des noms de domaine avec des succès sur le plan financier (le .app pour 25 millions de dollars) et quelques grincements de dents, comme le .vin. Sur le plan organisationnel, il a insufflé une certaine décentralisation du pouvoir de l’ICANN avec des instances par grandes régions du monde. Pour autant, les critiques n’ont pas été exemptes sur son exercice solitaire du pouvoir et le recrutement des personnes ayant déjà travaillé avec lui par le passé.

Avec ce départ et surtout cette annonce rapide, la question du recrutement d’un successeur va être au centre de toutes les attentions. Si pour l’instant aucun nom n’a été donné, la nationalité du prochain dirigeant va être un élément diplomatique important (proche des Etats-Unis, des non-alignés comme le Brésil, issus des Nations-Unies, etc). Le board de l’ICANN a voulu se donner 10 mois pour rechercher la perle rare pour assurer la transition dans les meilleures conditions.

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