Fibre : l’Arcep ne veut pas laisser le monopole d’investissement à Orange

Pour Sébastien Soriano, il n’est pas question d’arrêter Orange dans la course à la fibre mais de faire sauter certains verrous pour les autres opérateurs.

« Je suis surpris de la réaction très forte d’Orange », a avoué Sébastien Soriano ce matin au micro de Stephane Soumier sur BFM Business. Le président de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) faisait référence à la vive réaction des dirigeants d’Orange et des syndicats qui, à travers la CFE-CGC, en appellent à l’intervention du gouvernement « pour qu’il remette l’Arcep dans le droit chemin ». D’autant plus surpris que « nous travaillons sur un petit complément, pas sur une remise en question totale de la réglementation mais une mesure chirurgicale, millimétrée, sur laquelle nous demandons un effort à Orange », a poursuivi l’invité.

Cet effort est, notamment, celui de permettre aux opérateurs alternatifs d’accéder à la fibre des immeubles dans lesquels l’opérateur historique s’est majoritairement déployé dans les zones denses de par ses investissements massifs. Investissement dont il souhaiterait bien, à l’heure du déploiement du très haut débit en France, tirer les marrons du feu. Ce que la probable prochaine réglementation du gendarme des télécoms ne lui permettrait pas. Ce que conteste Sébastien Soriano : « Il ne s’agit pas de sanctionner cet investissement mais de trouver des relais, des compléments à l’investissement d’Orange, qui viendra des autres opérateurs. »

Ne pas arrêter Orange

A condition qu’ils puissent avoir accès aux logements des abonnés finaux. « Nous constatons que les autres opérateurs font fasse à un certain nombre de verrous, argumente le président de l’Autorité. La réglementation impose un seul opérateur qui déploie la fibre dans les immeubles. Or, aujourd’hui, Orange est très en avance et les autres opérateurs n’arrivent pas à raccorder les pieds d’immeubles. […] Pour la fibre, il faut partager l’effort d’investissement. C’est un combat de l’ensemble du secteur des télécoms pour raccorder l’ensemble des Français. [Et] plus il y aura d’abonnés à la fibre et plus la rentabilité sera au rendez-vous. La fibre est une affaire de longue haleine, un plan de plus de 10 ans avec 20 milliards d’euros d’investissements. Il faut qu’il s’accélère. »

Pour autant, « il est hors de question d’arrêter Orange ». La mesure envisagée par l’Arcep doit simplement « débloquer un verrou pour que tout le monde puisse investir. On ne peut pas accepter de donner un monopole d’investissement à Orange ». D’ailleurs, le régulateur se dit près à arrondir les angles. « Si demain Orange avance sa propre initiative pour régler le problème peut-être qu’on considérera simplement d’accompagner le mouvement », a conclu Sébastien Soriano. Le dialogue avec Orange reste ouvert.


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