Fibre optique en France: l’Avicca craint une fracture gigantesque du très haut débit

Le manque de transparence dans les projets de déploiement de la fibre optique tisse la toile d’une nouvelle fracture numérique en France, selon l’Avicca.

La fibre est mal partie en France. Tel est l’inquiétant constat de l’Avicca, l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel. Le syndicat qui regroupe communes et collectivités territoriales au travers de l’aménagement des réseaux de communication est au premier plan pour constater l’évolution du très haut débit sur le territoire français.

Et, selon son président, Yves Rome, « Les annonces de déploiement des opérateurs en matière de déploiement de fibre optique révèlent l’ampleur de la fracture numérique à venir », laquelle risque d’être beaucoup plus conséquente que celle qui a caractérisé la montée du haut débit lors de la première décennie du 21e siècle. Et ce ne sont pas les récentes annonces des opérateurs qui peuvent rassurer, bien au contraire.

« Même les annonces sur les communes « rentables » travestissent la réalité constatée : des pans entiers de leurs territoires sont délaissés, souligne le représentant de l’association. Il est nécessaire d’obtenir d’abord une transparence sur les annonces, puis de prendre les mesures pour assurer une couverture complète. »

Trop de questions en suspens

Selon l’Avicca, il reste trop de questions en suspens pour garantir un déploiement du très haut débit équitable. Quid du fibrage des immeubles d’entreprises face aux très rentable marché des liaisons professionnelles sur le réseau cuivre? Les dates de fibrage annoncées concernent-elles le début ou la fin des travaux? Et qui paiera le raccordement des derniers mètres sachant que « les opérateurs envisagent d’arrêter la couverture horizontale à 100, voire 150 mètres des pavillons et petits immeubles »?

Selon l’Avicca, « les élus seront vite interpellés par les professionnels et les habitants qui ne seront pas fibrés ». Autre inquiétude, les 20 % des zones les moins denses comptent pour la moitié des coûts de déploiement. « Les opérateurs ne terminent jamais la couverture d’une ville, mais vont écrémer la suivante ». Le risque de poches sans fibre dans les zones fibrées sont bien réelles.

Seule solution selon l’association, « une intervention publique massive ». Les 2 milliards promis par le gouvernement pour lancer les projets de déploiement par les opérateurs privés n’y suffiront pas. « Il est nécessaire d’obtenir d’abord une transparence sur les annonces, puis de prendre les mesures pour assurer une couverture complète », revendique Yves Rome. Le Sénat doit examiner demain, jeudi 10 février, les textes permettant cette transparence sur les réseaux des opérateurs. Pas sûr pour autant que la chambre parlementaire aille dans le sens réclamé par l’Avicca. Pourtant, « il s’agit d’avertissements sérieux : les élus ne veulent pas de la fracture numérique du Très haut débit », prévient l’association.