Forum Stockage (2) : qui se préoccupe des données?

Tour d’horizon sur les solutions et tendances observées lors de la 8è édition de salon spécialisé. Et une étude IDC confirme l’état d’esprit des DSI face aux enjeux du stockage de données

Nous connaissons tous le paradigme du verre à moitié vide ou à moitié plein… A propos de la continuité de service après sinistre, sujet tant rabâché auprès des directeurs informatiques, une récente étude réalisée au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, montre que plus de la moitié des entreprises (53%) n’ont toujours pas de plan de reprise d’activité. Réalisée par IDC auprès de 150 sociétés, cette enquête constate également qu’un quart de ces entreprises ne possède pas non plus de plan de reprise après un sinistre grave dû à une défaillance informatique. Et un peu moins des deux tiers d’entre elles (63%) pensent être à même de restaurer leurs données stratégiques dans les 48 heures suivant un sérieux incident. Bref, un bilan doux amer, comme le fait remarquer Claus Egge, senior analyste d’IDC:  »

Un nombre alarmant de responsables informatiques européens admettent qu’ils ne se préoccupent pas suffisamment de la protection de leurs données. Tout le monde s’est précipité pour réduire les temps d’accès à celles-ci, mais la rationalisation des procédures en cas de sinistre laisse franchement à désirer« . À ceci deux raisons : d’une part, le budget du département informatique n’est pas extensible à l’infini, de l’autre, plus d’un tiers des directeurs informatiques avouent avoir un très net problème de temps. De plus, l’application dans les multinationales de la réglementation américaine Sarbanes-Oxley -sur la production de donnés en cas de litige ou d’enquête des services fiscaux ou boursiers (lire nos articles)- préoccupe toutes les entreprises qui sont également cotées sur les places américaines. Près d’un tiers des personnes interrogées (29%) avouent plancher sur le sujet, un bon quart ayant déjà fait le nécessaire. De fait, l’américanisation des procédures de stockage est en marche, ce qui se traduit notamment par une augmentation des investissements en matière de stockage sur disque (42%) et sur bandes (34%). Parmi les autres tendances notées à l’occasion de cette étude, un nombre croissant d’entreprises envisage de passer à une architecture de type ‘disk-to-disk-to-tape‘ dans le cadre d’une stratégie ILM (Information lifecycle management), puisque 94% des interrogés donnent comme motivation première  » une restauration rapide à partir d’un disque « . ILM : une informatique largement mouvementée Pas question de tout conserver sur les disques durs des serveurs, pas question non plus de tout dériver sur des bandes dont la restauration est certes plus fiable, mais pose parfois problème (ne serait-ce que de débit, même si celui-ci est nettement à la hausse). Il y a une vie dans la donnée, c’est bien connu. Celle-ci naît, prend plus ou moins d’importance, en perd éventuellement au fil du temps, pour finalement s’éteindre au bout d’un laps de temps plus ou moins long. D’où la grande vogue de l’ILM ou autres DLM (Data Lifecycle Management) selon que l’on traite de la donnée « nette » (celle-ci étant connotée par le type d’information qu’elle concerne) ou de la donnée brute. La gestion de la donnée est en effet le premier pas pour créer un environnement conforme aux principes et à la méthodologie propre à l’ILM. Celle-ci va plus loin dans son approche puisqu’elle gère non seulement les cycles de vie des données, mais aussi ceux des systèmes et des applications, le tout de manière globale. En règle générale, une solution d’ILM permet une décomposition en trois tiers. Le premier tiers du stockage étant réservé à la production, le second à la sauvegarde en ligne, le troisième aux environnements de développement et de test, tout ceci s’effectuant sur disque plus ou moins rapide et plus ou moins fiable (les disques durs ATA, meilleur marché, étant réservés aux données statiques dont l’emploi est occasionnel). À ceci s’ajoute ou non la bande ou le disque optique pour l’archivage. Mais, pour qu’un système ILM fonctionne correctement, il doit non seulement se préoccuper de la gestion dynamique de l’information, mais également disposer d’un gestionnaire de fichiers optimisé. En effet, l’accès aux données ne doit pas dépendre d’un éditeur ou d’une plate-forme propriétaire. Autrement dit, des clients multiples interrogeant diverses plates-formes doivent pouvoir accéder aux mêmes fichiers. Les e-mails, une manne pour l’ILM À noter que les e-mails sont l’une des cibles majeures de cette approche. Chaque salarié envoie et reçoit en effet en moyenne 10 Mo d’e-mails par jour, ce qui revient pour une entreprise de 1000 employés à stocker quotidiennement 10 Go. Or, les systèmes d’e-mails ne sont absolument pas conçus pour stocker de tels volumes Il n’est en effet pas possible en entreprise de fournir des boîtes aux lettres de capacité illimitée, pour des raisons évidentes de coût. L’administration des capacités de stockage générées est donc fondamentale. Les solutions proposées sont des solutions de gestion de l’archivage-extraction, éventuellement mâtinées d’un peu de gestion du cycle de vie des données, mais elles abordent rarement les aspects matériels du stockage. Gain de temps, le facteur déclenchant Un rapide calcul du temps perdu suite à des problèmes de mail permet de se rendre compte que le gaspillage est d’importance. À cette perte de productivité par utilisateur, s’ajoute le temps passé pour résoudre les incidents qui y sont liés. Dans le cadre d’entreprises nécessitant une liaison permanente à leur environnement informatique, ce ne sont d’ailleurs pas seulement les employés qui perdent leur temps, c’est aussi l’entreprise elle-même qui peut se retrouver exposée parce que, par exemple, on ne retrouve pas la trace d’une transaction. C’est plus particulièrement vrai (et fréquent) lors de litiges internes. S’ajoute aussi un aspect réglementaire pour certaines professions C’est le cas notamment des entreprises réalisant des transactions financières sur les marchés US (y compris les filiales américaines des entreprises européennes). Dès que l’on parle d’une solution pour gérer les e-mails en conformité avec la réglementation financière, la solution retenue doit bien faire la part des risques financiers et juridiques encourus et doit apporter toutes les garanties pour que la mise en conformité souhaitée soit non seulement opérationnelle mais aussi vérifiable par un tiers (un aspect que l’on néglige parfois). Mais il convient toutefois de relativiser le succès de l’ILM dans les entreprises. Comme le fait remarquer Jean-Michel Guillou, vice-président « business développement » de Rise : « Parler d’ILM aujourd’hui ressemble étrangement à l’installation d’un moteur de tondeuse à gazon sur un châssis de Formule 1. Bref, on avance lentement, même si on dispose des macarons de trois tonnes de sponsors sur le capot » ! Les Trophées du Stockage

Un jury a décerné un ensemble de Prix visant à récompenser une sélection des produits phares. Un bon moyen pour discerner les tendances du marché: Catégorie  »

Open software » : Active Archive Solutions (Princeton Softech) Ces solutions d’archivage actif permettent aux entreprises de contrôler et de stocker leurs données relationnelles en fonction de leur valeur tout au long du cycle de vie de l’information. Cet archivage sélectif permet notamment d’enlever les données historiques rarement consultées, ce qui améliore d’autant la performance des applications, augmente leur disponibilité et réduite le TCO de l’infrastructure de stockage. D’après Princeton Softech, les entreprises peuvent sans risque réduire ainsi la surcharge des bases de données de plus de 50 %, et ce dès l’archivage initial. Catégorie « Matériel en ligne« : Infinistore ArchiveFiler (Grau Data Storage) Ce dispositif permet de mixer disques durs et bandes pour offrir une architecture de stockage à deux niveaux dans un seul et même produit. Ne nécessitant aucune API particulière, l’architecture du logiciel IAF supporte toutes les applications pouvant écrire sur un disque dur. De ce fait, l’appliance est indépendante des systèmes d’exploitation et se présente comme un vaste disque logique sur le réseau local. Grâce à des programmes standard, l’utilisateur peut rapidement et facilement accéder aux données de ce disque virtuel sans pour cela installer des drives spécifiques. Catégorie « Sauvegarde-restauration-archivage » : REO 9000 (Overland Storage) Cette ‘appliance’ à haute capacité et hautes performances combine intelligence logicielle, disques SATA, protection RAID 5 et connectivité Fibre Channel et iSCSI sur une même unité. Pouvant fonctionner aussi bien en mode disque que bande virtuelle, elle fonctionne avec les applications actuelles de sauvegarde, ce qui permet aux utilisateurs de disposer à la fois d’un catalogue de sauvegarde et d’un système unique de gestion des données. Catégorie Matériel SAN : Routeur multiprotocole SilkWorm (Brocade) Adopté notamment par France Télécom, ce routeur fait l’objet de partenariats avec EMC et HP. Cette plate-forme de routage intelligente facilite la consolidation des ressources en permettant surtout la migration des données et une connectivité longue distance. Il prend en charge le routage FC-to-FC, ainsi que le routage FCIP pour la connectivité inter-SAN sur liaisons Fibre Channel ou par l’intermédiaire de réseaux IP. La Poste vient d’en acheter 8 exemplaires. Catégorie Protection des données : V2i Protector (Symantec) V2i Protector, solution de sauvegarde et de récupération disque à disque, simplifie et améliore la protection des serveurs grâce à la création d’images à chaud (et compressées) du système et des volumes de données. De ce fait, la reconstruction d’un serveur ou la restauration des données ne prend plus que quelques minutes. C’est ainsi que SFD, filiale de distribution de SFR a réduit de 50 % sa fenêtre de sauvegarde. Grand prix de l’innovation : VXA-2 PacketLoader 1x10U (Exabyte) Livré en France depuis janvier 2004 et désormais au catalogue d’IBM, ce produit vendu essentiellement en indirect est le seul chargeur automatique à offrir 1,6 Teraoctets de capacité (soit deux semaines de sauvegarde sans intervention manuelle) et à garantir la totale fiabilité de la restauration dans un format 1U ultra compact, le tout pour un prix inférieur à 2500 euros. Il accepte dix cartouches de 160 Go et offre un taux de transfert maximum de 43,2 Go/heure, multipliant ainsi par au moins 5 la capacité, par 2 le débit et par 180 l’intégrité de restauration des données par rapport à un chargeur automatique DDS comparable (et ce pour un prix bien moindre).