France Télécom, « vache à lait » de l’État actionnaire ?

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Le syndicat CFE-CGC/UNSA France Télécom-Orange et l’Association pour la défense de l’épargne et de l’actionnariat des salariés du groupe dénoncent le projet du gouvernement Ayrault visant à instaurer une taxe de 3 % sur les dividendes.

Tout comme le Medef, la Confédération française de l’encadrement (CFE), la Confédération générale des cadres (CGC), l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) et l’Association pour la défense de l’épargne et de l’actionnariat des salariés de France Télécom-Orange (ADEAS) ont dénoncé mardi l’intention du gouvernement de créer une taxe de 3 % sur les dividendes distribués aux actionnaires.

À qui profite le projet de loi ?

Le projet d’article de loi est présenté par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault comme une incitation à investir, plutôt qu’à récompenser les actionnaires, bien que l’intention soit « louable », à savoir réinvestir des bénéfices au sein de l’entreprise et décourager les montages financiers à effet de levier, le syndicat et l’ADEAS estiment que l’État français prend l’opérateur historique pour « une vache à lait ».

« Force est de constater que l’État ne s’applique pas à lui-même les principes qu’il entend faire appliquer », soulignent les deux organisations dans un communiqué commun. Elles précisent : « En tant que premier actionnaire de France Télécom (avec le FSI à hauteur de 27 %), l’État français perçoit près de 1 milliard d’euros de dividendes. L’introduction d’une taxe de 3 % sur le dividende lui permettra de toucher au moins 100 millions d’euros de plus… et ce seront au final les personnels qui subiront cette nouvelle taxe ! »

Sur l’exercice fiscal 2011, observe le syndicat, les personnels ont déjà vu cesser leur intéressement exceptionnel de 550 euros et leur participation baisser de près de 1000 euros « pour permettre le maintien des bénéfices ». France Télécom-Orange emploie 171 000 salariés, dont 105 000 en France. Une nouvelle taxe de 100 millions d’euros coûterait donc près de 1000 euros par salarié en France, insiste la CFE-CGC/UNSA.

La résolution des personnels actionnaires

Le syndicat de France Télécom-Orange ajoute défendre depuis plusieurs années la baisse du dividende, sans succès. Lors de leur assemblée du 5 juin dernier, les personnels actionnaires ont proposé une résolution pour passer le dividende à 1 euro par action, au lieu de 1,40 euro, montant fixé par la direction du groupe. Leur objectif consistait à « permettre à l’entreprise de retrouver immédiatement plus d’un milliard d’euros de marges de manœuvre pour investir ou se désendetter ». L’État a finalement voté pour le maintien du dividende à 1,40 euro.

Or, quelques jours plus tard, le 11 juin 2012, France Télécom-Orange a annoncé émettre un placement obligataire d’un milliard d’euros à 3 % sur 10 ans « afin de profiter de la baisse des taux d’intérêt depuis mi-mars ».

Dans ce contexte, la CFE-CGC/UNSA et l’ADEAS demandent au gouvernement d’adopter « une politique plus éclairée à l’égard de France Télécom » et de cesser d’utiliser l’opérateur historique comme « une vache à lait [destinée à] alimenter les caisses de l’État ». En outre, le groupe devrait garder les coudées franches pour « investir dans de nouveaux réseaux et services de télécommunications, et générer de l’emploi en France ».

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