Frédéric Mitterand lance la mission sur la numérisation des bibliothèques

Flanqué de Nathalie Koscziusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, Frédéric Mitterand a dévoilé la stratégie sur la numérisation des ouvrages. Le ministre de la Culture laisse la porte ouverte à Google.

Depuis le 18 août dernier, date à laquelle le directeur de la BNF déclarait réfléchir à confier la numérisation des livres à Google, la polémique fait débat. D’un côté, Bruno Racine, directeur de la Bibliothèque Nationale de France, juge qu’« il est tout à fait normal que la Bibliothèque ait des échanges avec des entreprises engagées dans la numérisation, tel que Google». De l’autre, son prédécesseur, Jean-Noël Jeanneney, avait exhorté la communauté européenne à s’engager afin de protéger son patrimoine.

L’explication de texte du ministre de la Culture était donc attendue afin de définir la politique culturelle du gouvernement. Frédéric Mitterand a convoqué la presse, ce lundi 26 octobre, afin de lancer la mission sur la numérisation des bibliothèques. Présidée par Marc Teissier, ancien président de France Télévisions, et déjà auteur du rapport sur laPresse face au défi du numériqueen février 2007, il aura pour mission de choisir ou non Google pour numériser le patrimoine bibliographique français.

A l’image d’un professeur donnant un cours en citant Nietzsche, Frédéric Mitterand légitime la commission : « La question centrale de la numérisation arrive à une période charnière. Le débat s’est emballé autour de Google, il y a eu trop d’idées reçues, de mauvais réflexes... » Dès lors, le ministre a soufflé le chaud et le froid : « Il existe un risque de passer un partenariat avec une société telle que celle-là (Google, ndr), le monopole ne fait pas la liberté mais il faut se garder de toute position idéologique. » Des positions prudentes afin de ne rien dire encore d’un éventuel accord avec la firme Google.

De son côté, Nathalie Koscziusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique note la hausse du téléchargement illégal de livres numériques alors que les offres de lecteurs comme le Kindle d’Amazon se font de plus en plus importantes. Après avoir lancé son produit en France le 19 octobre, Amazon a annoncé discuter avec les éditeur pour proposer, à terme, des livres en français. Pour l’heure, les contenus sont proposés en anglais.

A son tour Marc Teissier prend la parole pour évoquer le financement de cette mission ainsi que le coût de la numérisation. A ce titre, rien encore de bien défini puisque si la demande a bien été formulée auprès de la commission pour le grand emprunt présidée par Alain Juppé, rien ne laisse présager d’une enveloppe du gouvernement.

Toujours est-il que Marc Teissier qui devra rendre son rapport définitif le 15 décembre, confie les tenants de sa mission : « Il est fondamental de garder la maîtrise, de conserver l’initiative des données mais aussi de penser à l’utilisateur final tout en conservant notre autonomie.» Le gouvernement va donc devoir transiger entre un modèle efficace, facile d’utilisation et peu coûteux. Le rêve de tous en somme…