Galileo: l’offre Alcatel – EADS – Thales est retenue

Malgré l’hostilité des allemands, le concurrent européen du GPS américain sera bien exploité par les deux consortiums autrefois concurrents. Ce qui fait qu’Alcatel se retrouvera aux côtés d’EADS…

Le projet Galileo est-il enfin sur les rails? Le concurrent européen du GPS américain va-t-il enfin prendre son envol après des années de tergiversations politiques et économiques? On peut y croire aujourd’hui.

Galileo Joint Undertaking (ou GJU) vient en effet de nommer le futur concessionnaire de ce service à très forte valeur ajoutée. Comme prévu, il s’agit de l’association de deux consortiums: Eurely (Alactel, Finmeccanica, Aena, Hispasat) et iNavSat (EADS, Thales, Inmarsat). « L’évaluation de la proposition commune par GJU a clairement montré une valeur ajoutée », a expliqué l’entreprise, créée par la Commission européenne et l’Agence spatiale européenne. Depuis des semaines, Galileo n’arrivait pas à trancher entre ces deux offres. Il aura fallu attendre que les deux consortiums acceptent de s’allier pour débloquer les choses (cf. nos articles). Les deux consortiums se sont finalement pliés aux propositions de la Commission européenne qui appelait à la mise en oeuvre d’une proposition commune de radio-guidage par satellite. Seul moyen pour éviter le blocage. Galileo JU « va maintenant commencer les négociations pour le contrat de concession » en tant que tel ; il devra être finalisé avant la fin de l’année, « sur la base de cette proposition conjointe », ajoute le communiqué. La Commission s’est félicitée d’un choix qui permettra une « réduction significative de la contribution du secteur public pour l’ensemble de la période de concession (2006-2026) ». Il reste que les allemands se déclarent sceptiques. Le pays entend assurer un « retour » suffisant à son industrie et se montrait depuis le début sceptique à l’idée d’une fusion. S’il s’est félicité lundi d’une décision favorable au « contribuable », le ministre allemand des Transports, Manfred Stolpe a toutefois réitéré les exigences de son pays. « En tant que plus gros contributeur au projet Galileo, l’Allemagne n’est pas intéressée seulement à une exploitation rentable du système mais aussi à une participation équitable de l’industrie allemande », a-t-il rappelé dans un communiqué. « Nous demeurons donc intransigeants dans notre exigence d’un bénéfice industriel convenable de la mise en place et l’exploitation de Galileo pour l’Allemagne », a averti Stolpe. Pour rappel, Galileo doit entrer en service en 2008 avec 30 satellites. Sa vocation est essentiellement civile: orientation des automobilistes ou missions de sauvetage. La navigation par satellite est un marché qui explose: il représentait 10 milliards d’euros en 2002, 20 milliards en 2003 et les prévisions tablent sur 275 milliards en 2020 ! Complémentarité entre le GPS et Galileo

A l’heure où les relations entre l’Europe et les Etats-Unis sont plutôt tendues, l’annonce d’un accord sur l’épineux problème de la concurrence entre les deux systèmes de localisation Galileo et GPS, est une bonne nouvelle. Les négociations portaient sur la cohabitation sur la même fréquence radio de Galileo et du signal militaire américain: les Etats-Unis redoutaient des interférences. Les deux parties ont accepté d’adopter un système permettant l’interopérabilité de Galileo et du GPS, tout en préservant les impératifs de sécurité intérieure pour les signaux cryptés. Certains Européens ont longtemps redouté que, sous le prétexte d’agir au nom de la défense de la sécurité de l’Otan, les Américains privilégient en fait leurs intérêts commerciaux.