Gilles Fabre (Interoute) : « L’intégration d’Easynet est quasiment terminée »

Pour Gilles Fabre, a la tête d’Interoute France depuis avril dernier, le développement de l’opérateur passera notamment par l’offre Iaas. Et, toujours, de nouvelles acquisitions.

« L’intégration d’Easynet est quasiment terminée », assure Gilles Fabre, qui a pris la tête d’Interoute France en avril dernier. Soit six mois à peine après l’opération d’acquisition du fournisseur de connectivité pour 551 millions d’euros en octobre 2015. C’est en toute logique que l’ancien country manager d’Easynet France depuis janvier 2015 a succédé à Jean-Pierre Tournemaine, lequel a rejoint Régis Castagné chez Equinix, autre précédent dirigeant d’Interoute. « Les équipes commerciales et avant-vente ont fusionné, on finalise maintenant la partie opérationnelle », poursuit le nouveau directeur général, fort d’une carrière dans l’IT et les télécoms chez BSO Networks, Vanco ou encore Equant (avant son acquisition par Orange/France Télécom) notamment.

Sous l’angle organisationnel, les équipes se répartissent entre le datacenter d’Easynet à Nanterre (Hauts-de-Seine), où sont regroupées les activités commerciales, avant-vente, marketing, et celui d’Interoute à Aubervilliers (Seine Saint-Denis) où est assurée la partie opérationnelle (hosting, service assurance…). A part « quelques départs liés à des doublons dans l’organisation », il n’y a pas eu de plan social en France, assure Gilles Fabre. La nouvelle entité unifiée derrière Interoute, après la disparition de la marque Easynet en 2017, compte aujourd’hui 130 personnes sur le sol français.

Une intégration également facilitée par des fonds de catalogue relativement commun aux deux opérateurs. « Interoute est une plate-forme digitale qui fournit la connectivité interne et externe de l’entreprise en s’appuyant sur le réseau, le Cloud et les communications unifiées, rappelle Gilles Fabre. C’est la même déclinaison chez Easynet, donc l’intégration est très rapide. » A la différence qu’Interoute possède sa propre infrastructure à travers quelque 70 000 km de fibres, 17 datacenters virtuels (VDC) en Europe, Asie et Amérique du Nord, et environ 300 colocations et points de présence couvrant 130 pays. « C’est important car cela nous permet une flexibilité et une maîtrise des SLA que nous n’aurions pas autrement. Nous créons de la valeur à partir de notre propre infrastructure. »

La stratégie Iaas

Notamment sur l’offre VDC, la plate-forme IaaS (Infrastructure as a service) d’Interoute. « C’est le fonds de la stratégie, déclare sans ambages Gilles Fabre. Contrairement à certains de nos concurrents qui abandonnent le Cloud au profit du réseau, Verizon ou Colt notamment, nous pensons qu’il y a une vraie logique industrielle à avoir à la fois les services IT raccordés sur un backbone de haute qualité, le Cloud privé et l’interconnexion Internet, qui représente 30 à 40% du trafic de notre backbone. Et notre Iaas est interconnecté aux autres Iaas du marché. »

Reste que la présence du Britannique demeure très modeste sur ce secteur de l’infrastructure Cloud, de l’aveu même de son dirigeant. Comment Interoute compte-t-il se distinguer des géants du secteur que sont les AWS, Azure et autre Google Compute Engine ? « Même si tous nos clients ont tous quelque chose chez nos concurrents, ils trouvent chez nous une conjonction de sécurité, de fiabilité et de services de proximité avec la garantie du lieu de stockage de leurs données », répond le responsable. Et s’il reconnait que « la concurrence nous oblige à travailler notre base de coût », il met en avant « un prix unique partout pour un même service, ce qui n’est pas le cas de nos concurrents ». Une offre un peu plus personnalisée que les autres tout en offrant un Iaas entièrement automatisé pour « répondre aux attentes des clients qui n’ont pas besoin d’accompagnement ».

L’intégration d’Easynet achevée, il reste à assurer l’opérationnel et poursuivre la conquête du marché. Avec une stratégie qui laisse peu de place aux opérations hasardeuses alors que le réseau reste la principale source de revenus d’Interoute (à hauteur de 50% contre 40% pour le hosting et 10% pour les communications unifiées). « Nous continuons de servir les clients d’Easynet, un gros portefeuille, et allons faire le forcing sur l’acquisition de nouveaux comptes », explique Gilles Fabre. Adaptive Cloud d’Easynet sera ainsi conservé tant que des applications y tourneront. VDC servira essentiellement les nouveaux clients ou les nouveaux projets des clients actuels. Quant aux communications unifiées, « c’est un peu compliqué car la stratégie de Microsoft (fournisseur de Lync, Skype fo business, NDLR) qui évolue nous oblige à nous adapter en permanence et le marché est très concurrentiel en France ». Gilles Fabre défend néanmoins son offre de visioconférence : « nous avons un super service utilisé par des grands groupes tels que Air France, Air Liquide ou RTE. » De belles références.

Un pont vidéo

Un service qu’il s’est d’ailleurs empressé de mettre en place en interne pour relier les deux sites parisiens de l’entreprise. « Début mai, j’ai fait établir un pont vidéo permanent en installant deux écrans de 65 pouces dans les deux cafétérias respectives de Nanterre et d’Aubervilliers, raconte Gilles Fabre. Il est bien connu que les grandes décisions se prennent à la machine à café et ce pont virtuel renforce le côté informel des relations professionnelles. » Une façon de créer du liant entre des équipes physiquement séparées afin de faciliter leur gestion et, surtout, de mieux accompagner les projets clients de bout-en-bout, veut croire le dirigeant.

La chasse aux nouveaux clients est, elle, renforcée par la restructuration des équipes commerciales qu’a opéré le directeur général à son arrivée. Aujourd’hui, Interoute revendique 650 comptes en France « dont une centaine génère 80% du chiffre d’affaires ». Gilles Fabre vise particulièrement « les multinationales qui se concentrent sur leur business et considèrent le réseau et le Iaas comme des commodités ». Commodités qu’Interoute se fera une joie de piloter.

Le dirigeant ajoute que la croissance de l’entreprise se poursuivra également avec de nouvelles acquisitions. Et de rappeler que l’objectif de l’entreprise est d’atteindre le milliard d’euros de chiffre d’affaires, sans néanmoins avancer d’échéance. Avec l’acquisition d’Easynet, elle s’en est considérablement rapprochée et devrait afficher un résultat de 750 millions d’euros en 2016.


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