Google défie le gouvernement américain

Le géant de la recherche sur Internet ne veut pas révéler à l’administration américaine le détail des recherches des internautes

Google refuse de répondre positivement à la requête d’un Attorney General de la Silicon Valley, qui entend imposer au moteur de recherche de lui fournir la valeur de deux mois de données de recherches en ligne.

Alberto Gonzales, Attorney General, entend démontrer que la loi est un outil plus efficace que les logiciels de filtre pour empêcher les enfants de visiter des sites pour adultes. Rappelons qu’une décision de la Cour Suprême des Etats-Unis a contourné une loi fédérale de 1998, le Child Online Protection Act, qui impose aux sites Web de valider l’âge du visiteur avant de lui ouvrir l’accès à du contenu pornographique. La US Supreme Court a invalidé la loi de 1998 au motif qu’elle est trop large et qu’elle pourrait interdire à des adultes d’accéder légitimement à de tels sites Web. Pour sa démonstration, Alberto Gonzales, soutenu par l’administration Bush, a lancé une injonction à Google pour que le moteur de recherche lui remette l’ensemble des adresses des sites Web identifiés dans la base du moteur au 31 juillet 2005. Plus encore, l’injonction précise que Google doit fournir à l’administration l’ensemble des mots clés, expressions et symboles saisis dans les requêtes sur le moteur entre le 1 juin et le 31 juillet 2005. Mais Google refuse d’accéder à la demande sur gouvernement américain, même pour démontrer la ‘constitutionnalité’ du Child Online Protection Act et argue de questions techniques. « Google n’est pas une partie de ce procès et leur demande est trop étendue« , a déclaré Nicole Wong, conseil juridique de Google. « Nous avons eu de longues discussions pour essayer de trouver une solution, mais nous n’avons pas pu y arriver et nous essayons de résister vigoureusement à leur motion« . La position ferme de Google soulage de nombreux observateurs. Le moteur de recherche dispose de tant d’informations que le gouvernement américain pourrait être tenté de l’exploiter pour ses missions de renseignement plus ou moins légales. Les ligues des droits de l’homme s’inquiètent d’ailleurs des dérives que pourraient représenter les bases de données des moteurs de recherche entre les mains des services de l’administration. Et Google est probablement la plus grande base d’informations au monde ! Cette affaire nous rappelle aussi que nous sommes des millions dans le monde à effectuer des recherches sur Google, que celles-ci s’accompagnent d’un cookie que le moteur place sur notre poste, et que nous ignorons jusqu’à quelle profondeur le moteur dispose par cet intermédiaire de renseignements qui n’appartiennent qu’à nous, mais auxquelles nous lui donnons un accès privilégié ! Quant à l’administration Bush, qui a apporté la preuve de son dédain pour la confidentialité de la vie privée sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme (lire nos articles), on n’ose imaginer toutes les informations qu’elle pourrait récolter si Google accédait à sa demande?