Google, les petits investisseurs sont restés sur le bord de la route

Nouvelle boulette dans l’entrée en Bourse de Google? A l’opposé du discours du moteur de recherche, les petits investisseurs ont été oubliés au profit des banques et investisseurs institutionnels

Il y aura eu deux actions, donc deux discours, menées par Google et ses partenaires pour préparer l’entrée en Bourse du moteur ! La première publique, originale, très en ligne, avec un discours ‘californien’ qui frise le révolutionnaire technologique et vise le consommateur IT.

Ce discours proche de l’utilisateur est resté dans la ligne du comportement parfois déroutant, souvent ‘gamin’ voire déplacé, à l’image de l’interview accordée à Playboy à quelques jours de l’IPO, des deux fondateurs de Google, et visait sans doute à laisser libre court à leur ego. L’autre discours s’est tenu dans l’ombre, mené par les partenaires financiers qui accompagnent Google dans son introduction, Morgan Stanley et Credit Suisse First Boston. Pendant que Larry Page et Serguei Brin bricolaient et faisaient parfois n’importe quoi, les deux banques d’affaires ont réalisé d’importants roadshows dans les plus grandes villes américaines. Objectif fixé, et semble-t-il atteint, séduire les banques et investisseurs institutionnels. Une réussite ! Le groupe d’investisseurs Paul Cook, par exemple, a investi 1 milliard de dollars en actions Google. Mais une réussite qui laisse un goût amère aux petits investisseurs ! Tout d’abord dans le déroulement des roadshows, dont ils n’ont pas été informés, et où d’ailleurs ils n’étaient pas conviés. Dans la communication de Google ensuite, qui a mis en place un service téléphonique pour répondre aux questions des investisseurs, mais qui n’a pas daigné répondre aux questions des petits. Les grands investisseurs sont toujours prioritaires dans ce genre d’opération. Mais ici l’emballage proposé par Google a adopté une autre approche plus ‘égalitaire’, en particulier le système des enchère, dit à la hollandaise, présenté comme mettant sur un pied d’égalité tous les investisseurs potentiels. Au final, l’IPO originale de Google pourrait bien se révéler n’être qu’une vaste opération marketing destinée à habiller l’ego de ses fondateurs et l’image décalée du moteur, mais qui ne pourra pas cacher qu’il s’est agit d’une opération finalement classique, où les grands acteurs ont retrouvé leur place. Car il apparaît que de nombreux petits investisseurs, ceux-là même visés par le premier niveau, grand public, de communication de Google, n’ont pas eu accès à l’offre ou n’ont pas été retenus, les investisseurs institutionnels ayant une nouvelle fois enlevé le plus gros morceau ! Interrogé sur cette dérive qui marginalise son discours, Google a renvoyé vers Morgan Stanley et Credit Suisse First Boston, en charge de l’opération, qui eux même n’ont pas encore daigné répondre aux questions soulevées. Quant à Google, mis à part la verve et la jeunesse de ses fondateurs, le moteur confirme son entrée plein pied dans le monde capitaliste, pour ceux qui en doutaient !