Google Print : les auteurs américains attaquent

L’Authors Guide, qui réunit plusieurs milliers d’auteurs américains, poursuit Google afin de mettre fin au projet d’indexation des bibliothèques publiques et universitaires

La résistance s’organise, des deux côtés de l’Atlantique, contre le projet Google Print. On sait que le moteur de recherche veut en effet ‘scanner’ les ouvrages de plusieurs bibliothèques publiques et universitaires, aux Etats-Unis comme en Grande Bretagne, et pourquoi pas dans le reste du monde.

Mais ce projet heurte la sensibilité de nombreux acteurs du monde culturel ou universitaire. En Europe, la fronde est venue du président de la Grande bibliothèque de Paris, puis s’est étendu dans toute l’Europe où la Commission planche sur un projet local et concurrent. Aux Etats-Unis, jusqu’à présent, l’opposition au projet émanait essentiellement d’actions individuelles ou de groupes d’intellectuels. Mais aujourd’hui l’affaire devient plus sérieuse avec le dépôt d’une plainte par l’Authors Guide, une association qui réunit plus de 8.000 auteurs américains. « C’est une véritable et forte violation des droits d’auteurs. Ce n’est ni à Google, ni à d’autres personnes de décider si tel ou tel ouvrage peut être copié. Ce droit revient aux auteurs et aux possesseurs des droits d’auteurs« , a tenu à rappeler Nick Taylor, le président de l’association. Certes, Google a interrompu temporairement son programme de numérisation des ouvrages. Mais profitant des dérives de certaines pratiques américaines, il se contente en réalité d’ajuster les conditions de son programme pour se protéger. Il tente en fait de renvoyer la balle dans le camp des auteurs, en leur laissant, à eux comme à leurs éditeurs, la possibilité d’intervenir auprès du moteur pour demander à ce qu’un ouvrage n’y figure pas. C’est la méthode du marketing à l’américaine, laisser faire et réagir a posteriori – avec le concours des juristes et avocats qu’un géant comme Google ne craint pas de payer, même des fortunes. D’une séduisante démarche communautaire, à l’origine de sa création, Google confirme désormais au quotidien qu’il est une entreprise de médias qui entend exploiter toutes les ressources qui sont mises à sa disposition pour profiter des marchés sur lesquels ils se déplacent.