Google simplifie la livraison des mises à jour Android avec Treble

Avec le Project Treble, Google veut simplifier le mécanisme de livraison des mises à jour d’Android en direction des constructeurs de smartphones.

La gestion des mises à jour d’Android a toujours été problématique pour les constructeurs de smartphones (et tablettes) et, qui plus est, pour les consommateurs. Non seulement ces derniers ne bénéficient pas des innovations apportées avec les nouvelles générations de l’OS mobile mais ils s’exposent à des risques de compromission de leur téléphone (et tout ce qu’il enferme) à cause des failles de sécurité non comblées que les anciennes versions de la plate-forme accumulent.

Des mises à jour lourde à déployer

Les constructeurs, eux, justifient leur manque de motivation à pousser les mises à jour vers les consommateurs par le temps et les investissements nécessaires. Le système ouvert d’Android nécessite en effet que les fabricants de composants s’emparent du nouveau code, le modifient éventuellement pour fonctionner avec leurs puces avant de les transférer aux concepteurs de smartphones qui y rajoutent leur surcouche système. Les constructeurs s’adressent ensuite aux opérateurs pour tester et certifier la nouvelle distribution avant de la rendre disponible aux consommateurs.

Une série d’étapes qui génère un décalage sensible entre la nouvelle version d’Android que les constructeurs de smartphone les plus motivés envoient à leurs clients et celle que Google est en train de lancer. Autrement dit, quand la firme de Mountain View dévoile Android 7.0 Nougat, les utilisateurs n’ont souvent pas encore reçu la version 6.0 Marshmallow. Sans compter que les terminaux vieillissants sont souvent mis à l’écart de la politique de mise à jour. Google a en parti résolu le problème en gérant l’ensemble de ces aspects pour ses produits maison, les Nexus et Pixel, un peu à la manière d’Apple et ses iPhone. Mais le problème reste entier pour les autres constructeurs de solutions Android.

Réachitecturer Android

Pour tenter de remédier à cette situation, Google lance le projet Treble, « le plus grand changement pour l’architecture du système de bas niveau d’Android à ce jour », annonce Iliyan Malchev, développeur de l’éditeur californien, dans un billet de blog. Qui dit avoir travaillé la question « très étroitement » avec les fabricants de périphériques et les fabricants de silicium à l’occasion du développement d’Android O, la prochaine version de l’OS qui devrait être présentée cette semaine au cours de la conférence Google I/O.

Treble vise donc à ré-architecturer l’OS afin de « faciliter, plus rapidement et pour moins cher, la mise à jour des appareils sur une nouvelle version d’Android ». Comment ? En décorrélant le software du hardware. Et plus particulièrement en séparant l’implémentation des fournisseurs de chipset (Qualcomm, MediaTek, Samsung Exynos, Huawei HiSilicon…) du framework Android. Autrement dit, faire pour les constructeurs ce que Google a fait pour les développeurs : un système à base d’API et de test qui leur permet de faire fonctionner leurs applications sur l’ensemble (ou presque) des terminaux Android sans nécessiter d’adaptation pour chaque modèle.

Une interface fabricant

Android Treble
A partir d’Android 8.0, la mise à jour de l’OS sera facilitée avec l’introduction d’une « interface constructeur ».

Pour y parvenir, la firme de Mountain View introduit une « interface fabricant » (vendor interface) entre les codes de bas niveau réalisés par le constructeur des puces électroniques et l’OS. Cette interface est validée par la VTS (Vendor Test Suite) pour garantir la compatibilité de l’implémentation. « Avec une interface fournisseur stable permettant d’accéder aux parties spécifiques au hardware sous Android, les fabricants de périphériques peuvent choisir de livrer une nouvelle version d’Android aux consommateurs en mettant à jour le framework Android OS sans aucun travail supplémentaire requis des fabricants de silicium », assure Iliyan Malchev. Voilà qui devrait considérablement alléger le travail des constructeurs et accélérer la livraison des mises à jour vers les opérateurs et utilisateurs finaux.

Quant aux fabricants de composants, Google déclare travailler étroitement avec eux afin d’introduire les modifications de leurs codes dans les sources publiques de l’OS dans le cadre du Android Open Source Project (AOSP). « Par exemple, Sony et Qualcomm ont apporté des douzaines de fonctionnalités et des centaines de corrections de bogues à Android O, de sorte qu’ils n’ont plus besoin de retravailler ces correctifs avec chaque nouvelle version d’Android », illustre le développeur dans son post. L’ensemble de la documentation du projet Treble sera disponible en ligne avec le lancement d’Android O cet été.

Un cycle de vie étendu ?

Néanmoins, le problème des livraisons des mises à jour restera entier pour les précédentes versions d’Android. Qui plus est, il restera à préciser la durée du cycle de vie des terminaux mobiles. Globalement, les Pixel de Google bénéficient d’un support de deux ans, seulement. A comparer aux 5 ans, environ, des iPhone. En l’occurrence, l’allongement de la durée du support dépend de la politique du fabricant des chipsets, au premier rang desquels Qualcomm. Google fera-t-il pression sur eux pour qu’ils étirent la durée de compatibilité de leurs composants avec l’OS ?


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crédit photo : Clément Bohic