HD DVD : Toshiba arrêterait les frais

C’est l’heure de la revanche pour Sony

Le HD DVD est-il KO ? Assommé par une série de cuisantes défaites, Toshiba pourrait jeter l’éponge et mettre un terme à son format. Selon la NHK, la plus grande chaîne de TV japonaise, l’industriel annoncerait très prochainement l’arrêt du développement et de la production d’équipements HD DVD. Les stocks seront écoulés, après Toshiba pourra faire son deuil.

Car le géant nippon aura perdu la guerre mondiale visant à trouver un successeur au DVD.

Outre les centaines de millions d’euros qui auront été brûlés dans cette histoire, Toshiba laisse le marché à Sony et à son Blu-ray qui devient de fait le standard du DVD de nouvelle génération. Le géant met la main sur un marché de plusieurs milliards de dollars.

C’est une sacrée revanche pour Sony qui dans les années 80 avait échoué à imposer son format de vidéo Betamax face au VHS de JVC. Par la suite, l’inventeur du walkman avait encore tenté plusieurs autres formats : Atrac pour le son, UMD pour les jeux et la vidéo… En vain, encore de cuisants échecs. Cette fois, Sony emporte le très gros lot.

La défaite est au contraire très amère pour Toshiba qui disposait de pal mal d’atouts pour imposer son HD DVD. Et notamment celui du prix avec des lecteurs-enregistreurs bien moins chers que les modèles Blu-ray.

Mais encore une fois, ce sont les studios hollywoodiens qui ont fait la décision. Sans catalogues, point de salut. Tout a basculé en janvier lorsque la Warner Bros, un des plus importants studios d’Hollywood annonçait son intention de défendre exclusivement le Blu-ray, constatant les ventes moyennes du format concurrent. Il faut savoir que le studio est le plus gros vendeur de DVD de films avec une part de marché aux Etats-Unis qui se situe entre 18 et 20%.

A ce moment, le Blu-ray rassemble la Warner, 20th Century Fox, Walt Disney et Lionsgate. Soit une bonne partie de la production cinématographique américaine. Mais le HD DVD peut encore compter sur la Paramount, Dreamworks et Universal.

La décision de la Warner a très vite fait tâche d’huile. Toshiba lance une nouvelle offensive en baissant encore le prix des lecteurs. Mais dans le même temps, on apprend que les ventes de films HD DVD ne sont pas bonnes. Selon le Comité Européen de Promotion Blu-ray Disc Association et GfK, 70% des 2,79 millions de disques HD commercialisés en Europe sont Blu-ray. Fin janvier, le Gartner affirme même que le format défendu par Toshiba sera enterré avant la fin de l’année. « Gartner estime que la baisse de prix de Toshiba prolongera quelques temps la durée de vie du HD DVD, mais la quantité limitée de titres disponibles portera un coup fatal à ce format« , indique Hiroyuki Shimizu.

En février, le coup fatal est porté par les distributeurs. Coup sur coup, le premier loueur américain de DVD et de cassettes vidéo Netflix, la chaîne de magasins BestBuy et surtout le géant Wall Mart font acte d’allégence au Blu-ray de Sony. Wall Mart, le numéro un mondial de la distribution explique qu’il allait suspendre progressivement d’ici au mois de juin la commercialisation des appareils et disques HD DVD.

Bref, difficile pour Toshiba de lutter. Il était évident qu’un seul format allait l’emporter, unique condition pour que le marché décolle. Toshiba arrête donc les frais avant que cela devienne catastrophique, NHK estime les pertes à des dizaines de milliards de yens, soit plusieurs centaines de millions d’euros.

Désormais que Sony a le champ (presque) libre, on peut se poser quelques questions. Les centaines de milliers de consommateurs qui se sont offerts du HD DVD doivent-ils directement jeter leurs platines par la fenêtre (ou plutôt la garder en collector…) et exiger un remboursement à Toshiba voire à Sony ?

Comment Intel et Microsoft qui soutiennent le HD DVD au niveau informatique vont-ils réagir ? Rappelons que la Xbox 360 est équipée en option d’un lecteur HD DVD.

Quant au consommateur final, est-il vraiment gagnant ? Si la haute qualité du Blu-ray (meilleure image, plus d’espace de stockage) est généralement admise, son prix est régulièrement critiqué. Et la désormais position monopolistique du Blu-ray ne devrait pas à court terme encourager une baisse des prix.